L’auteur souligne aussi que cette oligarchie, dont d’éminentes têtes d’affiche serrent de près le président Trump contrebalançant l’aile populiste-réactionnaire, a manigancé une gigantesque fuite de capitaux que l’OCDE et l’ONU font semblant, en vain, de corriger. Inutile d’ajouter que la présidence Trump verra à enterrer ces illusoires réformes dont la fonction politique est d’épater la galerie.
Le premier article par l’éditeur du journal défend la thèse, avec d’abondants arguments factuels à l’appui, de l’avalement trumpien du Canada et du Québec. La globalisation du monde sous hégémonie étatsunienne n’est plus possible étant donné la détérioration de la puissance de frappe économique et militaire des ÉU. Pour contrer cet affaiblissement de l’impérialisme étatsunien, la stratégie Démocrate consiste à fortifier ses alliances face aux aspirants hégémons globaux et régionaux. Celle trumpienne consiste plutôt à renforcer l’intégration économique et politique des Amériques à commencer par les territoires groenlandais et canadien au nord de sa frontière. Ceux-ci seraient appelés à devenir quasi exclusivement des réserves de ressources naturelles sans nuisance sociale et environnementale. Peut-être le Canada, en tout ou en parties, pourrait-il conserver une base manufacturière s’il s’intégrait armes et bagages aux ÉU ? Trump souhaite que les ÉU possèdent l’équivalent de la Sibérie ou de du Tibet-Xinjiang de ses principaux rivaux.
Là où le bât blesse, ce sont les alternatives. Le député du Bloc propose de continuer à foncer tête baissée dans le mur afin d’obtenir les réformes réclamées par l’ONU. L’éditeur de L’Aut’Journal, après avoir dénoncé les différentes versions de l’aplaventrisme de la classe politicienne canadienne… ne propose rien sauf à inviter le mouvement indépendantiste à « prendre note ». C’est tout le contraire de l’éditeur de Presse-toi-à-gauche (hebdomadaire web de la gauche de Québec solidaire) qui, la semaine dernière, après une critique du trumpisme style longue liste d’épicerie suivie d’un rejet de l’étroit cadre commercial tant des capitulards que des résistants NPD et Québec solidaire, y va d’une alternative encore une fois style longue liste d’épicerie sans épine dorsale et décrochée de toute analyse conjoncturelle dont l’auteur est habituellement friand.
L’épine dorsale de la solidaire décroissance matérielle pour lire la conjoncture
L’épine dorsale d’une alternative à l’avalement trumpiste est bien sûr la solidaire décroissance matérielle proposée comme amendement à la centriste « Déclaration de Saguenay » de Québec solidaire par la circonscription d’Hochelaga-Maisonneuve mais rejeté tant par la direction Solidaire qu’oublié par la gauche Solidaire entichée de nationalisation à la mode XXe siècle. L’extractiviste Plan d’action 2035, où la privatisation dérive de l’expansionniste électrification, n’est-il pas celui de la nationalisée Hydro-Québec mis au service du capital comme ce l’est, sur une tout autre échelle, en Chine. Le capitalisme étant intrinsèquement croissanciste, c’est la solidaire décroissance matérielle qui coupe le cou à la privatisation.
J’ai développé sur le même site (et sur ESSF) les grands axes de cette alternative solidaire décroissance matérielle dont l’auteur de Presse-toi-à-gauche ne souffle mot pas plus d’ailleurs que de l’écosocialisme que pourtant le site promeut. Heureusement, le comité d’action politique (CAP) écologie de Québec solidaire, dans sa présentation web à la quasi-centaine de membres intéressés, a fait mention de la décroissance, quelque peu reprise dans le débat. Cependant, le CAP ne l’a pas associée à la matérialité ce qui laissait malheureusement entendre qu’elle puisse aussi s’appliquer aux services publics alors que justement elle leur laisse toute la place. Sans compter que ces services publics doivent s’élargir au logement social écoénergétique, à généraliser à tout le monde, et au transport public à substituer à l’auto solo.
La solidaire décroissance matérielle s’insère dans la conjoncture plus facilement qu’il n’y paraît. Une intervenante dans le débat signalait la fermeture sauvage et antisyndicale des entrepôts d’Amazon au Québec (ses sept entrepôts et centres de distribution ferment pour couper court à la négociation de la première convention collective du seul syndicat Amazon reconnu au Canada) sans trop savoir comment l’insérer dans le débat. Amazon carbure à la très matérielle consommation de masse qu’elle amplifie par ses promotions et à l’abus de l’individualisation du transport des marchandises qu’elle généralise. Au lieu de réclamer le retour au statu quo, pourquoi ne pas réclamer que le gouvernement impose à l’entreprise une amende salée pour financer le recyclage de ses ex-employés dans les services publics qui en ont rudement besoin. Le gouvernement serait même justifié d’imposer une taxe compensatoire sur le long terme, puisque Amazon ne renonce à aucune vente, afin de financer les salaires de ses nouvelles employées.
Qui dit mieux ? Voilà de quoi mâcher pour Québec solidaire qui cherche désespérément à distinguer du PQ son indépendantisme théoriquement de gauche tout en prônant la ligne dure contre le fascisant trumpisme qui appelle au nettoyage ethnique de la bande de Gaza.
Marc Bonhomme, 27 janvier 2025
www.marcbonhomme.com ; bonmarc videotron.ca
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