Une Palestinienne assise au bord d’une route détruite par un raid militaire israélien à Tul Karm, en Cisjordanie, en décembre.Crédit : Mohamad Torokman/Reuters
Mardi, au lendemain d’une attaque terroriste meurtrière près de la colonie de Kedumim, le ministre des finances Bezalel Smotrich a rencontré le président du Conseil des colonies de Yesha, Israel Ganz, le directeur général du Conseil de Yesha, Omer Rahamim, et les responsables des conseils locaux des colonies de Cisjordanie.
M. Smotrich leur a annoncé qu’à sa demande, la réunion du cabinet de sécurité prévue plus tard dans la journée porterait sur les mesures visant à éradiquer le terrorisme dans les territoires.
« En Judée et en Samarie [dénomination israélienne de districts situés en Cisjordanie], comme dans d’autres secteurs, nous devons passer de la défense à l’attaque et lancer de vastes opérations au sein des nids de terroristes jusqu’à ce que les armes et les terroristes y soient complètement anéantis », a déclaré M. Smotrich.
Il a ajouté qu’après cette attaque, il avait élaboré un plan visant à faire ressembler les villes palestiniennes d’« Al- Founduq, Naplouse et Jénine à Jabalya », dans le nord de Gaza, « afin que Kfar Sava [à quelques kilomètres de la Cisjordanie] ne devienne pas Kfar Aza », le kibboutz situé à la frontière de Gaza qui a été entièrement détruit lors de la tuerie du 7 octobre.
Le ministre de la défense, Israël Katz, s’est rendu sur les lieux de l’attaque, où les colons lui ont déclaré qu’il était nécessaire que soit ouvert un nouveau front dans la guerre. Le chef du conseil local de Kedumim, Ozel Vatik, a déclaré à M. Katz : « Le gouvernement israélien doit immédiatement déclarer l’état de guerre en Judée et en Samarie également, et permettre à Tsahal de réprimer la violence terroriste n’importe où et n’importe quand, impitoyablement. »
Des membres des forces israéliennes patrouillent dans une rue lors d’une opération militaire dans le camp de réfugiés de Nour Shams, à Toulkarem, en Cisjordanie, l’année dernière.Crédit : Majdi Mohammed/AP
Les colons de Cisjordanie voient ce qui se passe à Gaza et en sont envieux. Ils demandent au gouvernement et à l’armée de faire là-bas ce qu’ils ont fait dans la bande de Gaza. « Nous avons vu à quoi ressemble une guerre contre le terrorisme à Gaza et au Sud-Liban », a déclaré Israël Ganz, qui est également à la tête du conseil régional de Benyamin. « Nous avons vu à quoi ressemblent les villages une fois la terreur déracinée. Ici, ils se contentent de mettre des gants de velours et appliquent une méthode qui ne correspond pas aux risques existants ».
« J’appelle les Forces de défense israéliennes et le gouvernement à opérer un profond changement de perspective », a déclaré le maire d’Ariel, Yair Shtebon - c’est-à-dire à lancer une opération militaire massive en Cisjordanie comme celle de 2002, « qui détruise les camps de réfugié.e.s en Judée et Samarie, à Toulkarem, à Jénine, à Naplouse et partout où existe une menace pour les résident.e.s d’Israélien.ne.s. »
Les parlementaires du Likoud expriment des sentiments similaires. Le député Avichay Buaron, par exemple, a appelé, lors d’une intervention à la radio mardi, à « désarmer » l’Autorité palestinienne « tant de ses armes que de ses compétences politiques ».
Alors que le gouvernement Netanyahou prône une présence militaire et peut-être civile permanente à Gaza, l’entreprise de colonisation et ses bras armés au sein de l’appareil militaire et du gouvernement s’efforcent de dissimuler les différences entre la Cisjordanie et Gaza, dans le but de revenir sur le désengagement de 2005 et sur les accords d’Oslo.
Pour les colons de Judée et de Samarie, « déraciner le terrorisme » signifie en expulser les habitant.e.s et raser les maisons et les infrastructures. L’objectif : imposer l’apartheid du Grand Israël dans les territoires occupés. S’ils y parviennent, ils mettront fin à toute possibilité future de solution à deux États et de vie durable dans la région.
Haaretz