BANGKOK CORRESPONDANT
Un parlementaire musulman ancien « djihadiste » du sud des Philippines a été tué, mardi 13 novembre, dans une attaque à la bombe contre la Chambre des représentants du Congrès philippin à Manille. Deux employés ont également trouvé la mort et sept autres personnes ont été blessées. Une motocyclette piégée jetée contre la voiture de Wahab Akbar, 47 ans, a provoqué une forte déflagration alors que le député quittait les lieux à l’issue d’une séance parlementaire. Selon la police, il était la cible de cet attentat.
Militant indépendantiste dans sa jeunesse, Wahab Akbar avait été, dans les années 1990, membre du groupe islamiste Abou Sayyaf qui cherche à établir un califat musulman dans le sud de l’archipel. Il s’en était séparé devant la multiplication des actes de grand banditisme meurtrier imputés au groupe. Elu gouverneur de la province méridionale de Basilan, il s’était illustré, à partir de 2002, pour son enthousiasme envers l’intervention d’un encadrement militaire américain dans les offensives des troupes gouvernementales contre Abou Sayyaf.
Cet attentat contre l’un des lieux les plus sécurisés du pays s’ajoute aux difficultés qu’affronte la présidente Gloria Macapagal Arroyo. Le 24 octobre, une forte explosion avait fait onze morts et une centaine de blessés dans un centre commercial de la capitale. Cette explosion avait été tout d’abord imputée à un acte terroriste, en raison de traces d’un explosif militaire, le C4. Quelques jours plus tard, la police remettait, sans convaincre, un rapport pointant plutôt un accident dû à des bouteilles de gaz mal entreposées.
Malgré les succès de la lutte armée contre les insurgés du Sud - où plusieurs chefs d’Abou Sayyaf ont été tués depuis fin 2006 - Mme Arroyo est en chute dans les sondages de popularité. Plusieurs enquêtes sur des affaires de corruption la touchent, relançant les incertitudes sur la fin de son unique mandat électif, en 2010. La plus sérieuse a été évitée, en octobre, quand la présidente a annoncé à la Chine que son pays renonçait à un gros contrat d’équipement en télécommunication à haut débit pour lequel son époux, José Miguel Arroyo, était soupçonné de bénéficier d’un dessous-de-table estimé à 70 millions de dollars. Etaient impliquées plusieurs autres personnalités proches de la présidente, dont les postures de pieuse catholique ne trompent guère les défavorisés.
Le 26 octobre, Mme Arroyo a eu recours à un expédient pour calmer l’opinion en graciant sans préavis son prédécesseur, Joseph Estrada, pourtant condamné à la détention perpétuelle pour prévarication à hauteur de 60 millions d’euros alors qu’il était en fonctions. Chassé du pouvoir par un soulèvement civil pacifique en 2001, ce dernier n’en conserve pas moins une réelle popularité auprès des couches modestes largement privées des retombées de la croissance économique.