Difficile pourtant de mettre le chaos climatique sous le tapis pour cet événement sportif international qui se déroule en majeure partie en plein air et au beau milieu de l’été.
Comme l’a récemment rappelé sur le réseau social X la climatologue et membre du Haut Conseil pour le climat Valérie Masson-Delmotte : « Les jours de canicule, où la température maximale est supérieure à 30 °C, sont devenus […] 3,3 fois plus fréquents (en cette période des Jeux olympiques), par rapport au milieu du XXe siècle. »
Impossible, aussi, d’ignorer que depuis plus d’un an, chaque mois qui passe bat inexorablement son propre record de température moyenne globale même si cela ne se ressent pas tant en France en ce mois de juillet, contrairement à nos voisins espagnols ou grecs. Ou que notre continent européen se réchauffe deux fois plus vite que le reste du globe.
Pis, les compétitions sportives se déploieront sur un territoire déjà très impacté par la surchauffe planétaire. Paris est la capitale européenne au risque de surmortalité le plus élevé en cas de vague de chaleur. Selon une étude publiée en 2022 par l’Institut Paris Région, un tiers des Francilien·nes, soit 3,7 millions de personnes, sont considéré·es comme « très vulnérables » à la canicule.
Et alors que les JOP entravent des accès à l’important hôpital Delafontaine en Seine-Saint-Denis, ce département, qui accueille le village olympique et plusieurs épreuves, compte environ 20 % de logements surpeuplés – conduisant nombre d’habitant·es à vivre les températures extrêmes sans aucun confort intérieur –, et a été parmi les plus touchés lors de la vague de chaleur de 2003, avec une surmortalité de + 160 %.
Selon les chiffres officiels, ces JOP largueront dans l’atmosphère 1,58 million de tonnes de CO2, soit l’équivalent, en quelques semaines à peine, des émissions moyennes de plus de 150 000 Français·es sur une année entière. En réalité, les organisateurs ont bien du mal à évaluer le bilan carbone final de cette manifestation. Les déplacements des spectateurs internationaux pourraient finalement être le double de ce qui a été prévu. Et la compensation des émissions de ces Jeux n’a pu se réaliser qu’en faisant appel à des projets de séquestration du carbone, de plus en plus controversés dans les pays du Sud.
Autant de faits qui démontrent l’absurdité écologique d’organiser encore à la sauce XXe siècle ce type de méga-évènement dans un monde qui brûle. Qu’on se rassure, Emmanuel Macron vient d’obtenir, sous conditions financières, l’organisation des JO d’hiver de 2030 dans les Alpes françaises. Un autre cas flagrant d’amnésie climatique : les trois quarts des trois cents stations de ski du pays fermeront d’ici à la fin du siècle, à cause du réchauffement planétaire.
Mickaël Correia