Syndicat National CGT-Inra
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Document réalisé le 08/10/2007
La CGT-Inra, à l’occasion du lancement du « Grenelle de l’environnement »
tient à rappeler sa position sur les OGM et plus particulièrement sur les
cultures de plantes transgéniques (PGM).
S’il peut être une tribune à des mouvements peu entendus d’habitude, le « Grenelle de
l’environnement » n’est certainement pas un modèle de concertation et l’on sent bien
que beaucoup de choses sont réglées à l’avance. Il n’a en tout cas pas grand-chose à voir
avec les accords obtenus contre le patronat et le gouvernement au printemps 1968, à la
suite de l’un des plus puissants mouvements sociaux du XXe !
Mais au moment où d’aucuns, par voie de presse, dévoient les conclusions pourtant
diverses et mesurées des chercheurs de l’INRA pour appeler à la généralisation des
cultures d’OGM, nous tenons à rappeler, en tant que première organisation syndicale de
l’INRA et forte de notre représentation dans l’ensemble des instances de l’organisme,
que les choses sont loin d’être aussi simples.
Les recherches scientifiques conduites à l’INRA - comme l’ensemble du développement
d’innovations socialement utiles - restent soumises aux lois du marché et les
orientations actuelles du gouvernement et de l’OMC ne font que renforcer cette
tendance néfaste. Le développement des recherches sur les plantes, y compris
transgéniques, est entravé par une vision mercantile de l’agriculture, qui est déjà la
cause de graves déséquilibres mondiaux. Instrumentalisée par les oligopoles
biotechnologiques, cette technologie porteuse de progrès possibles risque, dans les
conditions actuelles, de mettre à mal notre potentiel de recherche pour un progrès
génétique au service de tous. Ce progrès génétique ne se limite pas aux recherches sur
la transgenèse et les OGM, tant il est possible de créer des variétés améliorées et
performantes, répondant à la demande sociale, en utilisant des techniques non-OGM.
Partant de cette analyse, la CGT-Inra appuie sa position sur un certain nombre de
considérations :
– Les plantes transgéniques (PGM) ne feront pas plus de miracles que la
génétique en général, mais pas nécessairement moins non plus.
– Aujourd’hui, il n’y a pas de démonstration probante de l’efficacité
extraordinaire généralement prêtée aux OGM végétaux pour l’environnement
et la santé ; les PGM actuellement commercialisés le restent au profit unique
des multinationales agroalimentaires.
– Chaque OGM pose des problèmes spécifiques de sécurité écologique et
agronomique.
– L’utilisation de PGM en plein champ pose les problèmes de résistance accrue
des ravageurs aux agents de sélection portés par les PGM.
– Il n’existe à ce jour aucune mesure efficace pour empêcher et contenir les
flux de gènes entre champs cultivés à l’échelle du territoire. En conséquence,
attacher des sanctions à la présence de gènes particuliers dans des produits
agricoles est inique et devrait pour le moins entraîner une série de mesures
techniques et juridiques protégeant agriculteurs et consommateurs, mesures
qui ne sont pas prises actuellement.
– Le système des brevets et la mise en culture d’OGM sous licences sur le
territoire national mettent en danger le système de certification des semences
et de libre accès aux ressources génétiques.
– La création de PGM résistants à divers pesticides ou ravageurs entraîne un
diktat des firmes agro-biotechonologiques et semencières sur les agriculteurs
vis-à-vis de leur utilisation.
– D’autres voies de progrès génétiques (hybridations, sélection récurrente,
introgression, etc.) existent déjà et doivent être développées.
– La non-brevetabilité du vivant est indispensable au développement du progrès
génétique.
– Transgenèse et production de plantes OGM sont des techniques qu’il faut
développer et maîtriser à l’INRA pour les besoins des citoyens, et en vue de
contribuer à résoudre des questions d’intérêt universel : connaissances des
génomes et de leur fonctionnement, innovations variétales utiles intégrées à
une vision d’ensemble de la production agricole.
– Pour la plupart des caractères importants en agriculture durable, un transgène
ne pourra être utile que dans une plante améliorée sur l’ensemble de son
génome (et non sur un seul gène), d’où le nécessaire développement simultané
des techniques d’améliorations qui s’adressent à l’ensemble du génome.
– La mise en place d’une agriculture de type durable, basée sur l’utilisation de
la biodiversité des espèces et l’utilisation raisonnée des assolements et des
rotations afin de faire baisser les pressions parasitaires, reste plus que jamais
une alternative sérieuse à une production généralisée de PGM résistants à
divers herbicides ou ravageurs.
– Seule une recherche publique, et totalement indépendante des financements
privés, est légitime pour mener des études sur les avantages et les
inconvénients des OGM.
Dans ce contexte, le moratoire de la culture des OGM est nécessaire, et l’État
doit assurer à l’INRA les moyens de conduire des recherches sur le sujet.
En rupture avec son suivisme ordinaire, la Direction Générale de l’INRA doit
prendre des mesures pour libérer la recherche publique de ses liens
exclusifs avec quelques compagnies semencières (notamment à travers les
contrats de l’ANR) et argumenter auprès des autorités pour une nouvelle
orientation de la recherche publique.