Fils d’ouvriers, il est reçu deuxième à l’école normale d’instituteurs de Rouen. Il en sort à 17 ans. Ce grand bonhomme, bourru et bon, a marqué des générations d’élèves. Militant de la Fédération des Œuvres Laïques, promoteur des méthodes du CEMEA, il a formé de nombreux moniteurs et monitrices.
Appelé en Algérie, il y reste deux ans. Il en revient profondément antimilitariste et partisan de l’indépendance. Il entre au PSU. En mai 68, il fait du centre aéré de Louviers un lieu d’accueil gratuit pour les enfants de grévistes. Avec le bouillonnant Comité d’Action de Gauche, dans lequel se retrouvent toutes les sensibilités de la gauche et de l’extrême-gauche hors PCF, le combat pour le socialisme autogestionnaire se décline au quotidien. En 1977, c’est la victoire aux élections municipales. Il devient maire-adjoint, puis président de la Fédération nationale des Elu-e-s Autogestionnaires.
Le CAG est confronté à la montée en puissance du PS, du PCF et de leur Programme commun. En 78, face à la candidature de François Loncle, radical de gauche parachuté par Mitterrand et soutenu par la majorité du CAG, le PSU et la LCR présentent la candidature du secrétaire de l’union locale CFDT, soutenue par un large « comité autogestionnaire ». Après 1981, la majorité du CAG accompagne les revirements et renoncements gouvernementaux. Gérard reste adjoint, mais l’usure et les difficultés locales et le contexte national font que les élections de 1983 sont perdues. Gérard fut du petit nombre qui a continué à tracer le sillon, de l’opposition à la guerre du Golfe au soutien à la grande grève de Renault Cléon en 91. Il fut alors l’un des initiateurs de « A Gauche Vraiment ! », qui s’est voulu « la section de Louviers du parti de gauche et de combat qui manque dans ce pays ». Un groupe dynamique actif sur tous les terrains, représenté au conseil municipal à partir de 2001. Il était le pilier de son bulletin mensuel, tant pour les tâches pratiques que pour la rédaction, où son humour mordant et sa connaissance des dossiers locaux faisaient mouche.
Gérard Martin a beaucoup œuvré pour la fusion d’AGV avec la section locale de la Ligue Communiste Révolutionnaire (LCR), qui s’est faite dans le processus de constitution du « Nouveau Parti Anticapitaliste ». Dès son lancement en 2015, et tant que sa santé le lui a permis, il a joué un rôle essentiel dans l’association « Non à l’autoroute A133-A134 » qui se bat aujourd’hui encore avec énergie contre le faux contournement de Rouen.
Pierre Vandevoorde
Sources :
– « Louviers : sur la route de l’autogestion ? » de Christophe Wargny, éditions Syros 1976
– Gérard Martin « réponse à ceux qui sont passés de la lutte des classes à la lutte des places » :
http://bulletindestravailleurs.over-blog.com/article-reponse-de-gerard-martin-a-ceux-qui-sont-passes-de-la-lutte-des-classes-a-la-lutte-des-places-59434499.h
– Notice du Maitron.