ISLAMABAD CORRESPONDANTE EN ASIE DU SUD
L’exil en Inde de l’écrivaine bangladaise Taslima Nasreen est de plus en plus menacé par des groupes extrémistes musulmans qui réclament son expulsion du pays. Après avoir quitté précipitamment Calcutta, jeudi 22 novembre, suite aux manifestations liées notamment à sa présence, l’écrivaine, qui s’était alors réfugiée à Jaipur (Etat du Rajasthan), a dû fuir une nouvelle fois vendredi, les autorités provinciales craignant des troubles. « Je ne peux pas dire où je suis, mais j’ai laissé mon cœur à Calcutta, a-t-elle déclaré au quotidien anglophone Hindustan Times, du lieu où elle se cache. Je suis désespérée. Je traverse une période éprouvante et ce cauchemar doit cesser. »
Mme Nasreen, qui vit en Inde depuis environ deux ans, a reçu le soutien de plusieurs groupes d’intellectuels. Son cas a fait l’objet de débats au Parlement, vendredi. Les nationalistes du Parti du peuple indien (BJP, opposition) ont demandé que le gouvernement lui attribue la nationalité indienne. Les communistes au pouvoir dans l’Etat du Bengale occidental (dont Calcutta est la capitale) ont défendu son droit de résider là où elle le souhaite, précisant que son cas relevait de la responsabilité du gouvernement fédéral.
New Delhi avait refusé, en 2005, d’accorder la citoyenneté indienne à Mme Nasreen qui vit en exil entre l’Europe, les Etats-Unis et l’Inde depuis qu’elle a été menacée de mort par des islamistes au Bangladesh, en 1994, pour des écrits considérés comme portant atteinte à l’islam. Plusieurs de ses livres sont interdits dans ce pays. Ses ennuis en Inde se sont multipliés cette année. En mars, un groupe islamiste du nord du pays a promis une récompense pour sa décapitation.
En août, elle a été agressée publiquement par des militants musulmans à Hyderabad, où elle s’était rendue pour la sortie de son livre en telugu (langue locale). [1]Depuis, elle est poursuivie en justice pour offense à l’islam et risque jusqu’à trois ans de prison pour « avoir attisé la discorde, la haine et la malveillance » entre groupes religieux. Son visa expire en février 2008. Les autorités indiennes devront décider d’ici là quelle suite donner à sa présence.