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Deux des partis du gouvernement central ont été éliminé : Les « Grünen » et les libéraux n’ont pas pu franchir la barrière des 5 % et n’ont plus d’éluEs au Landtag de Brandebourg, tout comme Die Linke. On verra les conséquences pour la Bundesregierung : pas mal des policienNEs libéraux parlent d’ores et déjà d’un « automne des décisions ». Ils envisagent de quitter la coalition gouvernementale et voudraient bloquer encore plus les toutes petites réformes sociales…
Dans le land du Brandebourg, l’AfD est le deuxième parti, la social-démocratie est restée le premier parti. Avec 30,9 % des voix, le SPD a légèrement devancé l’AfD (29,2 %). En sommes-nous sortis avec seulement un œil au beurre noir ?
Le samedi précédant les élections, une manifestation a eu lieu à Potsdam : « Potsdam reste multicolore », « La haine n’est pas une opinion », « Les droits de l’homme au lieu des personnes de droite ». L’alliance « Des hommes plutôt que des fossés » et l’initiative « Kein Bock auf Nazis » [Les nazis, on en a marre !] avaient appelé à cette manifestation. Beaucoup de musique et une ligne de conduite claire contre l’extrême-droite. Cela a peut-être aidé.
Pas de raison de lever l’alerte
Le SPD et son populaire ministre-président Dietmar Woidke ont gagné 4,9 points dans un sprint final endiablé. Mais l’AfD a gagné 5,9 points et a obtenu des résultats bien supérieurs à la moyenne, notamment chez les plus jeunes (il y avait 2,1 millions d’électeurEs, y compris les 16-18 ans). Il n’y a donc aucune raison de baisser la garde. Là où les enfants de maternelle chantent tôt le matin en cercle « L’Allemagne aux Allemands, les étrangers dehors », la prochaine grande catastrophe se prépare en Allemagne et au-delà.
Les résultats de ces élections régionales ne constituent certainement pas un coup de pouce pour la coalition tricolore (SPD, FDP, Verts) et le SPD au niveau national. Woidke s’était même interdit de faire apparaître des personnalités fédérales du SPD. Les Verts quittent le Landtag avec 4,1 % (moins 6,6 points) et le FDP passe sous la barre des 1 % des voix. C’est l’un des rares résultats réjouissants de ces élections. Les propositions de Lindner (le dirigeant du parti libéral FDP et ministre des finances) sur la retraite par actions, de prendre encore plus d’argent aux plus pauvres et de demander à ceux qui, contrairement à lui, doivent trimer de travailler encore plus et encore plus longtemps ne sont peut-être pas si bien accueillies.
CDU en déroute, l’Alliance Sahra Wagenknecht dynamique
Mais les partis de l’Union ne peuvent pas non plus se réjouir. Ils n’obtiennent que 12,1 % et perdent 3,5 points. Il est certain que la CDU a été victime de la polarisation entre le SPD et l’AfD : beaucoup ont voté sans conviction pour le SPD afin d’éviter une majorité de l’AfD. Kretschmar, le chef du gouvernement en Saxe, membre de la CDU, avait même appelé publiquement à voter pour le SPD, ce qui lui vaut aujourd’hui une bonne claque. Les victimes de cette polarisation ont bien sûr aussi été les petits partis. Il n’en reste pas moins que la tentative de Merz de faire perdre des voix à l’AfD en s’adaptant à sa politique agressive en matière de réfugiéEs et d’immigration a une fois de plus échoué avec fracas.
Pour la troisième fois, l’Alliance Sahra Wagenknecht (BSW) a obtenu d’emblée un résultat à deux chiffres. Elle entre au parlement régional avec 13,5 %. Elle obtient ainsi 14 éluEs au Landtag, soit plus que la CDU (12). Avec un total de 88 députés, le SPD (avec 32 députés contre 30 pour l’AfD) ne peut gouverner que s’il forme une coalition avec le BSW. Le BSW s’oppose à de nouvelles aides militaires pour l’Ukraine et au déploiement de nouveaux missiles américains en Allemagne. En fait, il s’agit de ses comportements de vote au Bundesrat (Conseil Fédéral, la chambre parlementaire de la République fédérale allemande dans laquelle sont représentés les gouvernements des Länder). D’un autre côté, le BSW, en tant que petit partenaire d’une telle alliance gouvernementale, pourrait rapidement décevoir son électorat. Dans un récent sondage, de nombreuses personnes ont indiqué qu’elles étaient heureuses qu’avec le BSW il existe un parti qui se prononce à la fois pour plus de justice sociale et pour la limitation de l’immigration.
Le soir des élections, la tête de liste de l’AfD Hans-Christoph Berndt a très bien montré de qui il était le fils spirituel avec son exclamation : « Le front national est debout » ! Les personnalités fédérales de l’AfD mettent généralement de l’eau dans leur vin lorsque les journalistes de la télévision les interpellent sur les propos nazis de leurs ouailles les plus extrémistes de droite, comme en matière de « remigration » : pour l’amour de Dieu, il ne s’agit pas de citoyens allemands ou de personnes bien intégrées, etc. Mais l’agitation sur le terrain est différente.
Die Linke face à de nouvelles tâches
Le parti Die Linke est éliminé du parlement régional avec 3 % (moins 7,7 points !). Au moins, il s’en sort mieux chez les jeunes avec un résultat à 7 %. Ce n’était peut-être pas une bonne idée de se débarrasser de toute trace d’insubordination et de laisser la droite s’en emparer. D’ailleurs, l’AfD est de loin le leader sur les réseaux sociaux, Facebook, Instagram et surtout Tiktok. Leur propagande, faite de manière professionnelle, y est particulièrement efficace. La gauche devrait former des équipes pour s’engager efficacement à ces niveaux – toujours en lien avec des offres d’action dans le monde analogique.
Mais que devons-nous faire, nous, les forces de la gauche radicale, pour enthousiasmer les jeunes ? Pour une action commune par-delà les frontières des pays et des régions du monde ? Ce n’est que lorsque celles ceux qui sont exploités, oppriméEs et discriminéEs s’unissent qu’ils et elles peuvent changer quelque chose dans leur propre intérêt : en luttant contre les vrais puissants, contre le grand capital et ses serviteurs. En luttant contre le racisme, tous les racismes. Il n’y a alors plus d’« étrangers » et d’« étrangères » dont il faut s’isoler et qu’il faut mettre à la porte. Il y a des gens qui se serrent les coudes et qui empêchent un monde de sombrer.
Manuel Kellner