Le numéro deux du département d’Etat américain, John Negroponte, a estimé, dimanche 18 novembre à Islamabad, où il a rencontré le président pakistanais Pervez Musharraf, que les Etats-Unis ne pensaient pas « que l’état d’urgence était compatible avec l’environnement nécessaire à la tenue d’élections libres et honnêtes ». « Nous réclamons que l’état d’urgence soit levé et tous les détenus politiques libérés. »
M. Negroponte a aussi souhaité la reprise du dialogue entre le général Musharraf et l’ex-premier ministre Benazir Bhutto, ce que cette dernière n’a pas exclu, affirmant : « Voyons si la visite de Negroponte porte ses fruits. » Le Parti du peuple pakistanais (PPP) qu’elle dirige et la Ligue musulmane de l’ex-premier ministre Nawaz Sharif, en exil, ont décidé de boycotter lundi la réunion de la commission électorale qui doit décider du code de conduite durant les élections prévues avant le 9 janvier 2008.
Par ailleurs, 91 personnes ont été tuées en trois jours de combats entre sunnites et chiites dans la zone tribale de Kurram. - (AFP, AP.)
* LE MONDE | 19.11.07 | 14h41
La Cour suprême valide l’élection de Pervez Musharraf
ISLAMABAD CORRESPONDANTE
Remodelée avec des juges favorables au pouvoir, la Cour suprême a rejeté, lundi 19 novembre, toutes les pétitions contestant le droit du président Pervez Musharraf à se représenter pour un deuxième mandat présidentiel, alors qu’il est toujours chef de l’armée.
La dernière pétition liée à l’élection présidentielle que doit encore examiner la Cour ne concerne pas le général Musharraf, et les juges devraient en décider jeudi. La commission électorale devrait donc être en mesure, en fin de semaine, de déclarer élu pour un deuxième mandat de cinq ans le général Musharraf, qui a remporté, le 6 octobre, le scrutin présidentiel boycotté par l’opposition. Le général Musharraf pourra alors, comme il l’a affirmé à de multiples reprises, renoncer à son poste de chef de l’armée et prêter serment en civil.
Les Etats-Unis accentuent leur pression pour une reprise du dialogue entre le président pakistanais, à qui ils réclament la levée de l’état d’urgence et la libération de tous les opposants, et l’ancien premier ministre Benazir Bhutto. L’ambassadrice américaine au Pakistan, Anne Patterson, s’est entretenue, lundi à Karachi, avec Mme Bhutto, qui n’a pas totalement exclu une reprise du dialogue avec le chef de l’Etat avec qui elle avait négocié son retour.
L’autre ex-premier ministre en exil à Djedda, Nawaz Sharif, a rejeté toute idée de rencontre avec le général Musharraf qui devait se rendre, mardi, en Arabie saoudite. Autre opposant notoire, l’ex-star du cricket Imran Khan, détenu depuis quelques jours, a débuté une grève de la faim pour demander la réinstallation des juges et du premier d’entre eux, Mohammad Iftikhar Chaudhry.
Sur le terrain, les combats qui opposent, dans la zone tribale de Kurram, frontalière de l’Afghanistan, des tribus sunnites à une tribu chiite, ont repris lundi. L’armée s’est déployée pour tenter de séparer les combattants. Près de 107 personnes ont été tuées en quatre jours d’affrontements.
L’armée accentue aussi sa pression, dans la région de Swat, sur les islamistes fidèles au mollah Fazlullah. Des renforts sont arrivés sur place alors que le directeur des opérations militaires, le général Ahmed Shuja Pasha, avait annoncé, samedi, une opération pour « débarrasser le district des combattants islamistes ».
Françoise Chipaux
* Article paru dans l’édition du 21.11.07.
LE MONDE | 20.11.07 | 14h30 • Mis à jour le 20.11.07 | 14h30