L’accession au pouvoir de Sarkozy s’est accompagnée d’un tournant dans les rapports entre la France et les États-Unis, comme dans le rôle qu’a la France au Moyen-Orient. De conserve avec son homologue américain, la diplomatie française presse l’Union européenne de prendre des sanctions économiques contre Téhéran, hors du cadre du Conseil de sécurité de l’ONU. En perspective, une nouvelle résolution condamnant l’Iran et des sanctions commerciales, économiques et diplomatiques.
Les déclarations de Kouchner ont soulevé une vague de réactions en France et dans le monde. Le directeur de l’Agence internationale de l’énergie atomique, Mohamed El Baradeï, a récusé un recours à la force contre l’Iran, affirmant que les « autres options » étaient loin d’être épuisées.
Les dirigeants iraniens n’ont jamais coupé le fil des négociations et jouent des divisions entre grandes puissances. Ils sont conscients du rapport de force et du bourbier dans lequel l’administration Bush se trouve en Irak. Car le « théâtre » irakien est un vaste « jeu d’ombres » sanglant, où la dictature des mollahs et l’administration Bush s’affrontent et négocient. Pour se sortir du désastre irakien, la Maison Blanche a besoin de l’influence des Mollahs qui soutiennent les milices chiites et le gouvernement fantoche de Al Maliki, mis en place par l’impérialisme américain.
La situation particulièrement instable en Irak, et la vulnérabilité des troupes d’occupation sont, à l’heure actuelle, le principal obstacle à une intervention militaire contre l’Iran. Une invasion de l’Iran est aujourd’hui exclue et les frappes dites chirurgicales, paraissent inopérantes et hautement risquées. La difficulté n’est pas de bombarder quelques points névralgiques du programme nucléaire iranien, mais ce qui se passera le jour d’après et la capacité de riposte et de nuisance de l’Iran dans les multiples zones de tensions de la région. Illustrant l’incapacité de Washington à déclencher une opération militaire contre Téhéran, Robert Gates, secrétaire à la Défense, a déclaré : « La voie diplomatique et économique reste de loin la meilleure approche, pour le moment, pour continuer à gérer la menace iranienne. »
C’est une aubaine pour la dictature des mollahs car les menaces verbales des dirigeants occidentaux permettent au régime de souder une partie non négligeable de la population autour d’un discours religieux et nationaliste. Alors que le feu des projecteurs est braqué sur le dossier nucléaire iranien, la mollahrchie réprime sévèrement ceux qui luttent en Iran pour la justice sociale, l’égalité et la démocratie. Il y a bien deux combats à mener, l’un contre l’impérialisme, l’autre pour construire une solidarité active avec ceux qui résistent face à la dictature des mollahs.