La construction du barrage des Trois-Gorges s’est officiellement achevée le 20 mai 2006. Il s’agit du plus grand complexe hydroélectrique jamais construit dans le monde. Décidé en 1989, après la sanglante répression contre le mouvement pour la démocratie, ce barrage, dont le réservoir est long de 660 kilomètres (une distance comparable à celle qui sépare Bordeaux de Paris), exige le déplacement de près de deux millions de personnes. Ces déplacements de populations se font le plus souvent à coup de bulldozers et d’interventions musclées des forces de répression.
Les conséquences écologiques de la construction d’un tel barrage ne sont absolument pas maîtrisées et les risques d’accident considérables. Dans un livre publié en 1987, et qui depuis a été interdit, huit experts estimaient qu’en cas d’accident, « l’eau descendrait en cascade directement sur les villes de Wuhan et de Changsha. L’ampleur de la catastrophe et le nombre de morts défieraient l’imagination ». Et Shanghai elle-même, la ville la plus peuplée de Chine, pourrait être menacée.
Enfin, comme le fait remarquer Sébastien Godinot, des Amis de la terre : « La France a des responsabilités dans le projet. Alstom est fournisseur de plusieurs grandes turbines et BNP-Paribas a fait un prêt de 100 millions de dollars, avec une garantie de la Coface, l’agence française d’assurance-crédit à l’exportation pour le compte de l’État. » Le discours sur la défense des droits démocratiques, une fois encore, s’efface devant les intérêts financiers des multinationales.