Bernard Kouchner — l’homme qui lave Total plus blanc — a toujours le mot pour rire. Interpellé, à l’occasion du voyage de Sarkozy, sur les libertés en Chine, il a répondu, d’un air fort pénétré, qu’il ne fallait pas voir les choses « par le petit bout de la lorgnette » : « l’urgence, c’est la Birmanie » [1]. Diable ! Voilà qui annonçait une forte ambition quand le président de la France, pays occidental le plus engagé dans ce pays sous dictature militaire, rencontrait celui de la Chine, principal partenaire économique de la junte. L’occasion rêvée de prendre une initiative majeure à même de faire enfin plier les gouvernants birmans. Las, le sommet a accouché d’une (minuscule) souris : Hu Jintao se serait engagé à user de toute son influence pour... aider Bernard Kouchner et sa secrétaire d’Etat aux Droits de l’homme, Rama Yade, à obtenir un visa pour la Birmanie.
Pendant ce temps-là, un comité onusien a adopté un projet de résolution (non contraignante) condamnant la junte birmane et demandant la libération des détenus. Les pays de l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (mieux connue sous son sigle anglais Asean), dont la Birmanie fait partie, ont refusé de voter en faveur de ce projet. L’Association envisage certes la création d’un organisme sur les droits humains. Mais ce dernier aurait notamment pour mandat de protéger les pays membres des « ingérences extérieures ». Pas question, souligne Rangoun, de « faire honte » à l’un d’entre eux. [2]
Décidemment, à l’heure du voyage de Sarkozy en Chine, le peuple birman reste bien seul.