
Introduction
Mes frères et sœurs,
Aujourd’hui, nous sommes réunis ici, devant le Club national de la presse, pour dénoncer une grave injustice. Récemment, l’une des plus grandes ONG de notre pays, l’ASA (the Association for Social Advancement, l’Association pour la promotion sociale), a licencié arbitrairement des milliers de ses salarié.e.s. Ces travailleuses et travailleurs, qui ont consacré les meilleures années de leur vie au service des communautés rurales, à la lutte contre la pauvreté et au bien-être de la population, se retrouvent aujourd’hui à la rue, sans prestations sociales, sans indemnités de départ, sans même recevoir leur salaire dû.
Pire encore, au lieu de traiter ces travailleurs avec dignité, la direction de l’ASA les a humiliés, menacés et présentés comme des criminels. Il ne s’agit pas seulement d’une injustice, mais également d’un abus flagrant et d’un acte inhumain.
Les origines du problème
Mes chers et chères ami.e.ss,
Certain.e.s de ces employé.e.s travaillent pour l’ASA depuis 10, 15, 20, voire plus de 25 ans. Ils et elles ont construit cette institution avec leur sueur et leur sang. Sans leurs efforts inlassables dans les villages et les villes du Bangladesh, l’ASA n’aurait jamais pu devenir une institution gigantesque qui gère aujourd’hui des projets d’une valeur de plusieurs milliards de taka, provenant de donateurs nationaux et internationaux.
Pourtant, aujourd’hui, ces mêmes personnes qui ont bâti la réputation de l’ASA sont mises au rebut. Selon les informations publiées dans les quotidiens nationaux, un licenciement massif de ce type est sans précédent au Bangladesh. À l’heure où le gouvernement parle de « créer des emplois », l’ASA a au contraire détruit du jour au lendemain les moyens de subsistance de milliers de personnes, plongeant des milliers de familles dans la précarité.
Nous devons nous poser la question suivante : les ONG ont-elles pour vocation de contribuer au bien-être des populations, ou ne sont-elles que des machines au service des profits et des intérêts des donateurs ? Si leur objectif est le développement, pourquoi les travailleurs eux-mêmes sont-ils plongés dans la misère ?
Le sort des travailleurs
Mes frères et sœurs,
Perdre son emploi n’est pas seulement le problème d’un individu. Cela affecte toute une famille. Les enfants d’un travailleur ou d’une travailleuse licencié.e sont contraints d’abandonner l’école. Les membres de la famille se retrouvent sans couverture médicale. Les feux des cuisines de milliers de foyers s’éteignent.
Ces travailleur.es ont déjà enduré des décennies de difficultés : longues heures de travail, bas salaires, absence de congés et charge de travail énorme. Pourtant, ils ont continué parce qu’ils croyaient servir la société. Aujourd’hui, au lieu de leur accorder une reconnaissance, des prestations de retraite ou au moins ce qui leur est dû légalement, l’ASA les a abandonnés les mains vides.
Ce n’est pas seulement immoral, c’est illégal.
La loi, les droits et la justice
Chers et chères ami.e.s,
La législation du travail au Bangladesh est très claire : tout travailleur.e licencié.e doit recevoir un préavis, le paiement de ses arriérés de salaire et l’intégralité de ses avantages sociaux, y compris les gratifications et autres avantages. ASA a enfreint tous les aspects de cette loi. Au lieu de remplir ses obligations, elle intimide les travailleurs, les menace et répand des mensonges.
Nous devons le dire d’une seule voix : aucune institution, aussi importante soit-elle, ne peut se placer au-dessus de la loi. Si l’État n’intervient pas pour protéger les droits des travailleur.es, les promesses du gouvernement en matière de « développement inclusif » ne resteront que des paroles en l’air.
La conspiration des « faux certificats »
Camarades,
La direction d’ASA nous sert aujourd’hui une nouvelle explication aussi brutale que savamment calculée. Certains hauts responsables affirment que les certificats des travailleur.es licencié.es sont faux, que leurs diplômes ne sont pas disponibles en ligne et qu’ils ne recevront donc aucune indemnité.
Posons-nous les questions suivantes :
Pourquoi l’ASA s’est-elle soudainement réveillée après 20 ou 25 ans pour vérifier les certificats ?
Pourquoi n’a-t-elle pas soulevé cette question au moment du recrutement ?
Pourquoi a-t-elle attendu que les collaborateurs et collaboratrices aient consacré leur jeunesse, leur énergie et leur vie à l’institution ?
La réponse est simple : cette accusation est un stratagème délibéré et malveillant. Pendant plus de deux décennies, l’ASA a pleinement exploité ces personnes, tirant le maximum de leur travail. Aujourd’hui, au moment de leur verser leurs indemnités de service et leurs cotisations de retraite, elle invente des motifs. Cette histoire de « fraude aux certificats » n’est qu’un prétexte pour priver ces personnes de leurs rémunérations légitimes.
Il ne s’agit pas seulement de négligence, mais d’une fraude calculée, d’une trahison, d’un complot visant à dépouiller ces personnes de plusieurs millions de takas.
Nos revendications
À l’issue de ce rassemblement de protestation, nous présentons des revendications claires et inconditionnelles :
1. La réintégration immédiate de toutes les personnes licenciées abusivement.
2. Le versement intégral des prestations de service, des gratifications et des salaires dus à tou.te.s les employé.e ;s, y compris ceux et celles qui ont pris leur retraite ou ont quitté l’entreprise.
3. La fin des intimidations, des menaces et du harcèlement à l’encontre des travailleurs.
4. La reconnaissance des droits syndicaux dans le secteur des ONG, afin que les travailleurs puissent s’organiser et se défendre contre tout licenciement arbitraire à l’avenir.
5. Une enquête gouvernementale sur les pratiques illégales d’ASA et la poursuite des responsables.
Nous l’affirmons avec force : il ne peut y avoir de développement sans justice pour les travailleurs. Le véritable développement ne peut venir que de la sueur et des sacrifices des travailleurs, et non de l’argent des donateurs ou des décisions prises dans les salles de réunion des directions.
Une perspective plus large
Mes frères et sœurs,
Il ne s’agit pas ici uniquement de la situation chez ASA. Il s’agit de la situation de tous les travailleur.es du Bangladesh : les ouvrières et ouvrier du textile, les ouvriers et ouvrières agricoles, les femmes dans les usines, les journaliers dans les champs. Partout, nous constatons la même exploitation : bas salaires, licenciements brutaux, déni des droits, conditions de travail dangereuses.
C’est pourquoi cette lutte ne concerne pas uniquement une seule ONG. Elle s’inscrit dans le cadre d’une lutte plus large pour les droits de tous les travailleurs et travailleuses du Bangladesh. De l’industrie textile aux champs, nous devons nous unir. Nous devons construire un mouvement fort, intrépide et sans compromis.
Conclusion
Amis et camarades,
Cette manifestation d’aujourd’hui doit trouver un écho dans tout le pays. Nos voix doivent atteindre les villages, les usines, les champs et tous les lieux de travail. Nous le déclarons haut et fort : les travailleurs et travailleuses licenciés par ASA doivent être réintégré.e.s immédiatement. Leurs cotisations doivent être payées en totalité.
Et que cela soit clair : si nos revendications ne sont pas satisfaites, ce mouvement ne s’arrêtera pas là. Nous porterons cette lutte devant les tribunaux, dans les rues et devant le peuple, jusqu’à ce que justice soit faite.
Ensemble, nous sommes forts. Ensemble, nous luttons. Ensemble, nous vaincrons.
Merci.
Badrul Alam
Président, President, Bangladesh Krishok Federation (Fédération des paysans du Bangladesh)
Europe Solidaire Sans Frontières


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