La méthode de présentation suivra les périodes d’apparition des partis politiques dans le pays. L’accent est mis sur les différents groupes révolutionnaires. Ce document est destiné à la discussion et donc ouvert aux commentaires.
L’établissement du Partido Kumunista ng Pilipinas (PKP)
Le 7 novembre 1930, le Parti communiste des Philippines (PKP de 1930) fut établi. Cette date marquait également le 13e anniversaire de la Révolution d’octobre en Russie. C’était le résultat, entre autres, de contacts et d’une série de dialogues entre les dirigeants syndicaux philippins et les militants avec Tan Malaka, un représentant indonésien de l’Internationale communiste [Komintern, l’organisation mondiale des partis communistes dirigée par l’Union soviétique de 1919 à 1943].
En 1932, le Parti marxiste légal – Parti socialiste des Philippines fut fondé. À cette époque, les individus et organisations identifiés au PKP rencontraient des problèmes de sécurité avec le gouvernement.
C’est en 1935 que le PKP devint membre du Komintern de la 3e internationale (1919-1943), mais avant cela (octobre 1932), le PKP fut interdit par la Cour suprême des Philippines où cinq des neuf juges étaient américains [les Philippines étaient alors un Commonwealth américain, préparant son indépendance prévue pour 1946]. La situation donnait des options limitées au PKP, qui entra donc dans la clandestinité.
En 1937, le PKP fut légalisé en réponse à la menace du fascisme en Allemagne et au Japon. Le gouvernement bourgeois (gouvernement du Commonwealth) sous les Américains voulait un front large pour confronter la menace fasciste. C’était aussi la directive du Komintern dirigé par J. Staline au leadership du PKP. Une figure clé (James S. Allen) du Parti communiste des États-Unis (CPUSA) avait visité le pays pour aider à mettre en œuvre la directive du Komintern. La directive était de former un Front uni avec le gouvernement bourgeois (Commonwealth) pour lutter contre les nations fascistes comme le Japon en Asie. C’est durant cette période que les personnalités du PKP qui avaient été emprisonnées plus tôt par le gouvernement furent libérées.
En 1938, il y eut une fusion du PKP et du Parti socialiste et ils adoptèrent PKP comme nom officiel.
La même année, le PKP fit partie du Front populaire en préparation des élections municipales de 1940. En 1946, le PKP participa aux élections présidentielles sous l’Alliance démocratique ; le PKP réussit bien lors de ces élections. Il put élire six (6) maires à Luzon [la plus grande île des Philippines, où se trouve la capitale Manille].
Pendant la Seconde Guerre mondiale, le PKP organisa un groupe armé pour combattre les envahisseurs japonais. Ils établirent les Hukbalahap (Armée populaire contre le Japon) en 1942. Le PKP, avec les Forces armées du gouvernement du Commonwealth et l’impérialiste américain, dirigea les luttes contre le Japon pendant les 3 années suivantes. Cela leur donna (PKP) l’opportunité d’étendre et de consolider ses membres dans la classe ouvrière et les mouvements paysans.
En 1946, le PKP participa aux élections présidentielles comme mentionné plus tôt au sein de la coalition de l’Alliance démocratique. Ils purent avoir 4 membres élus au Congrès. Leur présence était une grande menace à l’époque, surtout pour les États-Unis, car le Congrès devait voter pour les Droits de parité. Ces droits permettraient aux investisseurs américains d’avoir les mêmes droits que les investisseurs philippins [cet accord économique était très controversé].
En 1948, le PKP fut à nouveau interdit par le gouvernement. Il commença à mobiliser les combattants armés qu’il avait formés plus tôt pour combattre les envahisseurs japonais, cette fois la lutte était dirigée contre le gouvernement philippin.
Au début de 1950, le PKP fonda l’Armée de libération populaire – PLA (Hukbong Magpapalaya ng Bayan – HMB) – Elle commença avec 10 000 combattants et s’étendit à d’autres zones de Luzon et intensifia la lutte armée pour saisir le pouvoir politique du gouvernement bourgeois. Ils utilisaient le célèbre slogan... « rendez-vous à Malacañang [le palais présidentiel des Philippines] » pour remonter le moral de leurs compagnons combattants et révolutionnaires.
La même année, tout le secrétariat de la direction centrale du PKP fut arrêté, y compris son secrétaire général (Jose Lava).
La lutte armée (AS) dirigée par le PKP avait subi de lourdes pertes dans la lutte contre le gouvernement et l’impérialiste américain.
En 1954, la lutte armée était pratiquement terminée et le PKP était passé aux actions pacifiques (légales et illégales). Mais il avait maintenu une force de guérilla armée appelée – Bagong Hukbong Magpapalaya ng Bayan (BHMB) – Nouvelle armée de libération populaire (NPLA). C’était basé sur l’analyse du PKP que les formes légales de lutte pour confronter les problèmes de la société philippine à cette époque seraient insuffisantes. Le gouvernement était si corrompu et inefficace que les réformes qui n’apporteraient pas de changement substantiel dans le système du pays ne seraient pas efficaces.
Durant cette période, il y avait déjà des signes clairs que le PKP avait des difficultés à s’accommoder et à s’ajuster organisationnellement à la nouvelle situation dans le pays et dans le monde.
La période du « rétablissement » du Parti communiste des Philippines (CPP)
La période de la guerre froide avait impacté les développements et les scissions des mouvements communistes dans le pays. Elle devint même pire à cause des discours idéologiques et organisationnels entre l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS) et la Chine.
Le 30 novembre 1964, Jose Maria Sison, qui faisait partie du Comité central du PKP, fonda le Kabataang Makabayan (KM) (Jeunesse patriotique) avec Nilo Tayag. C’était leur tâche principale du leadership du PKP. La date de son établissement était l’anniversaire d’Andres Bonifacio, le leader de la révolution philippine de 1896 [contre l’Espagne], et ceci pour symboliser la continuité de la première Révolution démocratique nationale philippine. KM devint la section jeunesse du PKP.
Le 30 janvier 1968, le Samahan Demokratiko ng Kabataan (SDK) ou Association de la jeunesse démocratique fut établi après une scission du KM sur les questions de démocratie organisationnelle et interne. Il participa activement au lancement d’actions de masse contre les pratiques de corruption du gouvernement. Pendant la Première tempête du trimestre (FQS) de 1970, SDK, sous la direction de S. Carlos Jr. et A. Hilario, s’unit à nouveau avec KM dans leurs mobilisations contre les tendances de plus en plus dictatoriales de Ferdinand Marcos [président des Philippines de 1965 à 1986, devenant dictateur après avoir déclaré la loi martiale en 1972]. Parmi les dirigeants proéminents du SDK figuraient G. Olivar (qui devint plus tard un fonctionnaire du gouvernement) et B. Tiamzon (qui devint le président du CPP dans le pays). SDK se dissolut en 1975 au motif que la nouvelle situation exigeait de nouvelles tactiques, de nouvelles formes de lutte et de nouvelles formes d’organisation.
Plus tôt, SDK et KM furent tous deux interdits par le régime fasciste de Marcos en 1972. Dans ses sept années (1968-1975) d’existence, le SDK avait beaucoup contribué à maintenir la lutte contre la dictature et son impact put être vu au-delà de cette période, surtout dans l’établissement et le renforcement du CPP dans ses travaux dans les zones rurales et urbaines.
Il faut noter que les femmes participaient activement aux luttes paysannes dans les zones rurales et aux questions démocratiques dans les zones urbaines également. Beaucoup d’entre elles avaient un rôle de leadership dans la formation des nouvelles organisations et du Parti.
Le mouvement de jeunesse rallia le peuple contre la guerre du Vietnam et les politiciens corrompus. Sison et la direction du PKP n’étaient pas d’accord sur la stratégie et les tactiques du Parti. À cette époque, le PKP mettait l’accent sur les formes légales et ouvertes de luttes après que son groupe armé fut sérieusement affaibli par les Forces armées philippines. Sison et quelques jeunes membres du PKP insistaient que seule la lutte armée avec une organisation armée forte pourrait mener la lutte révolutionnaire à la victoire. À cette époque, ces derniers étaient déjà influencés par l’expérience en Chine. Le conflit mènerait finalement Sison à se séparer du PKP.
L’intensification des mouvements de masse dirigés par les étudiants, le secteur jeunesse et les masses laborieuses et les travailleurs contre la réélection du président Ferdinand E. Marcos et la corruption flagrante de son gouvernement s’était répandue dans de nombreux centres urbains. Le soutien du régime Marcos à l’invasion américaine du Vietnam avait ajouté l’aspect de solidarité internationale et la militance des mouvements de masse massifs.
Le 26 décembre 1968 – (75e anniversaire de naissance du président Mao Zedong) le Parti communiste des Philippines (CPP) fut établi. Il fut fondé sur les pensées marxistes-léninistes de Mao Zedong basées sur les expériences des mouvements de jeunesse, d’ouvriers et de paysans.
L’année 1968 fut connue comme « Le premier grand mouvement de rectification » du Parti nouvellement établi où les critiques de l’ancien parti étaient le contenu de base de son document fondateur. Il fut influencé par la Grande révolution culturelle prolétarienne en Chine [une campagne sociopolitique en Chine de 1966 à 1976]. La ligne politique dans la lutte pour une Révolution démocratique nationale fut définie en deux étapes composées de la Révolution démocratique nationale et de la Guerre populaire prolongée à suivre par la Révolution socialiste. Ceci était principalement basé sur son analyse que le pays était fondamentalement semi-féodal et semi-colonial.
Dans le Congrès fondateur du CPP en 1968, les 13 membres (un pas physiquement présent) avaient présenté leur propre bilan des erreurs idéologiques, organisationnelles et politiques de l’ancien parti. Le CPP avait accusé la direction de l’ancien Parti d’être politiquement opportuniste et idéologiquement révisionniste. Leur programme pour corriger ces erreurs était à travers le lancement du Premier grand mouvement de rectification par le document du Parti « Rectifier les erreurs et reconstruire le Parti » en 1968. C’était aussi durant cette année que le Programme pour la révolution démocratique populaire fut écrit comme guide pour leurs travaux politiques.
Après l’établissement du CPP, la direction du PKP chercha à éliminer et marginaliser Sison et son groupe. Cependant, le CPP réorganisé avait une base plus large et une ligne politique renouvelée qui attira des milliers à rejoindre ses rangs. Le nouveau Parti fut capable de fournir un cadre organisationnel et de combler les lacunes idéologiques pour ces militants et activistes radicalisés par le régime fasciste de Marcos. Beaucoup de ces nouvelles recrues n’étaient même pas des révolutionnaires marxistes.
La direction de l’ancien parti (PKP) était orientée vers Moscou (les Soviétiques) tandis que la jeune direction du CPP était orientée vers la Chine de Mao. Cette dernière appellerait l’Union soviétique un pays socialiste révisionniste.
Le PKP de 1930 devint des partisans pro-gouvernementaux après avoir été pardonnés par le président Ferdinand Marcos. Ils soutinrent le gouvernement dans ses programmes de réforme agraire, une tentative de collectivisation des terres et la révolution démocratique du centre envisagée par Marcos.
Actuellement, le PKP est considéré comme un parti mineur et était récemment dirigé par Pedro P. Baguise et publie Ang Kumunista, actuellement édité par Antonio Paris.
Il serait très important de comprendre qu’au début des années 60, il y avait une tendance dans l’Église catholique de s’ouvrir à des idées nouvelles et fraîches du monde séculier après l’événement ecclésiastique historique du Deuxième concile du Vatican (1962-66) [le Concile Vatican II fut un concile œcuménique de l’Église catholique qui modernisa de nombreuses pratiques]. Il avait beaucoup impacté le développement de l’Église catholique (85% de la population du pays) en termes de son concept de l’Église comme Peuple de Dieu ainsi que ses pratiques guidées par les nouveaux enseignements sociaux de Vatican II.
Autour de cette période, les enseignements et la pratique de l’Église catholique en Amérique latine – la Théologie de la libération – avaient grandement influencé un nombre de prêtres, sœurs et religieux dans leurs travaux pastoraux, surtout dans les zones rurales [la Théologie de la libération était un mouvement théologique catholique qui mettait l’accent sur la justice sociale et la libération des pauvres].
Les deux, le II Concile Vatican et la Théologie de la libération avaient profondément influencé l’Église aux Philippines, surtout à Mindanao [la grande île du sud des Philippines] où juste avant la déclaration de la loi martiale aux Philippines, il y avait déjà la pratique pastorale de construire des Communautés de base où la discussion des causes des inégalités sociales, de la pauvreté et de la justice sociale avait été intégrée aux enseignements et vies quotidiennes des communautés chrétiennes.
Les gens d’Église avaient profondément influencé la radicalisation de nombreux secteurs dans le pays et l’un d’eux était les paysans et leurs mouvements ruraux. Il est bon de savoir que l’établissement du mouvement paysan à l’ère de la guerre froide dirigé par l’impérialiste américain était d’isoler et de rabaisser le mouvement communiste dans sa base rurale.
La Fédération des fermiers libres (FFF) avait été établie plus tôt le 25 octobre 1953 par J. Montemayor et quelques laïcs catholiques et les jésuites à l’Ateneo de Manila [université jésuite prestigieuse] après l’éclatement du mouvement paysan dirigé par le PKP pendant le mandat du président R. Magsaysay. La fédération paysanne fut mise en place avec une orientation anticommuniste.
FFF fut formée pour rabaisser le PKP avec ses racines parmi la paysannerie. La fédération était composée de locataires agricoles, de cultivateurs propriétaires, d’ouvriers agricoles, de pêcheurs et de pauvres colons. Elle avait augmenté son adhésion dans plusieurs provinces vers le milieu des années 60. Les enseignements de l’Église sur la justice sociale furent intégrés dans ses activités éducatives. À la fin de 1971, ses membres avaient atteint 128 560 dans 43 provinces. Elle avait 43 aumôniers provinciaux, 18 sœurs et 33 évêques. Le père E. dela Torre, un SVD [membre de la Société du Verbe divin], devint son aumônier national. Elle avait le père Z. Agatep et le père L. Jalandoni comme aumôniers provinciaux parmi beaucoup d’autres.
Juste avant la déclaration de la loi martiale en 1972, la FFF avec J. Montemayor comme président montrait des signes clairs d’être vraiment réactionnaire et avait exprimé son fort soutien pour le président Marcos et ses programmes.
Le bloc progressiste dirigé principalement par de jeunes membres et religieux avait pris le contrôle de la FFF et élu Charles Avila et Victor Gerardo Bulatao comme certains de ses dirigeants clés. En conséquence, ils mirent toujours Montemayor comme président pour neutraliser la persécution de Marcos de ses membres.
Une grande scission se produisit quand après la déclaration de la loi martiale, Montemayor avait expulsé tous les blocs progressistes dans la direction et s’était nommé dictateur d’un seul homme de la fédération libre des fermiers. Il soutint alors ouvertement la loi martiale de Marcos et son soi-disant programme de réforme agraire.
Beaucoup de jeunes hommes et femmes et les religieux, y compris les prêtres et nonnes qui furent expulsés de la FFF devinrent des organisateurs actifs et dirigeants des mouvements révolutionnaires dans différentes parties du pays. Certains d’entre eux devinrent même des martyrs comme le père Z. Agatep du Nord Luzon et le père F. Navarro du Sud Mindanao. Le père L. Jalandoni devint une figure clé dans le Front démocratique national dirigé par le CPP.
La situation extrême et les persécutions brutales du régime Marcos avaient poussé ces religieux, clergé et nonnes engagés à chercher des options plus progressistes et révolutionnaires en dehors du cadre de l’Église institutionnelle. C’était le CPP et la Lutte démocratique nationale qu’il dirigeait qui comblait cette lacune. La vision et l’appel du CNL avaient été la transformation des Églises dans le cadre démocratique national. En fait, la devise célèbre de Mao de « ... servir le peuple ... » avait été considérée par ces religieux engagés comme partie intégrante de leurs vœux de servir le peuple de Dieu, surtout les pauvres, privés, opprimés et exploités. Certains de ces gens d’Église diraient qu’ils n’avaient pas été recrutés par le CPP parce qu’ils cherchaient à être avec la Révolution démocratique nationale. Ils disaient qu’ils avaient été « recrutés » par le régime fasciste de Marcos pour rejoindre le mouvement révolutionnaire clandestin.
Les Chrétiens pour la libération nationale (CNL) furent établis le 17 février 1972. Le père E. dela Torre devint sa figure clé et CNL devint la plus grande organisation au sein du NDF. En fait, le CNL avait été instrumental dans la formation du NDF. L’organisation nationale démocratique des femmes appelée « Malayang Kilusan ng Bagong Kababaihan » (MAKIBAKA) [Mouvement libre de la nouvelle femme] était l’une des organisations dirigeantes qui aidèrent à initier la formation du NDF.
Le 24-26 avril 2017, le CNL avait lancé son 8e Congrès national quelque part dans une zone Moro à Mindanao [les Moros sont les musulmans des Philippines du Sud]. Cette fois, il devint évident que de moins en moins de participants/membres venaient de l’Église catholique.
Le Parti communiste des Philippines, la Nouvelle armée populaire et le Front démocratique national (CNN)
Le CPP fut fondé en 1968, la NPA le 29 mars 1969, et le NDF le 24 avril 1973.
La Nouvelle armée populaire (NPA) fut fondée par Bernabe Buscayno (Commandant Dante) et Lucio Manlapaz. Ils étaient tous deux des dirigeants provinciaux de l’ancien HMB. KM était devenu la section jeunesse de NPA et plusieurs membres de SDK avaient assisté au premier entraînement militaire NPA à Isabela en 1971. Les deux groupes de jeunesse avaient aidé dans les formations d’unités NPA dans différentes parties du pays. Elle fut formée avec seulement 72 combattants rouges et 3 à 4 douzaines d’armes. Ils menèrent leur lutte armée (AS) basée sur la ligne stratégique de la guerre populaire prolongée. Le gouvernement estima leur force en 2015 à 3 200 combattants rouges et en 2016 et 2017 à plus de 5 000 combattants rouges.
Le CPP fut interdit jusqu’en 1992 quand le gouvernement philippin avait traité le CPP avec la NPA comme organisations illégales. L’Acte anti-subversion de 1957 (R.A 1700) fut levé pendant l’administration du président Fidel Ramos – un ancien général. Le CPP (sur papier) devint légal à partir de 1992.
La NPA collecte des taxes révolutionnaires dans le cadre de ses tâches pour le Gouvernement révolutionnaire populaire. Elle a établi ses fronts de guérilla (GFs) dans 71 des 81 provinces du pays. Le CNN a engagé le gouvernement philippin dans des négociations de paix intermittentes.
Actuellement, à la fois le Parti et la NPA ne sont pas seulement interdits mais considérés par le gouvernement Duterte comme terroristes. Ils furent aussi considérés comme tels par les États-Unis et certains pays européens [Rodrigo Duterte fut président des Philippines de 2016 à 2022].
Un an avant l’arrestation de J.M. Sison – le président fondateur du CPP (1977) –, le CPP dans une brève discussion avec un ancien officier MNLF (promotion 90 avec N. Misuari en 1971 entraînement militaire en Malaisie, frontière Thaïlande) qui devint un cadre CPP au milieu des années 70 rédigea et approuva plus tard en 1976, le programme CPP pour la Lutte Moro pour l’autodétermination nationale. Selon ce programme officiel, le CPP respecte et soutient la Lutte Moro pour le droit à l’autodétermination sous un système oppressif. Les tâches politiques définies seraient d’établir et de construire une alliance avec le Front de libération nationale Moro et son Armée Bangsamoro (MNLF/BMA) et d’avoir des travaux Moro indépendants. Cela signifie que le Parti organiserait les masses Moro tout en travaillant pour une alliance avec le MNLF.
Ce serait différent avec ses travaux avec les peuples de Cordillera et d’autres peuples indigènes.[la Cordillera est une région montagneuse du nord de Luzon habitée par des peuples indigènes]. Le CPP avait considéré ces nationalités minoritaires comme partie intégrante de sa Révolution démocratique nationale et sa stratégie de guerre populaire prolongée (PPW) avec son principe d’encercler les villes depuis la campagne. Il n’a jamais considéré que la Cordillera et les peuples indigènes (CIPs) ont leur propre droit à l’autodétermination et donc, l’accent serait mis sur la construction des Gouvernements révolutionnaires provisoires (PRG) dirigés par le Parti plutôt que de construire et renforcer leurs (CIPs) structures politiques indigènes respectives (IPS) comme partie intégrante du Mouvement démocratique national.
Cette négligence stratégique résulterait plus tard en scissions comme en Cordillera il y eut l’établissement du Front démocratique populaire de Cordillera (CPDF) et l’Armée de libération populaire de Cordillera (CPLA).
Dans le cas des peuples indigènes, les travaux politiques du CPP n’ont jamais inclus la reconnaissance du système de gouvernance traditionnelle et de justice des premiers. Il a été évident que les IPs sont nécessaires au CPP parce qu’ils se trouvent principalement dans les zones rurales et très appropriés pour composer sa force armée principale dans la Nouvelle armée populaire et pourraient aider de manière décisive dans l’encerclement des villes depuis la campagne du PPW.
Les événements qui se déroulent rapidement de la période et leur impact sur les théories et pratiques du CPP
En 1981, la direction du CPP avait déclaré que sa guerre populaire prolongée avait atteint un niveau plus élevé de la sous-étape précoce de la défensive stratégique dans la sous-étape avancée de la défensive stratégique. Elle avait défini l’exigence de pleinement accomplir ce développement tel que l’intensification de ses offensives militaires tactiques et les élever à un niveau plus élevé de commandement (formations de compagnie), lancer des mobilisations de masse larges et massives dans les principales villes et centres de ville. Elle avait aussi souligné les exigences de base de construire des bases de guérilla dans les zones stratégiques définies du pays archipelagique. Il y avait un accent sur la construction de Gouvernements révolutionnaires provisoires (PRGs) dans la campagne avec le NDF servant de centre central et coordinateur des masses de base et secteurs alliés. Les fonctions des PRGs, entre autres, sont de rendre des services sociaux de base. En fait, ceci a été la justification du CPP de collecter la taxe révolutionnaire. Cela fait partie de leur (CPP) revendication de statut de belligérant.
Au milieu des années 80 et surtout après l’assassinat de l’ancien sénateur B. « Ninoy » Aquino Jr. [un leader de l’opposition assassiné en 1983, père de l’ancien président Benigno Aquino III]. par le dictateur, toutes les exigences mentionnées ci-dessus avaient été substantiellement mises en œuvre. Le plus significatif parmi lesquels était les mouvements de masse massifs qui avaient été élevés à des niveaux plus élevés comme les grèves populaires (Welgang Bayan) à Mindanao
Beaucoup de cadres (surtout à Mindanao) avaient discuté de ce que serait la prochaine étape plus élevée après ces types de luttes politiques. Dans beaucoup de zones à Mindanao, des distributions gratuites de terres avec les titres de terre correspondants signés par le NDF/PRG furent données aux fermiers. En fait, c’était l’expression concrète du CPP de contester le pouvoir politique avec le gouvernement dans la campagne. À cause de ces développements très dynamiques, plusieurs cadres pensaient même à ce que serait le prochain niveau ou étape possible dans la sous-étape avancée actuelle de défensive stratégique du PPW. La direction du CPP la définirait comme Contre-offensive stratégique (SCO) la dernière étape de la défensive stratégique.
Avec l’intensification des mouvements de masse révolutionnaires dans le rural mais surtout dans les zones urbaines, il y avait des discussions sérieuses de concrétisation du PPW dans la condition spécifique à cette période quand la dictature devenait de plus en plus isolée. En fait, même avant l’assassinat de l’ancien sénateur B. Aquino en 1983, il y avait des programmes initiés par la direction centrale du Parti concernant les trois combinaisons stratégiques dans l’intensification du PPW comme ; la combinaison de lutte armée et lutte politique, combinaison de zones rurales et urbaines et combinaison de luttes aux niveaux domestique et international. Bien qu’il y ait encore l’accent sur la primauté de la lutte armée, mais d’autres arènes étaient considérées comme importantes sinon décisives dans une situation donnée et le dynamisme d’une période donnée.
Au milieu de 1982, une Conférence du Parti appelée Mayflower fut tenue à Mindanao initiée par Edjop comme chef de la Commission du Parti de Mindanao, pour discuter entre autres de la nature distincte des luttes pour l’autodétermination des Bangsamoro et des IPs. Edjop avait fait une recherche concrète des caractéristiques de base et problèmes des Bangsamoro et des IPs à l’époque. C’était une tentative concrète de réviser la position et politique de 1976 du Parti concernant ces sujets.
La position de la direction (3 des 5 membres Execom) de boycotter les élections éclair en 1986 était un signe clair que la direction du Parti était soit devenue déconnectée de la situation rapide et dynamique ou ils s’étaient obstinément accrochés à leur compréhension et position classiques sur le concept PPW. Cette dernière doit être la raison de l’échec de la direction du Parti à tirer avantage du moment opportun comme le soulèvement populaire à EDSA comme la réaction du peuple après que le dictateur ait triché aux élections éclair [EDSA fait référence à l’avenue Epifanio de los Santos à Manille où eut lieu la révolution populaire de 1986 qui renversa Marcos]. La raison simple était que dans l’étape de défensive stratégique, le Parti croyait qu’il ne pouvait faire aucune action qui pourrait résulter en un changement/décalage soudain dans la position de pouvoir et progresser vers l’offensive stratégique parce que le Parti ne pouvait pas soutenir les exigences possibles nécessaires pour défendre le gain/victoire qu’il aurait pu atteindre.
Avant les premières négociations de paix (1987) entre le Gouvernement de la République des Philippines (GRP) et le Front démocratique national (NDF) représentant le CPP/NPA entre autres, Corazon C. Aquino, la nouvelle présidente [veuve de Ninoy Aquino, elle dirigea la révolution EDSA et devint présidente de 1986 à 1992], avait libéré tous les prisonniers politiques, y compris J. M. Sison. Certains des prisonniers libérés, comme H. Morales et E. dela Torre avaient théorisé qu’en lançant la Révolution démocratique nationale vers la mise en place de la Société démocratique nationale (NDS), il devrait y avoir certaines exigences avant qu’une étape plus élevée puisse être accomplie. C’était dans le contexte du soi-disant soulèvement du Pouvoir populaire d’EDSA. Une étape démocratique populaire devrait être atteinte et pratiquée dans le processus afin d’élargir et renforcer la participation populaire dans les mouvements de masse révolutionnaires en général et dans la Révolution démocratique nationale en particulier. Ce concept de participation et d’action directe par les peuples pour atteindre des changements démocratiques et structurels dans la société fut d’abord appelé – Nouvelle politique et était encore vu par H. Morales et E. dela Torre comme partie nécessaire de la révolution démocratique nationale. Plus tard, ils forgèrent le terme démocratie populaire pour décrire cette partie du processus unique. L’expérience latino-américaine, surtout au Nicaragua, avait aidé dans la compréhension du mot Démocratie populaire ou « POPDEMS ».
Dans les années 1990, la critique interne sur les erreurs au milieu des années 1980 avait mené au Deuxième grand mouvement de rectification (SGRM). Il fut formellement lancé en 1992 et largement complété en 1998. Il fut fait pour apparaître que le lancement du SGRM était pour corriger les erreurs qui causèrent les purges internes du mouvement au milieu des années 1980, principalement à Mindanao, qui tuèrent des centaines sinon des milliers de ses membres sur une allégation d’être des « agents de pénétration profonde » des Forces armées des Philippines et de la communauté de renseignement philippine.
Il faut noter que le CPP-NPA et le NDF (CNN) au milieu des années 80 s’étaient étendus très rapidement (adhésion du CPP à cette époque était d’environ 30 000 et 90 000 activistes à temps plein). La NPA avait déjà élevé ses niveaux organisationnels et de commandement aux formations de compagnie (plus de 20 compagnies à l’époque). Le NDF avait aussi agi comme le corps central dans le gouvernement révolutionnaire provisoire dans les zones rurales qui atteignit les niveaux municipaux. En fait, le NDF avait commencé à affirmer son identité comme distincte mais liée au CPP. Il avait lancé son premier Congrès NDF en 1990 où pour la première fois des discussions profondes furent tenues sur les identités CPP et NDF. Dans ses moins de 100 délégués, seulement un participant n’était pas membre du parti à cette époque.
Dans son élection d’officiers, ce n’était pas le président du CPP qui fut élu comme président du NDF. Le président du CPP fut élu comme vice-président du NDF pour donner l’accent sur le rôle important du CPP dans les travaux du Front uni.
De plus, dans les années 1980, surtout après l’assassinat de Ninoy Aquino en 1983, la dictature de Marcos était dans sa situation la plus isolée et que les mouvements de masse révolutionnaires étaient à leur apogée. Ces luttes politiques étaient dirigées par le CPP et ses activistes ND où Mindanao dirigeait dans ces mobilisations de masse politiques. Les grèves populaires (Welgang Bayan) où le niveau de luttes et étaient continuellement aiguisées vers des formes plus élevées.
Pendant cette période, plus de cadres de Mindanao devinrent membres des organes dirigeants du parti comme dans le Bureau politique (Politburo) et le Comité exécutif (Execom) du Comité central.
Ces développements menèrent Sison à conclure que l’expansion rapide des travaux du Parti à Mindanao étaient les résultats d’opportunisme et de révisionnisme : Ces conclusions subjectives furent vues dans tout le document de « Réaffirmer nos principes de base et rectifier nos erreurs ». Les conclusions du document n’étaient pas le produit d’un bilan approfondi des expériences du Parti (1981-1991), surtout le bilan de Mindanao.
De plus, les soi-disant purges de Mindanao suivirent simplement le modèle des purges antérieures dans le Sud Luzon et Samar [île des Visayas centrales].
Évidemment, ces développements (internes et externes) avaient créé des opportunités favorables pour le CPP de réévaluer et faire quelques changements organisationnels et idéologiques majeurs pour revigorer ses travaux politiques. Au lieu de cela, il avait considéré ces nouveaux développements et changements adaptés à sa pensée classique et avait continué ses tâches révolutionnaires dans les anciens cadres idéologiques et organisationnels. Le CPP avait agi de la manière de l’ancien PKP en résolvant ces contradictions actuelles. Il semble que le Parti était devenu insécure des développements nouveaux et très dynamiques et n’était pas capable de s’ajuster, surtout après la chute de l’Union soviétique, l’Europe de l’Est et la direction capitaliste de la Chine à l’époque.
C’était le début du Deuxième grand mouvement de rectification (SGRM).
Le SGRM résulta en une série de scissions avec le parti et la Nouvelle armée populaire. Prenant en compte la nature du Parti et sa relation avec la machinerie ouverte ou légale, les scissions dans le Parti résultèrent aussi en scissions dans toute la machinerie légale et ouverte.
La plupart des scissions dans le CPP se produisirent dans la période post-1992. Après que JMS écrivit le document Réaffirmer nos principes de base et rectifier les erreurs (26 décembre 1991) – Le Comité central du CPP soutint et approuva le document et les politiques de Sison en juillet 1992 « 10e plénum ».
Et tout comme le PKP avait essayé d’isoler et d’éliminer le CPP nouvellement établi à la fin des années 60, le CPP essaya de traquer et éliminer les dirigeants de ceux qui se séparèrent de lui dans les années 1990. Beaucoup des dirigeants furent déjà assassinés ou neutralisés.
Les principaux Comités territoriaux régionaux du Parti et Commissions qui déclarèrent l’autonomie ou l’indépendance du CN dans la période post-1992 :
– Comité régional de Manille et Rizal avec sa composante armée la Brigade Alex Boncayao de la Nouvelle armée populaire. Les plus grandes formations territoriales CPP en termes de membres (5 000) à cette époque.
– La Commission des Visayas et beaucoup de branches de la direction régionale dans les comités territoriaux du Parti dans les îles de Panay, Negros et Samar [îles des Visayas centrales]. Ils furent aussi rejoints par de grands groupes de la NPA, y compris la formation de taille bataillon à Samar (la seule formation de taille bataillon dans tout le pays) à l’époque.
– Le Comité régional du Parti de Mindanao central avec ses formations NPA complètes.
– Parties de la Commission régionale du Parti de Mindanao occidental mais aucune de sa composante armée.
– La Commission paysanne nationale
– La Commission du front uni national
– La Commission internationale, surtout dans le Front domestique mais aussi beaucoup de son Département international.
– Majorité de la base du 1er Congrès du Front démocratique national. Ils s’appelaient « Verdaderos » [« les vrais » en espagnol]. Ils avaient écrit à la direction centrale du CPP sur leur critique du document de 1991 de JMS.
Dans la dernière partie des années 1990 (1997), la dernière scission majeure en termes de portée territoriale se produisit dans le Comité régional du Parti de Luzon central CLPC. Dans l’étape précoce du SGRM, la direction CLPC avait soutenu le programme et les politiques de Sison mais eut plus tard un désaccord dans l’application des tactiques dans le mouvement de masse rurale. Ils décidèrent de se séparer.
Plus tôt, une série de réunions et dialogues entre et parmi les représentants des territoires et commissions de différentes lignes de travaux s’étaient rencontrés et avaient échangé des idées sur les implications du document Réaffirmer au Parti et aux mouvements révolutionnaires. En fait, quelque part en 1993, la direction du CPP (Execom) avait envoyé un représentant pour avoir un dialogue avec ceux qui s’opposaient au document de JMS. Il fut convenu dans cette discussion que le Comité central du CPP appellerait un autre plénum pour réviser le document mentionné ci-dessus. Ils avaient suggéré qu’il serait appelé 10e Plénum partie II. Une lettre formelle fut faite à l’Execom du CPP qui serait personnellement portée par le représentant Execom. Rien n’avait plus été entendu dudit représentant. Plus tard, sa critique et autocritique (CSC) fut publiée dans le journal officiel du CPP-Ang Bayan. La CSC était centrée sur son accord que le document Réaffirmer était correct et ne pouvait jamais être révisé. Il fut appris qu’il était détenu pendant quelque temps jusqu’à ce qu’il soit pleinement éclairé et récupéré de sa faiblesse et erreurs.
Dans le dernier trimestre de 1994, les différents organes territoriaux du parti sous les comités régionaux du parti qui n’étaient pas d’accord avec les conclusions de Sison et le 10e plénum du comité central se rencontrèrent quelque part dans le Luzon central pour discuter des moyens d’atteindre l’unité idéologique. Il fut assisté par des représentants de MRRC, VISCOM, et Comité régional de Panay, Negros et le CMR. La composante armée était aussi bien représentée dans le Sommet idéologique. Ce rassemblement fut appelé Sommet idéologique.
Il y eut une discussion sérieuse sur les documents de rectification et les principes ML de base et le lancement du Congrès d’un nouveau parti.
Autour de ces périodes, d’autres Comités et Commissions du Parti s’étaient consolidés et essayaient d’établir leurs directions post-CNN respectives. Ce sont l’UFC, la Commission paysanne nationale et le Bureau du front intérieur international. Ils avaient publié un livre qui était une compilation de tous les documents du Parti du groupe de Sison et ceux qui s’en séparèrent. Il s’appelle le « Livre rouge ».
En 1998, les principaux Comités territoriaux du Parti lancèrent le 1er Congrès du Parti des travailleurs révolutionnaires – Philippines avec sa nouvelle composante armée – L’Armée prolétarienne révolutionnaire – Brigade Alex Bongcayao (RWP-P/RPA-ABB). Le Congrès fut tenu dans la base de guérilla du territoire CMR. Il fut assisté par plus de 100 délégués du MR-KR (petite partie), surtout de l’ABB, Commission des Visayas, Panay, Negros et les comités territoriaux CMR. Il fut gardé par une composante armée de bataillon du CMR.
Plus tôt, le Comité du Parti de Luzon central établit le Parti marxiste-léniniste aux Philippines (MLPP) avec sa composante Nouvelle armée populaire transformée en Armée populaire révolutionnaire ou Rebulosyonaryong Hukbong Bayan – RHB. Généralement, ils suivirent la ligne de pensée ML-maoïste. En fait, ils avaient soutenu le groupe Sison dans ses politiques et programme concernant Le grand deuxième mouvement de rectification. Ils ont la même analyse avec la Société philippine actuelle et la même ligne politique de la révolution démocratique nationale. Ils se différencièrent du CPP principalement dans les tactiques dans l’implémentation de ses travaux politiques particulièrement dans le contexte CL.
L’NUFC établit le Partido Proletaryado (PPD) ou le Parti démocratique prolétarien. Leurs travaux politiques sont généralement exprimés dans leur machinerie légale et ouverte comme un mouvement de masse.
Les membres de la Commission paysanne formèrent séparément ou rejoignirent d’autres groupes comme le PPD et certains avaient établi le groupe d’étude ML et la formation appelée PADAYON [mot tagalog signifiant « continuer »].
Autres changements et développements idéologiques, politiques et organisationnels
Un des premiers projets politiques auxquels le RWP-P s’engagea après son Congrès furent les pourparlers de paix avec l’administration devenant impopulaire du président Joseph E. Estrada en 1999 [Estrada fut président de 1998 à 2001]. Et malgré une grande déficience dans les discussions démocratiques sur le contenu et le processus des pourparlers, la majorité de la direction du parti signa l’accord de paix avec le gouvernement Estrada en 2000. En 2001, Estrada fut évincé du pouvoir, ainsi que l’accord de paix signé avec la direction du RWP-P/RPA-ABB.
Toute la direction de la composante Mindanao du RWP-P n’était pas d’accord avec la manière et le contenu de l’accord de paix et en discuta démocratiquement avec la direction du RWP-P. Cette dernière était restée inchangée avec l’accord de paix avec le gouvernement Estrada. Au milieu de 2002, la composante Mindanao du RWP-P se sépara et forma le RWP-Mindanao avec la composante armée renommée en Armée populaire révolutionnaire. Le RWP-M s’engagea avec le gouvernement philippin dans des pourparlers de paix un an après la scission. Le RWP-M avait déjà lancé son deuxième congrès en 2011.
Pendant ce temps, des développements et changements organisationnels s’étaient produits dans les différents territoires et commissions :
Le MRRPC s’était séparé en différents groupes, la direction de la composante partisane ABB rejoignit le RWP-P/RPA-ABB. D’autre part, la majorité des membres du parti de l’ancien Comité régional Manila-Rizal avait établi le Partido ng Manggagawa ng Pilipinas (PMP) ou Parti des travailleurs des Philippines. Il était dirigé par feu Popoy Lagman et le Parti avait focalisé ses travaux politiques avec les travailleurs et les étudiants. Il a maintenu sa méthode clandestine. Une partie de l’ancienne Brigade Alex Bongcayao (ABB) et l’Unité partisane urbaine de l’ancien Comité régional du Parti Manila-Rizal avait établi l’Armadong Partisado ng Paggawa (APP) ou Partisan armé des travailleurs. Cette dernière a opéré dans les principaux centres urbains et les provinces voisines. Le Parti socialiste aux Philippines (SPP) fut établi avec quelques anciens membres PKP et de quelques membres de la Région MR.
Le PPD avait principalement travaillé ouvertement et créé ou rejoint d’autres formations légales. Beaucoup d’entre eux rejoignirent PADAYON – principalement un lieu pour des discussions idéologiques de membres individuels de l’ancien CNN et ses Commissions.
Il y avait eu des initiatives pour avoir un cadre commun pour unir les différents groupes politiques (légaux ainsi qu’illégaux) comme en 2003 une formation légale large fut fondée – Le Laban ng Masa (LNM) [Lutte des masses]. Différentes représentations de divers groupes politiques, y compris ceux qui n’avaient pas fait partie de la tradition démocratique nationale comme le Bukluran ng mga Sosylalista sa Isip at sa Gawa (BISIG) ou Association de socialistes en principes et actions – avaient assisté à l’assemblée fondatrice du LNM. Il était actif dans sa formation précoce mais mourut lentement dans les années suivantes.
Après la scission de 2001 du RWP-M du RWP-P, ce dernier s’était lui-même séparé en deux groupes de plus. Cette fois avec plus d’accent sur les zones territoriales comme la composante MR avec quelques membres à Panay forma le groupe et gravite autour de la formation légale ALAB-KATIPUNAN [Flamme-République]. Il a été appris qu’une des raisons de la scission avec l’ancien RWP-P est la division des ressources qu’ils avaient obtenues quand ils signèrent l’accord de paix avec le gouvernement. Maintenant ce dernier (AK) s’est divisé en 2 formations, l’Areya Progresivo et l’autre qui a gardé le nom formation Alab – Katipunan.
Le groupe Negros du RWP-P a focalisé ses travaux entre autres dans l’arène électorale. Ils ont un représentant à la Chambre des représentants avec la Liste de parti ABANG LINGKOD [Serviteur dévoué].
Le PPD devint partie du Laban ng Masa et a continué avec sa formation et luttes légales. Le PPD devint partie de la formation Sanlakas [Force unie] et Partido ng Manggagawa [Parti des travailleurs]. Ce dernier a focalisé ses travaux politiques avec la classe ouvrière (avec tous ses sous-secteurs) et le secteur jeunesse. Il a été relativement réussi dans ses travaux électoraux et parlementaires. Il opère principalement dans les principaux centres urbains de Manille et quelques parties des Visayas et Mindanao. Le premier avait focalisé ses travaux dans les groupes multisectoriels, paysannerie, jeunesse et femmes. Ils ont aussi des travaux politiques avec les différentes lignes de travaux comme électoraux et mouvements de masse principalement dans les centres urbains du pays.
En 2016, quelques groupes du LNM, Sanlakas et le Sosyalistang Partido ng Pilipinas (SPP) [Parti socialiste des Philippines] avaient formé le Partido Lakas ng Masa (PLM) [Parti Force des masses]. Le Parti a focalisé dans les travaux politiques avec les membres, jeunesse, et groupes multisectoriels et s’engage dans les mouvements sociaux dans les questions démocratiques et sociales.
Quelques cadres CPP qui s’opposèrent à Sison au début des années 1990 rejoignirent des groupes électoraux comme l’AKBAYAN [Citoyen]. C’est une formation électorale large composée de cadres et membres du Bukluran ng mga Sosyalista sa Isip at sa Gawa ou BISIG (une scission du Partido Democratikong Sosyalista ng Pilipinas (Parti démocratique socialiste aux Philippines) ou le PDSP). Outre le Bloc Makabayan ou le Bloc nationaliste au Congrès, AKBAYAN a réussi dans l’arène électorale (relativement aux autres groupes). C’est surtout durant la 2e administration Aquino quand AKBAYAN devint partie de la coalition dirigeante [Benigno Aquino III fut président de 2010 à 2016]. Certains de leurs cadres devinrent même partie du Corps exécutif du gouvernement. Plus tôt, AKBAYAN a quelques membres de la Commission du front uni national et le Département international (Front intérieur) formèrent le groupe de femmes – SIGLAYA [Éclat]. Actuellement, AKBAYAN a un membre à la Chambre des représentants et un membre au Sénat.
La série de scissions mentionnée ci-dessus a montré le dynamisme sans fin des formations et reformations des partis politiques aux Philippines.
Les situations internationales et domestiques ont grandement influencé et joué un rôle important dans les formations et établissements de partis politiques dans le pays. Outre les attaques s’intensifiant des capitalistes néolibéraux sur le mouvement progressiste, la dynamique et l’échec éventuel du modèle socialiste ont profondément affecté les développements des mouvements révolutionnaires du pays.
Il a été une compréhension et pratique commune que la formation d’une nouvelle organisation est une amélioration de l’ancienne avec toutes les leçons apprises des erreurs passées. Les formations de plusieurs organisations et partis dans le pays ont résulté en affaiblir les anciens et plus tard la disparition d’autres. Ce fait ne signifie pas que l’ancien parti qu’ils ont laissé derrière était correct, mais cela signifie simplement que les processus de correction et de rectification des faiblesses et erreurs qu’ils ont initiés n’ont pas été consommés et ils ont fini par commettre et répéter les mêmes erreurs et faiblesses dans le processus de construction de nouvelles formations.
Le CNN a joué un rôle important pour affaiblir et éventuellement causer l’éviction de la dictature. Mais il avait définitivement rencontré des problèmes en élevant davantage la conscience politique des masses laborieuses de son niveau antifasciste au niveau anti-impérialiste. Cette faiblesse a continué à se manifester (pas seulement du CPP) parce que la campagne contre le régime fasciste et ses restes ne sont pas soutenus de sorte que le fils et homonyme du feu dictateur est presque de retour dans la politique principale [faisant référence à Ferdinand « Bongbong » Marcos Jr., qui devint président en 2022]. Il est subtilement revenu au pouvoir en utilisant les milliards de dollars volés au peuple tandis que les organisations et mouvements révolutionnaires sont occupés avec leur dynamique et combats internes.
Actuellement, le fils du dictateur est à un pas du pouvoir avec le soutien évident (ouvertement et secrètement) de l’administration actuelle. Il sera bientôt révélé que la nature complète d’un régime fasciste dans le pays est revenue très vivante et prête à éliminer ceux qui s’opposent à eux.
Il faut prendre en compte que le CNN avait été instrumental dans le développement des meilleurs et plus brillants activistes dans les mouvements, surtout pendant les jours sombres de la loi martiale.
Il y a eu moins d’appréciation par la direction CNN concernant l’impact de la chute post-URSS et le décalage de la Chine vers la direction capitaliste au pays sous le contexte de l’étape néolibérale du capital globalisé.
Les développements mondiaux et nationaux et leur impact sur la lutte Bangsamoro pour l’autodétermination
Le Front de libération nationale Moro (MNLF) fut fondé en 1971 – une scission du Mouvement d’indépendance de Mindanao (MIM) traditionnellement contrôlé. Il a été dirigé par Nur Misuari, un Tausug [groupe ethnique musulman de Sulu] qui étudia et enseigna à l’Université des Philippines dans les années 60 avec Jose Maria Sison. Il (Misuari) fut influencé par l’activisme et la militance du mouvement étudiant pendant la période. Le MNLF visait à séparer Mindanao, Sulu et Palawan [provinces du sud] du gouvernement centré sur Manille dirigé par les gens venant de la nationalité majoritaire. MNLF appelle cela le colonialisme de Manille et le considère comme son problème principal. La compréhension du MNLF de l’oppression nationale a évolué à travers les années.
Avant l’établissement du MNLF, Nur et quelques jeunes membres (connus comme un groupe de 90) obtinrent leur entraînement militaire quelque part dans la jungle entre la Thaïlande et la Malaisie grâce aux dirigeants traditionnels musulmans du MIM qui demandèrent de l’aide à l’OIC [Organisation de la coopération islamique] et cette dernière paya des mercenaires pour rendre l’entraînement militaire aux jeunes recrues moro.
Après leur établissement et avec le soutien financier et logistique de quelques membres de l’Organisation des pays islamiques (OIC), Nur et son nouveau groupe lancèrent des offensives militaires contre le gouvernement philippin à travers les parties sud-centrales de Mindanao continental et les îles de Sulu et Tawi-Tawi [archipel de Sulu].
Ces offensives militaires MNLF entre autres furent utilisées par Marcos pour déclarer la loi martiale dans tout le pays en 1972.
Les méthodes fascistes de suppressions et les attaques militaires intenses par les troupes gouvernementales firent que Misuari transféra sa base au Moyen-Orient. Ce mouvement l’avait rendu, lui et le MNLF, vulnérables aux pressions de l’OIC et de la dictature de Marcos.
En conséquence, en 1976, le MNLF et le gouvernement philippin signèrent un accord de paix appelé – Accord de Tripoli [capitale de la Libye]. Il y eut un long cessez-le-feu qui rendit davantage le MNLF exposé à sa vulnérabilité aux agents gouvernementaux. Dès lors, l’ancienne tactique de diviser pour régner fut appliquée au MNLF par le gouvernement. L’Accord de Tripoli fut implémenté selon l’interprétation et le cadre du gouvernement et l’OIC avait collaboré avec le régime Marcos en neutralisant la militance de la lutte Moro dirigée par le MNLF. Il faut noter que quelques pays membres qui appartiennent à l’OIC ont aussi le même problème de mouvements nationaux dans leurs pays respectifs.
En 1981, le MNLF subit un revers organisationnel avec la scission qui s’appela elle-même le nouveau MNLF. Plus tard, elle devint le Front de libération islamique Moro ou le MILF. Elle était dirigée par Salamat Hashim, l’ancien adjoint de Nur Misuari pour les affaires internationales quand ils étaient tous deux basés à Djeddah, Arabie saoudite. L’adhésion MILF venait principalement de la tribu Maguindanao [groupe ethnique musulman de Mindanao central]. Elle a opéré dans beaucoup de zones dans les parties sud-centrales de Mindanao.
En 1987, un nouveau groupe fut formé du MNLF restant. Il s’appela lui-même le Groupe réformiste MNLF. Il était dirigé par Dimas Pundatu venant de la tribu Maranao [groupe ethnique musulman autour du lac Lanao] et opérait dans les provinces de Lanao.
Dans la dernière partie de 1992, le MNLF dirigé par Nur Misuari signa un autre accord de paix avec le gouvernement Ramos [Fidel Ramos fut président de 1992 à 1998] (2e signature d’un accord de paix). Et dans la partie précoce de 1993, le MILF commença ses propres pourparlers de paix avec le gouvernement qui jusqu’à maintenant sous cinq (5) présidents n’est pas arrivé à conclusion.
Pendant ce temps, Nur Misuari rejoignit le gouvernement du président Ramos. Il participa à l’élection sous la bannière du Parti dirigeant (LAKAS-NUCD) et gagna comme gouverneur de la Région autonome musulmane de Mindanao (ARMM) basée sur la nouvelle Constitution philippine de 1987 (R.A.6734). Son (Misuari) gouvernement autonome ne présenta pas un changement dans la gouvernance locale comme région autonome. Au lieu de cela, elle était lourdement criblée par des questions de corruption. La majorité des masses de base Bangsamoro n’obtinrent pas le bénéfice et ne sentirent pas le changement genuine dans leurs vies sous la gouvernance MNLF.
L’ARMM dirigé par le MNLF dirigé par Nur était si corrompu et inefficace que le gouvernement de Manille soutint un coup qui résulta en la scission du MNLF. Un Conseil de 15 remplaça Nur dans la direction du MNLF et l’ARMM. Le docteur Farouk Hussien fut élu gouverneur ARMM et Muslimin Sema, un ancien secrétaire général du groupe MNLF Nur fut élu comme nouveau président du MNLF et fut élu comme maire de la ville de Cotabato [principale ville de Mindanao central]. L’OIC ne soutint pas ce mouvement du Conseil de 15 contre Misuari mais n’avait rien fait pour corriger le MNLF. Mais elle reconnut toujours le MNLF dirigé par Nur Misuari comme le seul représentant légitime du peuple Moro.
Le changement dans les gouvernements philippins (de Ramos à Estrada) ne fit pas vraiment de changements substantiels. Le Conseil de 15 du MNLF avait continué l’implémentation de l’accord de paix avec le nouveau gouvernement. Un politicien religieux très traditionnel de la tribu Maranao (Mutilan) fut élu gouverneur de l’ARMM. Durant ces temps, Misuari se présenta comme gouverneur à Sulu dans une élection locale et perdit misérablement. Un signe clair qu’il devenait très impopulaire.
Pendant ce temps, durant cette période sous la présidence d’Estrada, une « guerre totale » fut déclarée contre le MILF après qu’il ait suspendu les pourparlers de paix avec ce dernier.
L’année après, cette guerre totale (2001) après qu’Estrada fut évincé du pouvoir, un référendum fut tenu à Mindanao pour identifier les gens et les zones qui voulaient faire partie de l’ARMM. C’était partie de l’accord de paix MNLF-GRP plus tôt, les résultats du référendum devinrent la base pour changer et étendre les zones ARMM. R.A. 9054 avait remplacé R.A. 6734. C’était durant le temps de la présidente Macapagal Arroyo [Gloria Macapagal Arroyo fut présidente de 2001 à 2010]. La République Act (RA) 9054 a étendu les zones couvertes par l’ARMM sous R.A. 6734. Ces zones incluaient la Cité islamique de Marawi [capitale de la province de Lanao del Sur], six (6) municipalités dans Lanao del Norte [province voisine] et plusieurs Barangays [plus petites unités administratives] dans les provinces de North Cotabato et Sultan Kudarat [provinces de Mindanao central].
Les négociations de paix prolongées et leurs implications pour la lutte Moro pour l’autodétermination
Au milieu des négociations de paix entre le gouvernement Ramos et le Front de libération nationale Moro sous Nur Misuari, les corruptions répandues et les négociations prolongées menèrent aux formations de plusieurs groupes extrémistes et islamistes dans les rangs du MNLF. Tous avaient le dénominateur commun d’être mécontents, frustrés et désespérés par la direction des Fronts qui s’enrichissait principalement tandis que les masses Moro et même ces combattants Moro étaient généralement négligés.
Au milieu des années 1990 (1994-1995), l’Abu Sayyaf fut fondé. S’il vous plaît, lisez R. De Silva sur le siège de Marawi et la déclaration de la loi martiale à Mindanao Partie 1 [faisant référence à la bataille de Marawi de 2017 où des groupes terroristes liés à l’ISIS occupèrent la ville]. Les articles de De Silva décrivaient les quatre groupes qui se séparèrent des Fronts Moro (s’il vous plaît allez à l’ESSF et cherchez ces articles).
Mais sortant directement du MNLF est un groupe islamiste-djihadiste bien connu appelé l’ABU SAYYAF dirigé par les Janjalani dans sa phase précoce mais des années plus tard il était dirigé par Isnilon Hapilon. Il a été annoncé qu’Hapilon, qui dirigea le siège de Marawi fut tué durant cette guerre brutale de 6 mois. C’était durant la direction de ce dernier que l’Abu Sayyaf s’était lié lui-même au Daesh [nom arabe de l’État islamique d’Irak et de Syrie ou l’ISIS]. En fait, il y eut une revendication qu’Isnilon Hapilon fut fait l’Émir de l’ISIS en Asie du Sud-Est.
Dans une situation similaire, il y a trois (3) groupes qui vinrent (scissions) du Front de libération islamique Moro (MILF) principalement ; les Combattants de la liberté islamique Bangsamoro (BIFF) en 2008, l’AKP 2009 et les Groupes Maute 2013 [le groupe Maute dirigea le siège de Marawi avec l’Abu Sayyaf]. Ils sortirent tous dans différentes périodes mais tous partagent des contextes et raisons similaires pour se séparer du MILF.
Plus les négociations de paix entre les fronts et le gouvernement sont prolongées, plus les réactions et expressions de frustrations venant des rangs de base des premiers sont extrêmes. Une autre base pour les scissions est le cadre unilatéral des accords de paix imposé secrètement par le gouvernement philippin dans les différentes régions aux Fronts Moro.
Un des points les plus importants dans les négociations de paix est qu’un cadre devrait être mutuellement convenu par les deux parties (groupes révolutionnaires et gouvernement) à la phase préliminaire ou pré-substantive du processus de paix. Comme le portefeuille politique ou le niveau de représentation par chaque partie. Actuellement dans les pourparlers de paix MILF-GPH [gouvernement des Philippines], il devrait être clarifié que le MILF, y compris les Forces armées islamiques Bangsamoro (BIAF) ont la représentation complète et l’autorité de leurs circonscriptions et le GPH devrait aussi représenter et apporter le pouvoir complet du gouvernement (pas seulement l’exécutif mais aussi les branches législative et judiciaire également) à la table de négociation.
Dans le cas des processus de paix entre le MNLF et MILF avec les différents gouvernements après la dictature Marcos, l’exécutif qui négocia directement avec les fronts utilise toujours les autres branches du gouvernement (législative et judiciaire) pour retarder ou manipuler l’autre côté du panel de négociation a toujours obtenu des résultats en sa faveur.
Cela signifie simplement qu’avant que les deux panels se fassent face, ce qu’ils apporteraient à la table, surtout concernant les questions substantielles ont été déjà discutées et convenues par leurs circonscriptions respectives.
Dans le cas des pourparlers de paix MILF-GPH, la Loi de base Bangsamoro (BBL) est un produit de presque 20 ans de négociation avec la Malaisie comme pays tiers facilitant tout le processus de paix. La BBL comme convenue par les deux parties est supposée établir les lignes directrices en construisant le cadre légal de la mise en place du territoire Bangsamoro. Et pour mieux comprendre, c’est pour savoir pourquoi la Région autonome pour les musulmans de Mindanao (ARMM) qui après plus de 40 ans (1976-2016) de négociations le résultat a été considéré comme un projet politique échoué par les gouvernements précédents et actuels.
Actuellement (négociation de paix GPH-MILF), la BBL convenue par les deux côtés a été soumise à l’examen législatif par le Congrès philippin et sera plus tard examinée constitutionnellement par la Cour suprême. La manière dont les deux branches du gouvernement ont été neutralisées et politisées par l’exécutif sous la dispensation présente, cela fera un autre projet politique échoué dans le pays. Il est très ironique que dans la dernière étape du long processus de paix et des négociations difficiles entre les deux côtés, ce seront les politiciens qui auront le dernier mot.
La continuation de ces cadres et approches par le gouvernement philippin, personne ne sera surpris de témoin de négociations inachevées ou prolongées résultant en série de frustrations, désespoir et scissions pendant et entre ces lacunes.
La direction des fronts Moro est principalement composée des intellectuels et de la petite bourgeoisie des Bangsamoro. Ils ont compris la nature de la lutte pour le droit à l’autodétermination comme principalement une libération nationale et non une lutte pour l’émancipation sociale également. La non-implication des masses de base Moro à tous les niveaux de négociations ne construira pas une paix durable. Mais plus important, l’exclusion de l’intérêt et du bien-être des autres peuples dans le territoire revendiqué par les Bangsamoro comme les peuples indigènes (IPs) apportera le processus de construction de paix dans un peuple divisé créant une atmosphère favorable pour la continuation de l’oppression sociale et nationale dans le pays. Et il devrait être considéré que le droit à l’autodétermination de Nation/Peuple ne sera pas pleinement réalisé s’il ne respecte pas le droit à l’autodétermination d’autres nations/peuples aussi petits ou faibles qu’ils soient.
L’approbation bicamérale de la Loi de base Bangsamoro (BBL) du Congrès peut possiblement apporter des développements dans les zones MILF mais peut aussi possiblement isoler ou négliger les intérêts et aspirations des IP dans les zones centrales identifiées et couvertes par les Bangsamoro. Une paix exclusive ne peut définitivement pas apporter des développements inclusifs dans les zones revendiquées par le MILF.
R. dl S.
Notes pour les lecteurs :
[PKP] - Partido Kumunista ng Pilipinas : Premier parti communiste des Philippines, fondé en 1930
[CPP] - Communist Party of the Philippines : Parti communiste des Philippines, fondé en 1968 par Jose Maria Sison
[NPA] - New People’s Army : Nouvelle armée populaire, branche armée du CPP
[NDF] - National Democratic Front : Front démocratique national, coalition d’organisations révolutionnaires
[MNLF] - Moro National Liberation Front : Front de libération nationale Moro, organisation indépendantiste musulmane
[MILF] - Moro Islamic Liberation Front : Front de libération islamique Moro, scission islamiste du MNLF
[ARMM] - Autonomous Region in Muslim Mindanao : Région autonome musulmane de Mindanao
[BBL] - Bangsamoro Basic Law : Loi de base Bangsamoro
[OIC] - Organisation of Islamic Cooperation : Organisation de la coopération islamique
[EDSA] - Epifanio de los Santos Avenue : Avenue où eut lieu la révolution populaire de 1986
[Peso philippin (PHP)] - Monnaie nationale des Philippines (1 EUR ≈ 60 PHP en 2018)
Géographie :
– Luzon : Plus grande île du nord des Philippines, où se trouve Manille
– Visayas : Groupe d’îles centrales des Philippines
– Mindanao : Grande île du sud, majoritairement musulmane dans certaines régions
– Sulu : Archipel musulman au sud-ouest des Philippines
Contexte historique :
– Loi martiale (1972-1981) : Période dictatoriale sous Ferdinand Marcos
– Révolution EDSA (1986) : Révolution populaire qui renversa Marcos
– Commonwealth américain (1935-1946) : Période d’autonomie sous tutelle américaine
– Indépendance (1946) : Fin de la colonisation américaine
Groupes ethniques :
– Bangsamoro/Moro : Musulmans du sud des Philippines
– Tausug : Groupe ethnique musulman de Sulu
– Maguindanao : Groupe ethnique musulman de Mindanao central
– Maranao : Groupe ethnique musulman autour du lac Lanao
Europe Solidaire Sans Frontières


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