Soirée d’observation effectuée à l’aide d’une lampe aux ultra-violets LepiLED par André Lantz et Pierre Rousset, membres de l’association Beaumonts Nature en Ville (BNeV). Ce compte-rendu (ainsi que la déterminations des espèces peu communes ou difficiles) a été pour l’essentiel rédigé par André Lantz. Des photos de Pierre Rousset ont été ajoutées, ainsi qu’un plus grand nombre espèces par rapport à la version originale. Le texte a été parfois adapté pour des personnes « non averties ».
LÉPIDOPTÈRES (fin)
F - Coleophoridés, Coleophoridae
Large famille de microlépidoptères ayant au repos une tenue assez voisine de la famille des Scythrididae. Ils s’en distinguent surtout par leurs antennes assez longues dirigées vers l’avant. Les chenilles en partie mineuses forment un fourreau qu’elles déplacent sur les feuilles lors de leur vie larvaire. Les adultes sont particulièrement difficiles à déterminer sans l’observation de la plante-hôte et du fourreau. En général, sans l’élevage des chenilles, la détermination se fait au moyen de l’observation des genitalia.
• L’espèce observée fait partie du complexe d’espèces qui se développent sur les trèfles, les mélilots…. Elle pourrait être Coleophora trifolii (Curtis, 1832) le Coléophore du mélilot. Les adultes volent au soleil.
Le cliché de cette espèce figure sur la photo de l’Impolie sans bande sombre
Le Coléophore du mélilot, Coleophora trifolii, Beaumonts 8-9 juillet 2024, cliché Pierre Rousset.
G - Yponomeute, Yponomeutidae
Petite famille de microlépidoptères dont les ailes mesurent une bonne dizaine de mm de long. Les adultes sont nocturnes. Le genre Yponomeuta regroupe des papillons dont les ailes antérieures sont blanches ou grises agrémentées de petits points noirs. Les chenilles sont en général grégaires et confectionnent des toiles dans lesquelles elles vivent en consommant les feuilles. La détermination de l’espèce par la plante hôte est très aisée car chaque espèce ne vit souvent que sur une seule espèce végétale.
• L’imago posé sur le drap est l’Yponomeute du cerisier à grappes Yponomeuta evonymella (Linnaeus 1758). Les chenilles grégaires vivent au dépens du cerisier à grappes (Prunus padus). Attention, le nom d’espèce latin evonymella rappelle le nom du fusain Euonymus. L’Yponomeute vivant sur le fusain est Yponomeuta cagnagella ! Y. evonymella se distingue des autres espèces par 5 rangées de petits points noirs sur l’aile antérieure. Les autre n’en possèdent que 3. Cette espèce a été notée une seule fois, de jour, sur le parc en 2010.
Yponomeute du cerisier à grappes Yponomeuta evonymella, Beaumonts, 8-9 juillet 2024, cliché André Lantz
DIPTÈRES
Cet ordre se subdivise entre les Nématocères (antennes possédant plus de 3 articles de même taille) et les Brachycères (antennes avec 3 articles ou plus de 3 articles de tailles différentes). La majorité des espèces attirées par la lumière sont des Nématocères.
TIPULES, TIPULIDAE
• Le Cténophore orné ou Tipule orné Ctenophora ornata (Meigen, 1815) est de taille assez imposante. Le corps est allongé et une partie des segments abdominaux sont de couleur jaune. Les ailes transparentes sont ornée vers l’apex d’une tache noire. Les grandes antennes sont noires et fortement pectinées. La femelle ne dispose pas d’antennes pectinées. Les mâles sont à la recherche des femelles. Les larves vivent dans le bois mort pourrissant. D’autres espèce de Cténophores sont voisines de cette espèce.
La Tipule orné Ctenophora ornata, Beaumonts, 8-9 juillet 2024, cliché André Lantz
La Tipule orné Ctenophora ornata, Beaumonts, 8-9 juillet 2024, cliché Pierre Rousset
HÉTEROPTÈRES, HETEROPTERA (PUNAISES)
Lors de cette session, nous avons retrouvé deux punaises observées précédemment.
• Une punaise d’eau du genre Corixa provenant de la mare perchée. Il s’agit du Batelier ou Cigale d’eau Corixa punctata ( Illiger, 1807). Cette espèce commune peut vivre dans un volume assez faible d’eau. Elle se nourrit d’algues ou de végétaux aquatiques. Elle est capable de voler. La taille de l’adulte est d’environ de 12 à 15mm.
Le Batelier, Corixa punctata, Beaumonts le 8 juillet 2024, cliché André Lantz
Le Batelier, Corixa punctata, Beaumonts 8-9 juillet 2024, clichés Pierre Rousset.
• Nous avons aussi retrouvé la Punaise de l’Aubépine ou Punaise ensanglantée Acanthosoma haemorrhoidale (Linnaeus, 1758), dont nous avions précisé son biotope dans le post précédent de mai 2024.
La punaise de l’aubépine, Acanthosoma haemorrhoidale, Beaumonts, 8-9 juillet 2024, cliché André Lantz
La punaise de l’aubépine, Acanthosoma haemorrhoidale, Beaumonts, 8-9 juillet 2024, cliché Pierre Rousset
COLEOPTERES, COLEOPTERA
• L’observation la plus marquante à été celle d’une larve de Lampyre ou ver luisant qui s’est s’est déplacé sur le drap horizontal une partie de la nuit. Il s’agit bien de l’espèce Lampyris noctiluca (Linnaeus, 1758). Les vers luisants sont connus au parc des Beaumonts (et nous en avons observé aussi au moins deux en vol cette nuit), mais c’est la première fois que l’on observe une larve attirée par la lumière durant nos observations nocturnes.
Larve du ver luisant Lampyris noctiluca, Beaumonts, 8-9 juillet 2024, cliché André Lantz
Larve du ver luisant Lampyris noctiluca, Beaumonts, 8-9 juillet 2024, cliché Pierre Rousset
• Une nouvelle espèce pour le parc a été observée lors de cette nuit. Il s’agit d’un représentant des Oedémère : l’Oedémère couleur de miel Nacerdes carniolica ( Gistrel, 1834). Le pronotum (partie dorsale du premier segement) est fortement rétréci vers l’arrière et plus étroit que les élytres. Le corps, les pattes et les antennes sont brun-orange. les côtés du pronotum sont noirs. Les élytres sont orange bordés de noir. Les élytres peuvent être entièrement noirs chez quelques adultes. On le trouve de juillet à septembre. Les larves vivent dans le bois mort. Les adultes sont noctunes et restent cachés dans la végétation le jour.
Oedémère couleur de miel, Nacerdes carniolica, Beaumonts nuit du 8 au 9 juillet 2024, cliché Pierre Rousset
• Plusieurs Téléphore fauve Rhagonycha fulva (Scopoli, 1763), espèce diurne, commune et floricole, se sont posés sur le drap vertical, pas très loin de la lampe.
Le Téléphore fauve, Rhagonycha fulva, Beaumonts 8-9 juillet 2024, clichés Pierre Rousset.
• La grande coccinelle orange Halyzia sedecimguttata . Malgré son nom, elle ne mesure que 5 à 6 mm de long. Sa forme est ovale, ses yeux noirs, les élytres sont brun-orangé clair parsemés de points blancs (seize au total, huit sur chaque élytre, ou parfois moins), les bordures des élytres et du pronotum sont transparents.
Une autre coccinelle arbore seize point, Tytthaspis sedecimpunctata, qui s’avère encore plus petite (d’où l’adjectif « grande » de notre coccinelle orange). Ses points sont cependant noirs.
La grande coccinelle orange est régulièrement observée de jour au parc (période de vol : avril à octobre).
La grande coccinelle orange, Halyzia sedecimguttata, Beaumonts 8-9 juillet 2024, clichés Pierre Rousset.
• Un charançon. La plupart des charançons ont des pièces buccales qui forment un rostre proéminent, rigide, plus ou moins long, épais ou mince, droit ou courbé. Celui-ci étant long, mince et courbe, il s’agit probablement d’un bananin (terme courant qui recouvre divers genres). Le rostre porte par ailleurs les antennes.
Charançon, Beaumonts 8-9 juillet 2024, clichés Pierre Rousset.
• Plusieurs petits coléoptères noirs dont l’identification semble très incertaine.
Coléoptères, Beaumonts 8-9 juillet 2024, clichés Pierre Rousset.
NEUROPTERES (NEVROPTERES), NEUROPTERA
De taille très variable, les neuroptères sont aussi nommés névroptères ou planipennes. Les adultes (imagos) ont deux paires d’ailes membraneuses translucides à peu près de la même taille, avec généralement de nombreuses nervures. Ils ont des pièces buccales de type broyeur. Leur régime alimentaire est surtout insectivore.
• Une Chrysope. Les chrysopes sont couramment appelées « lion des pucerons », car les larves et les adultes capturent beaucoup de ces insectes piqueurs-suceurs.
Une chrysope, Beaumonts 8-9 juillet 2024, cliché Pierre Rousset.
TRICHOPTERES, TRICHOPTERA
L’ordre des Trichoptères regroupe environ 12 000 espèces mondiales. Les laves vivent dans les milieux aquatiques : mares, étangs, rivières… Elles se développent en construisant un fourreau au moyen de sable, graviers, bois qu’elles récupèrent dans l’eau. Certaines sont végétariennes et d’autres carnivores. Les adultes possèdent 4 ailes nervurées et recouvertes de poils. Les ailes de papillons (diurnes et nocturnes) sont munies d’écailles. Les membres de la famille des Leptoceridae possèdent de très longues antennes et ressemblent un peu aux papillons de la famille des Adelidae.
• Un Phrygane déjà observé sur drap en août 2022. L’espèce doit être Mystacides longicornis. Le corps et les ailes corps ont environ 8 à 10mm de long. En revanche, les antennes dépassent 2 cm. Les ailes étroites présentent une alternance de bandes claies et sombres. Les antennes sont longues et annelées. L’adulte vole en soirée.
Probable Mystacides longicornis, Beaumonts 8-9 juillet 2024, cliché Pierre Rousset.
Photo en studio d’un individu collecté en 2022 par André Lantz pour assurer son identification.
Mystacides longicornis, Beaumonts, 6 août 2022 ; cliché André Lantz
ARACHNIDES, ARANÉIDES
• Un opilion, pour se poser sur le drap, voulait se faire passer pour un insecte avec ses 6 pattes, mais 2 ont été coupées ou arrachées avant sa venue [1]. Il s’agit du Faucheux de Canestrini, Opilio canestrinii (Thorell, 1876). Originaire de Tunisie et sans doute d’Algérie, cette espèce a réalisé une invasion récente et rapide en Europe. Elle fut signalée d’Italie en 1962, en Allemagne en 1970 puis sur une grande partie du continent européen en 1999. Elle tend à supplanter d’autres espèces d’Opilions. On la rencontre dans les milieux urbanisés et les milieux naturels ouverts. Le réchauffement climatique doit être aussi favorable à sa nouvelle répartition.
Faucheux de Canestrini, Opilio canestrinii , Beaumonts, 8-9 juillet 2024 ; cliché Pierre Rousset
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André Lantz, avec l’aide de Pierre Rousset, le 12 juillet 2024
Littérature consultée :
– Inventaire commenté des Lépidoptères de l’Île-de-France I. Noctuelles 1997, Philippe Mothiron : supplément hors-série au tome 19 d’Alexanor.
– Inventaire commenté des Lépidoptères de l’Île-de-France II. Géomètres 2001, Philippe Mothiron : supplément hors-série au tome 21 d’Alexanor.
– Papillons de nuit d’Europe, volume 2 Géomètres ; Patrice Leraut,N.A.P. Éditions, 2009
– Papillons de nuit d’Europe, volume 6 Noctuelles 2 ; Patrice Leraut,N.A.P. Éditions, 2019
– Papillons de nuit d’Europe, volume 7 Microlépidoptères 1 ; Patrice Leraut,N.A.P. Éditions, 2023
– Papillons de nuit d’Europe, volume 8 Microlépidoptères 2 ; Patrice Leraut,N.A.P. Éditions, 2023