Quatre morts, près de 3 000 voitures brûlées, des écoles et des gymnases incendiés, plus de 2 000 arrestations et des centaines de condamnations, sans compter les expulsions à venir... Il aura fallu tous ces drames et cette explosion sociale pour que l’on découvre enfin la détresse d’une partie de la jeunesse - et souvent des familles - vivant dans nos banlieues.
Cette révolte, sans projet politique, marque la faillite de tous les pouvoirs, de gauche comme de droite, qui se sont tous inclinés devant la logique infernale du capitalisme. La situation des quartiers, de ses habitants, notamment des enfants d’immigrés, est une synthèse parfaite, poussée à l’extrême, de tous les maux de cette société : crise du logement, désertion des services publics, appauvrissement des moyens scolaires. Sans oublier le racisme et le harcèlement quotidiens des flics.
Face à cette détresse sociale, le gouvernement répond par la répression : Villepin et sa clique ont décidé de proroger de trois mois l’état d’urgence. Chirac, venu défendre à la télévision cette mesure digne d’un État d’exception, n’a proposé aux jeunes qu’un misérable service civil volontaire, loin de toutes réponses concrètes.
Mais l’explosion dans les banlieues aura aussi été l’occasion de démasquer une certaine gauche, prête en de tels événements à se réfugier derrière le bouclier institutionnel et policier de Sarkozy. Il en va ainsi pour une série de dirigeants du PS ou élus communistes, comme André Gérin, qui a même reproché à Marie-George Buffet sa critique de Sarkozy.
Aujourd’hui, les banlieues se soulèvent, mais c’est toute la France populaire qui souffre et exige, plus que jamais, une alternative politique et sociale. Seule une mobilisation du monde du travail sera capable d’entraîner ces jeunes dans un combat commun qui n’opposera plus les exclus aux exclus, les pauvres aux pauvres, mais les rassemblera sur les valeurs du « tous ensemble ».
L’exclusion suscite la violence, que seule la justice sociale peut empêcher.