Photo : Des centaines de personnes, place de la République, à Paris, le 29 septembre 2024, dénoncent le silence assourdissant du gouvernement français et demandent d’« utiliser toutes les pressions possibles pour arrêter l’attaque criminelle israélienne » © Denis Prezat/ABACAPRESS
« Le Liban est un peuple libre ». Parmi les pancartes affichant la solidarité envers le peuple libanais, des photographies de victimes civiles des frappes israéliennes circulent dans la foule. Les yeux humides et le visage grave, de nombreux Franco-Libanais se sont réunis dimanche 29 septembre sur la place de la République, après un appel lancé sur les réseaux sociaux.
« Montrer l’unité du peuple libanais » et « utiliser toutes les pressions possibles pour arrêter l’attaque criminelle israélienne » : unis dans leur détresse, les manifestants appellent la France et la communauté internationale à réagir aux attaques israéliennes.
Après l’interprétation de l’hymne national libanais par la foule, le passage d’une chanson de l’icône Fayrouz a fait fondre Maria en larmes. La mère de deux jeunes filles, également présentes à la manifestation et accompagnées de leurs amis, explique avoir ressenti le besoin de se retrouver avec les siens. Entre les embrassades, elle confie le sentiment d’impuissance qui la ronge. « On est accrochés à notre téléphone, on attend des nouvelles de la famille. On a vraiment peur pour eux ».
Rester unis face aux attaques israéliennes
Depuis le début des frappes israéliennes intensives, des centaines de milliers de personnes ont été contraintes de quitter leur maison, rappelle un autre manifestant. « On a tous peur pour un ami, un parent, peur pour le Liban, pour notre pays » confie Hady, qui s’est déplacé avec quelques amis pour l’évènement. Un drapeau libanais dans les mains, il appelle à sortir de la « logique de violence » de l’État israélien « qui vise à anéantir le peuple libanais ».
Les organisateurs de la manifestation ont tenu à exprimer leur soutien à la communauté libanaise, animée par la même crainte de perdre un proche dans l’escalade des frappes contre le pays. Privilégiant un discours fédérateur, ils ont exhorté les manifestants à rester unis face aux attaques israéliennes. Des paroles immédiatement applaudies par les manifestants.
Dans la foule, le drapeau rouge et blanc frappé du Cèdre se mêle à des dizaines de drapeaux palestiniens. « Ils veulent faire la même chose qu’à Gaza », s’inquiète Hady. Tous ont en tête les scènes d’horreur qui se déroulent depuis un an dans l’enclave palestinienne, et redoutent une offensive terrestre d’Israël sur leur pays.
Parmi les slogans scandés, « Israël assassin, Macron complice » a été entendu à de multiples reprises. De nombreux manifestants déplorent l’inaction de la communauté internationale, et plus particulièrement le soutien de la France à Israël. Rappelant la présence de nombreux Franco-Libanais lors de la manifestation, l’un des organisateurs, Hassan Daher, coiffé d’un béret gris, a exprimé sa fierté d’être Français, tout en partageant sa honte face à la politique menée par le gouvernement depuis le 7 octobre.
« Stop aux crimes commis par Israël contre notre terre, notre peuple »
Présent lors du rassemblement, le député du Val-d’Oise Arnaud Le Gall (LFI) a également appelé la France à se montrer digne des liens d’amitié entre Paris et Beyrouth. « Il faut imposer des sanctions, établir un moratoire sur les accords économiques », a-t-il affirmé, ajoutant que le règlement politique du conflit ne pourra passer que par un cessez-le-feu à Gaza, le respect du droit international et de la résolution 1701 adoptée en 2006 par le Conseil de sécurité des Nations Unies.
De plus, les manifestants dénoncent le silence assourdissant du gouvernement français et demandent l’arrêt de la vente d’armes de la France à Israël, ainsi que la fin du soutien « au pays agresseur ». Arborant un drapeau libanais sur ses épaules, Aïda exprime sa colère vis-à-vis de l’attitude de la France : « Macron soutient Israël, on a beau dire ce que l’on veut mais la France fournit Israël en armes, il est complice de ce massacre ». L’étudiante avoue ressentir une certaine honte envers son pays : « On voit nos familles en train d’être massacrées. La France n’est pas à la hauteur ».
Poing levé, Hassan Daher a invité les participants à observer une minute de silence. Après quelques instants, un slogan émane de la foule : « Résistance, c’est la voie de l’existence », avant d’être repris en chœur pendant plusieurs minutes.
Marie Penin