Omniprésents dans ses ouvrages, les flocons recouvrent tout. Le bruit, pour laisser place à la contemplation ou à l’angoisse ; les souvenirs, enfouis au plus profond des personnages ; les cadavres, ceux des dictatures militaires sud-coréennes.
« Inévitablement, le travail de lecture et d’écriture de littérature s’oppose à tout ce qui détruit la vie », a-t-elle déclaré en recevant son prix, ce mercredi 11 décembre à Stockholm. Au fil de son œuvre, Han Kang a pourtant réussi à déterrer, délicatement et avec poésie, des atrocités qu’aucune formule ne saurait égayer. S’entremêlent alors la candeur de ses héroïnes et la cruauté brute de l’histoire : sous la neige, les ruines brûlées, la terre gelée, et les ossements révèlent autant d’histoires dramatiques.
« Pendant ma vingtaine, j’écrivais ces lignes sur la première page de chaque nouveau journal intime : Le présent peut-il aider le passé ? Les vivants peuvent-ils sauver les morts ? », se rappelait-elle à Stockholm. L’écrivaine continue de chercher ses réponses, en se plaçant de front, face à la société et l’histoire sud-coréennes, toutes deux très dures.
Comme dans la Végétarienne, Booker Prize en 2016, Celui qui revient, où elle évoque les étudiants assassinés de Gwangju, sa ville natale, et Impossibles Adieux, qui se déroule sur l’île de Jeju, où 30 000 personnes accusées d’être communistes furent massacrées par l’armée et le commandement américain.
Axel Nodinot
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