« Science sans conscience n’est que ruine de l’âme », disait Rabelais au XVIe siècle. Mais dans la France sarkozyste du XXIe siècle, science avec conscience est d’abord ruine de la carrière scientifique. Des faits troublants laissent à penser qu’une recherche indépendante, qui ne reste pas confinée dans les labos mais se tourne vers la société, est potentiellement subversive ; et doit donc être censurée. Christian Velot est chercheur à l’institut de génétique et de microbiologie d’Orsay.
Il participe régulièrement à des conférences publiques sur les problèmes sanitaires et environnementaux liés aux OGM. Sa fonction de chercheur ne l’empêche donc pas de contribuer au débat public sur les nouvelles technologies agricoles, bien au contraire. C’est trop pour la direction de son institut, qui multiplie les pressions, supprime ses crédits, l’empêche de suivre des étudiants en thèse, l’oblige à déménager son labo et, pour finir l’exclut de l’institut à la fin de son contrat en 2010.
À l’heure où la commission Attali, qui porte le doux nom de Commission pour la libération de la croissance française, souhaite supprimer le principe de précaution de la Constitution parce qu’il serait un frein à la croissance, il ne fait pas bon être un chercheur critique ; alors, quand celui-ci met son savoir au service des mouvements sociaux... Christian Velot a, en effet, témoigné au procès des faucheurs volontaires d’OGM. La révolution pour l’environnement, que Jean-Louis Borloo appelle de ses vœux, impliquera-t-elle une recherche indépendante des pressions des lobbis économiques ?