ISLAMABAD CORRESPONDANTE
Alors que l’ex-président du Sénat, Mohammedmian Soomro, a prêté serment, vendredi 16 novembre, comme premier ministre intérimaire, la classe politique pakistanaise est suspendue à la visite du secrétaire d’Etat adjoint américain, John Negroponte, prévue le jour même.
Les autorités pakistanaises, lâchant du lest, ont levé, dans la nuit de jeudi à vendredi, l’assignation à résidence de l’ex-premier ministre Benazir Bhutto et celle de la présidente de la commission indépendante des droits de l’homme, Asma Jahangir. Quelques heures plus tôt, la diffusion de plusieurs chaînes de télévisions nationales et internationales a été rétablie. Mme Bhutto a estimé, vendredi, que le gouvernement de transition était « inacceptable ».
La visite de M. Negroponte intervient alors que les Etats-Unis montrent de plus en plus de signes d’impatience vis-à-vis du général-président Pervez Musharraf. Le président Georges Bush « veut que l’état d’urgence soit levé ». « Cela dépend du président Musharraf qui a la responsabilité de restaurer la démocratie », a souligné, jeudi, une porte-parole de la Maison Blanche.
La capacité du président pakistanais « à demeurer un partenaire dans la guerre contre le terrorisme dépend beaucoup de la suite des événements au Pakistan », a renchéri le secrétaire américain à la défense, Robert Gates. « Le président Musharraf est un grand allié dans la guerre contre le terrorisme depuis le 11-Septembre », a-t-il ajouté, mais il « doit clairement renoncer à l’état d’urgence et devenir un civil ».
La crise s’est aggravée jeudi lors de manifestations en faveur de Mme Bhutto à Karachi. Deux garçons de 11 ou 12 ans ont été tués par des tirs indéterminés. Le Parti du peuple pakistanais de Mme Bhutto a accusé la police d’avoir tué un de ses sympathisants.
Françoise Chipaux
* Article paru dans le Monde, édition du 17.11.07.
LE MONDE | 16.11.07 | 15h23 • Mis à jour le 16.11.07 | 15h23.
L’armée pakistanaise tue une centaine de combattants islamistes
Une centaine de militants islamistes ont été tués depuis mercredi au cours d’une offensive militaire dans la vallée de Swat, dans le nord-ouest du Pakistan, pour repousser les combattants proches d’Al-Qaida qui en avaient pris le contrôle, a indiqué l’armée vendredi.
Mercredi, des hélicoptères de combats avaient bombardé plusieurs repaires des combattants qui obéissent à un leader fondamentaliste, le maulana (« notre maître » en arabe) Fazlullah, et qui s’étaient emparés récemment de la quasi-totalité des villes du district de Swat. Les combats de mercredi avaient fait 33 morts parmi les insurgés selon l’armée, qui a perdu deux soldats dans un tir de roquette. Deux civils avaient également été tués. Jeudi, soixante autres combattants islamistes, dont l’un de leurs chefs, ont été tués dans de nouveaux combats, a indiqué à l’AFP le porte-parole de l’armée, le général Waheed Arshad. Aucun bilan côté militaire n’était disponible vendredi matin.
LA VALLÉE DE SWAT, SYMBOLE DE LA « TALIBANISATION »
L’armée a repris la direction des opérations en début de semaine dans la vallée de Swat après la fuite ou la reddition des paramilitaires et des policiers. Dimanche, le président Pervez Musharraf avait annoncé une contre-offensive majeure pour reprendre le terrain perdu. Le chef de l’Etat a instauré l’état d’urgence le 3 novembre afin précisément, selon lui, de lutter contre la recrudescence des attentats islamistes et la progression dans le nord-ouest des combattants radicaux pakistanais, épaulés souvent par des « étrangers », talibans afghans ou membres d’Al-Qaida.
La magnifique vallée, qui suit le lit de la rivière Swat au pied de la chaîne himalayenne de l’Hindou Kouch, haut lieu il y a encore quelques mois du tourisme pakistanais, est devenue le symbole de la « talibanisation » du pays, selon la presse et l’opposition au général Musharraf. Les insurgés, partisans du maulana Fazlullah, veulent y faire régner la charia originelle, la loi islamique stricte telle que prescrite par le Coran, et tenter de rétablir l’état princier autonome qui fut dissout en 1969. Le mouvement de Fazlullah, le Tehreek Nifaz-e-Shariat Mohammadi, « Mouvement pour l’application de la loi de Mahomet », revendique des milliers de combattants.
LEMONDE.FR avec AFP | 16.11.07 | 10h13 • Mis à jour le 16.11.07 | 10h46