Incarcérée depuis novembre 2021 dans la prison d’Evin, la militante, qui se bat depuis vingt-cinq ans pour les droits humains en Iran, a entamé dimanche 15 septembre, avec 33 codétenues, une grève de la faim.
La Prix Nobel de la paix iranienne emprisonnée Narges Mohammadi a appelé dimanche 15 septembre la communauté internationale à « sortir du silence et de l’inaction » face à l’oppression des femmes en Iran, deux ans exactement après le déclenchement du mouvement Femme, Vie, Liberté.
Avec 33 autres détenues, elle a également entamé le même jour une grève de la faim qui devait durer 24 heures pour « commémorer » le deuxième anniversaire de ce mouvement né après la mort en détention de la jeune Mahsa Amini.
« J’appelle les institutions internationales et les peuples à agir. J’exhorte les Nations unies à sortir de leur silence et de leur inaction face à l’oppression dévastatrice et la discrimination perpétrées par les gouvernements théocratiques et autoritaires contre les femmes, en criminalisant l’apartheid de genre », a déclaré Narges Mohammadi dans ce message relayé par ses proches sur les réseaux sociaux.
Il y a deux ans exactement, le 16 septembre 2022, le décès de Mahsa Amini, une jeune Kurde iranienne arrêtée par la police des mœurs iranienne pour non-respect du strict code vestimentaire islamique, a déclenché en Iran une révolte populaire inédite, brutalement réprimée par le pouvoir.
Dénonçant le port obligatoire du voile et le conservatisme religieux, les manifestants, menés par des femmes, ont défié le pouvoir pendant des mois.
Au moins 551 personnes ont été tuées, donc certaines exécutées, et des milliers d’autres arrêtées, selon des ONG de défense des droits humains.
Evoquant « ces deux années terribles » et « la route qui reste à parcourir », Narges Mohammadi affirme dans son message que « rien ne sera plus comme avant » et que le « changement fait vaciller les fondements de la tyrannie religieuse ».
A Paris, des centaines de personnes ont marché dimanche 15 septembre en soutien à la société civile iranienne. Le défilé, organisé par un collectif d’une vingtaine d’associations de défense des droits humains, a également reçu le soutien de Benjamin Brière et Louis Arnaud, deux Français qui avaient été arrêtés et détenus arbitrairement en Iran avant d’être libérés respectivement en mai 2023 et en juin 2024.
L’Union européenne, dans un communiqué rendu public à l’occasion de ce deuxième anniversaire, a appelé de son côté l’Iran à « éliminer, dans la loi et en pratique, toute forme de discrimination contre les femmes et les petites filles dans la vie privée ou publique ».