La température, de 11° en début de soirée (19h 30), s’est abaissée progressivement jusqu’à environ 10,2°C vers 20h 20 le 28 août. Absence de vent et ciel couvert. La lune était visible avec des nuages peu épais
Nous avons profité des grilles de protection du terrain derrière la mare pour y tendre un des draps. L’autre étant posé au sol.
Nous avons déjà explicité l’intérêt des observations nocturnes des Hétérocères. Le lecteur pourra retrouver ces informations sur les précédents articles parus sur le site de Beaumonts-Nature en Ville (BNeV). Cette séance s’inscrivait dans le cadre du « jour de la nuit »
Dans le début de soirée les observations et photographies ont été réalisées sur le drap blanc vertical éclairé par une lampe Lepiled (lampe à diodes électroluminescentes).
Divers insectes appartenant à d’autres ordres que celui des Lépidoptères ont également été attirés par ces radiations lumineuses : quelques diptères, des coléoptères et des trichoptères.
Nous n’avons observé que 3 espèces de papillons de nuit sur le drap ! L’une d’entre elles est une espèce nouvelle pour le parc.
Nous nous sommes intéressés aux araignées et quelques autres insectes posés dans les environs de lampe.
Après 21h nous avons éteint la lampe, ne voyant plus d’insectes attirés par la lumière ultraviolette, et sommes partis observer les insectes sur la haie de lierre le long de l’école horticole. Nous avons pu y observer d’autres noctuelles.
LÉPIDOPTÈRES
A. Noctuelle
La Xyline provençale, Mniotype soliari (Boisduval, 1829) avait déjà été observée en Seine-Saint Denis par Axel Dehalleux en 2020, mais pas encore au parc des Beaumonts. Nous avons déjà constaté sur plusieurs espèces de noctelles l’influence du réchauffement climatique. En effet cette espèce méridionale remonte vers le nord en utilisant soit le couloir rhodanien, soit le couloir atlantique. Elle s’est implantée en Île-de-France depuis 2019 essentiellement en secteur urbain (Philippe Mothiron). Elle a été observée à Paris en 2019, puis dans le val-de-Marne en 2022.
La Xyline provençale Mniotype soliari , Beaumonts, 13 octobre 2024, cliché André Lantz
B. Pyrales
Seule pyrale observée, un Botys ferrugineux, Udea ferrugalis (Hübner, 1796). L’imago était plus pâle que ceux du mois d’août. Cette espèce semble assez commune cette année. Je l’ai observée à nouveau dans le parc à plusieurs reprises en octobre et en ce début de novembre.
Botys ferrugineux, Udea ferrugalis, Beaumonts, 13 octobre 2024, cliché André Lantz
Un exemplaire de Nomophila noctuella s’est posé en début de soirée. Cette espèce est commune.
Nomophile Nomophila noctuella, Beaumonts, 13 octobre 2024, cliché André Lantz
TRICHOPTÈRES
Un seul représentant de cet ordre s’est posé sur le drap. Il s’agit de Limnephilus lunatus (Curtis, 1834). La taille de l’adulte peut atteindre 15mm. Le nom d’espèce provient du croissant de lune bordé de noir disposé aux extrémités de l’aile antérieure. Plusieurs générations se succèdent de mai à novembre. Les larves sont aquatiques. Cette espèce n’avait pas encore été observée au parc. Sans doute la présence proche de la mare perchée lui a permis de s’installer.
Limnephilus lunatus, Beaumonts, 13 octobre 2024, cliché André Lantz
DIPTÈRES
Quelques « tipules « ont fait leur apparition. Citons les deux espèces suivantes :
Tipula confusa van der Wulp, 1883.
Cette tipule se rencontre dans les bois et les jardins. Les larves vivent dans les mousses. Les adultes volent en deux générations. La première avec très peu d’individus en avril-mai et la seconde beaucoup plus fournie de septembre à novembre avec un pic en octobre.
Tipula confusa, Beaumonts, 13 octobre 2024, cliché Axel Dehalleux.
Trichocera annulata Meigen, 1818 fait partie de la famille des Trichoceridae.
L’abdomen de l’adulte est annelé et les ailes ne sont pas tachetées. Cette espèce est commune. Les larves consomment les racines de graminées. On la rencontre dans les endroits herbeux humides et les zones boisées. Les adultes émergent de septembre à mars avec un pic en octobre et novembre. Nous avons ensuite cherché d’autres arthropodes soit sur les ganivelles entourant la mare, soit dans la végétation.
Trichocera annulata, Beaumonts, 13 octobre 2024, cliché Axel Dehalleux.
DICTYOPTÈRES
Dans cet ordre se trouvent les Blattes de la famille des Blattellidae. Si certaines espèces sont domestiques et inféodées à l’espèce humaine, consommant des denrées alimentaires, d’autres ne se rencontrent que dans les bois, champs et jardins. Les femelles pondent leurs œufs dans une oothèque qu’elles transportent à l’extrémité de leur abdomen. Elles la déposeront ensuite dans le sol.
Une des blattes communes est la blatte de « Vinz ». Planuncus (Ectobius) vinzi Maurel 2012. Cette espèce était avant sa description par Maurel confondue avec l’espèce Ectobius pallidus.
Les yeux sont foncés, les élytres plus courts que ceux de pallidus, l’absence de taches sur les élytres, deux bandes claires transversales sur la tête en avant et arrière des yeux. Chez la femelle l’oothèque est striée longitudinalement. On peut rencontrer cette espèce de mai à novembre. Les juvéniles sont très faciles à déterminer avec leur bande transversale blanche sur fond sombre. Sur le cliché de la femelle ci-dessous, on distingue nettement l’oothèque encore blanche striée longitudinalement.
Planuncus vinzi, Beaumonts, 13 octobre 2024, cliché Thomas Tully.
La photo suivante montre un juvénile de Planuncus vinzi,
Juvénile de Planuncus vinzi, Beaumonts, 26 juillet 2018, cliché André Lantz.
ARACHNIDES
Nous avons observé plusieurs araignées :
L’épeire diadème, l’épeire de velours, l’épeire des fissures, la méta d’automne, la misumène variable et la pisaure admirable, espèces déjà observées de jour dans le parc.
L’épeire des fissures, Nuctenea umbratica, face dorsale, Beaumonts, 13 octobre 2024, cliché Thomas Tully.
L’épeire des fissures, Nuctenea umbratica, face ventrale, Beaumonts, 13 octobre 2024, cliché André Lantz.
La méta d’automne, Metellina segmentata/mengei, Beaumonts, 13 octobre 2024, cliché Thomas Tully
L’épeire diadème, Araneus diadematus, Beaumonts, 13 octobre 2024, cliché Thomas Tully
LÉPIDOPTÈRES (bis)
Après 21h nous avons quitté la station pour observer les insectes posés ou butinant les fleurs de lierre le long du mur de l’école d’horticulture.
Nous y avons retrouvé Mniotype soliari déjà citée et d’autres noctuelles non observées sur le drap.
La Xyline provençale, Mniotype soliari sur lierre, Beaumonts, 13 octobre 2024, cliché André Lantz.
La noctuelle à I double Eugnorisma glareosa (Esper, 1788), est de couleur grise et possède deux taches noires vers la côte de l’aile antérieure. La chenille consomme diverses plantes basses. Cette observation est la première pour la Seine-Saint-Denis. Selon Philippe Mothiron cette espèce est « commune et répandue mais à bonne distance de Paris. En effet elle s’adapte mal au milieu urbain et ne s’éloigne guère des localités où croissent en abondance des végétaux spontanés ».
La noctuelle à I double Eugnorisma glareosa, Beaumonts, 13 octobre 2024, cliché Axel Dehalleux.
La xanthie ferrugineuse Sunira circellaris = Agrochola circellaris s’était posée sur une feuille. Selon Philippe Mothiron cette espèce est commune et est fréquemment observée en ville. Vole de septembre à novembre, effectifs maxima à la mi-octobre. Cette donnée confirme qu’il est utile de faire des observations à cette époque de l’année. C’est une espèce qui n’avait pas encore été notée dans le parc.
La Xanthie ferrugineuse Sunira circellaris, Beaumonts, 13 octobre 2024, cliché André Lantz.
Enfin la xanthie cannellée, Agrochola lychnidis (Denis & ; Schiffermüller, 1775) souvent observée dans les villages ou les villes, à proximité d’habitation. Vole d’août à décembre.
La Xanthie cannellée, Agrochola lychnidis, Beaumonts, 13 octobre 2024, cliché Axel Dehalleux.
Parmi les espèces déjà inventoriée citons la méticuleuse Phlogophora meticulosa, l’Orrhodie de l’airelle Conistra vaccinii, la noctuelle baignée Agrotis ipsilon, la xanthie dorée, Tiliacea aurago,
La xanthie dorée, Tiliacea aurago, Beaumonts, 13 octobre 2024, cliché Axel Dehalleux.
La méticuleuse, Phlogophora meticulosa, Beaumonts, 13 octobre 2024, cliché Axel Dehalleux.
L’Orrhodie de l’Airelle, Conistra vaccinii, Beaumonts, 13 octobre 2024, cliché Axel Dehalleux.
La noctuelle baignée, Agrotis ipsilon, Beaumonts, 13 octobre 2024, cliché Axel Dehalleux.
André Lantz, avec l’aide d’Axel Dehalleux, de Pierre Rousset, et de Thomas Tully le 8 novembre 2024
Littérature consultée :
-Inventaire commenté des Lépidoptères de l’Île-de-France I. Noctuelles 1997, Philippe Mothiron : supplément hors-série au tome 19 d’Alexanor.
-Inventaire commenté des Lépidoptères de l’Île-de-France II. Géomètres 2001, Philippe Mothiron : supplément hors-série au tome 21 d’Alexanor.
-Papillons de nuit d’Europe, volume 2 Géomètres ; Patrice Leraut,N.A.P. Éditions, 2009
-Papillons de nuit d’Europe, volume 6 Noctuelles 2 ; Patrice Leraut,N.A.P. Éditions, 2019
-Papillons de nuit d’Europe, volume 7 Microlépidoptères 1 ; Patrice Leraut,N.A.P. Éditions, 2023
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