La recomposition politique de la gauche de l’échiquier politique italien connaît actuellement de nouveaux rebondissements, dans la continuité d’une évolution dictée à la fois par la réforme du système politique caractéristique de la 2e république d’une part, et par la crise de représentativité que ce même système génère. Après la naissance du Parti démocratique (PD, un nouvel hybride issu de la gauche démo-chrétienne et de la majorité des DS, majorité de l’ancien PCI) d’inspiration sociale-libérale, le reste de la gauche réformiste plus ou moins « radicale » s’est retrouvée à Rome, les 8 et 9 décembre, pour lancer une « fédération » dont la couleur « arc-en-ciel » tient lieu de programme et la politique institutionnelle, d’horizon politique. Les militant-e-s issus de l’aile gauche des ex-DS (dont la majorité à rejoint le PD), les Verts, le PRC (Partito della rifondazione comunista), et le PdCI (communistes italiens, ancienne scission du PRC) ont proclamé ainsi leur volonté d’occuper l’espace libéré par la dissolution des DS, et de contribuer ce faisant, au déplacement à droite du centre de gravité de l’échiquier politique.
Cette fuite en arrière, ou plutôt à droite, se combine, par le hasard du calendrier, avec l’aboutissement d’un autre processu politique, initié par une dissidence à l’intérieur du PRC, et d’opposition à la politique du gouvernement de « centre-gauche ». La conférence nationale des 7-9 décembre de l’association Sinistra Critica [1], a en effet proclamé, à l’issue de ses travaux, sa rupture définitive avec le PRC, et le lancement d’une nouvelle organisation politique autonome, ouverte sur sa gauche. Avec la volonté de coller au plus près aux besoins immédiats des mouvements et de leur base sociale, la nouvelle version de SC adopte une structure organisationnelle souple, segmentée horizontalement par des « cercles » territoriaux ou thématiques, et par des coordinations provinciales.
Elle affirme, contrairement à la « fédération arc-en-ciel », son orientation stratégique anti-capitaliste, son rejet du social-libéralisme et la subordination de toute politique institutionnelle aux besoins des mouvements sociaux. La convergence politique qu’elle préconise est à construire autour des luttes contre la précarité, contre la guerre, contre le racisme, pour les droits civils, le féminisme et l’écologie. Le projet est ouvert aux réseaux de militant-e-s, au syndicalisme de base, aux centres sociaux et qux coordinations de luttes sectorielles. Des représentant-e-s des COBAS, du syndicat des travailleurs, de la fédération des métallurgistes (FIOM), du réseau des communistes, des désobéissants du Nord-Est, et des représentants des coordinations contre l‘élargissement de la base OTAN de Vicenza, ont d’ores et déjà adhéré à ce projet.