Villepin vient d’invalider la récente loi Fillon, ministre qui n’avait pas osé revenir sur l’âge de la scolarité obligatoire. Cela fait des années que les gouvernements essayent de promouvoir l’apprentissage, comme voie de formation concurrente des lycées professionnels publics. Les lois existantes permettent, aujourd’hui, d’être apprenti de 16 à 25 ans, pour passer tous les diplômes - du CAP à celui d’ingénieur. La récente loi Borloo s’est fixé l’objectif de 500 000 apprentis contre 350 000 environ actuellement.
Pour justifier cette mesure, Villepin invoque les jeunes « qui n’ont pas le goût, n’ont pas l’envie, ou qui ont décroché ou qui ont quitté l’école », mettant dans le même sac des situations bien différentes. En effet, nombreux sont les jeunes qui « quittent » l’école sans l’avoir décidé. À chaque rentrée scolaire, les fermetures de sections, en lycée professionnel notamment, et la réduction des moyens laissent sans solutions scolaires des milliers de jeunes, interdits de redoublement ou ne trouvant pas de place dans les formations de leur choix. Ils se retrouvent à la rue, sans formation et sans diplôme.
Beaucoup de jeunes sont sans école, alors même qu’ils n’ont pas 16 ans. D’inspections académiques en collèges, chacun se renvoie la balle et, au bout du compte, refuse la scolarisation, en toute illégalité. Mais les discriminations touchent aussi les jeunes scolarisés d’origine étrangère, en lycées professionnels, qui trop souvent ne trouvent pas de stage.
Tous les syndicats enseignants sont scandalisés par la mise en place de l’apprentissage à 14 ans, qu’ils analysent comme un retour en arrière, un message méprisant vis-à-vis des jeunes, la mise en place d’une ségrégation scolaire qui triera encore plus les jeunes en fonction de leur origine sociale. Le 8 novembre, Villepin a donc officialisé l’inégalité de la jeunesse devant les études. Il refuse de donner les moyens à l’école de s’adapter aux besoins des élèves en difficulté. Il encourage l’institution scolaire à éjecter les élèves « à problèmes » dès 14 ans, voire avant, à un âge où le projet professionnel n’est pas défini. C’est la marque d’un gouvernement au service du Medef et du CAC-40.
Ce n’est pas de moins d’écoles, de formations, de professeurs, de personnels pour accueillir les jeunes, dont nous avons besoin. Bien au contraire. C’est pourquoi, il faut porter à 18 ans l’âge de la scolarité obligatoire et affecter à l’Éducation nationale tous les moyens humains et matériels nécessaires, pour la réussite de tous et l’obtention de la meilleure qualification possible.
La grève du 24 novembre, à l’appel de plusieurs syndicats du second degré (FSU et CGT) doit être massive. Prévu contre le décret sur le remplacement interne des professeurs absents, contre la loi Fillon et les milliers de suppressions de postes d’enseignants prévues, cette grève doit être le moyen de dire massivement « non » à l’apprentissage à 14 ans.