RÉUNION NATIONALE DE JEUNES
Nouvelle génération militante
Samedi 15 décembre, la première réunion nationale de jeunes pour la création d’un nouveau parti anticapitaliste a attiré 150 personnes, venues de seize villes différentes (Alençon, Le Mans, Toulouse, Reims, Vitry-le-François, Limoges, Guéret, Dijon, Amiens, Chambéry, Tours, Nancy, Bordeaux, Grenoble, Rennes, région parisienne).
L’objectif de la réunion nationale de jeunes du samedi 15 décembre était, au sortir du premier semestre, de faire un bilan d’étape de huit semaines de mobilisation contre la loi sur les libertés et responsabilités des universités (LRU, loi Pécresse sur l’autonomie des universités), mais aussi des premières expériences de réunions, de comités pour la création d’un nouveau parti anticapitaliste. Cette journée a aussi été l’occasion d’approfondir les discussions sur le parti que nous voulions construire, avec un débat introduit par Daniel Bensaïd, « Comment changer le monde ? »
Après l’élection de Sarkozy, personne ne s’attendait à des mobilisations d’ampleur aussi rapidement. On nous disait qu’il était impossible de résister aux attaques de ce gouvernement. Ce mouvement, ainsi que la grève des cheminots, ont prouvé qu’il était possible d’agir. Il redonne confiance dans la capacité de résistance. Mais nous n’avons pas réussi – pour le moment – à faire céder le gouvernement. Notamment parce que nous ne sommes pas parvenus à impliquer le plus grand nombre dans la construction quotidienne de la grève : notre mouvement n’a pas été assez massif pour entraîner les secteurs déterminants du monde du travail. Il est pourtant clair que nous n’avons perdu qu’une bataille, et les discussions qui ont cours parmi les étudiants et les lycéens ayant participé à la mobilisation portent sur la préparation de la reprise de la grève, le plus vite possible, sur les revendications propres des jeunes, et en solidarité avec celle des travailleurs.
Le bilan de ce mouvement pose avec une plus grande acuité encore la nécessité d’un nouveau parti. Pour que de nouvelles luttes émergent rapidement, nous avons besoin de beaucoup plus de gens qui agissent au quotidien pour préparer le terrain. Nous avons besoin de beaucoup plus de militants. Pour que les prochaines luttes remportent des victoires, il faut aussi que nous soyons plus nombreux à défendre la massification et la généralisation de la grève, ainsi que les liens entre les différents secteurs… Nous avons besoin d’un outil qui organise la nouvelle génération militante qui a émergé pendant les mouvements contre la loi Fillon, dans la révolte des quartiers populaires, dans la lutte contre le CPE et contre la loi LRU. Nous avons besoin d’un outil qui soit utile aux luttes, pour que les militants combatifs soient capables de taper sur un même clou dans les moments décisifs ; un parti qui se fixe pour objectif de renverser cette société, et pas simplement de gagner une grève de temps en temps.
La réussite de cette première réunion nationale de jeunes pour la construction d’un nouveau parti anticapitaliste prouve que la campagne pour un nouveau parti, menée par la LCR et les JCR, rencontre un écho significatif dans la jeunesse. Les premières expériences de réunions publiques tentées sur les facs et les lycées ne font que confirmer cet écho : 42 personnes à Nanterre, 60 à Toulouse-Le Mirail, 40 à Bordeaux... Des comités pour un nouveau parti se constituent dans ces universités. Ils rassemblent plusieurs dizaines de jeunes qui commencent à s’impliquer dans la construction de ce nouveau parti anticapitaliste. Il faut généraliser ces expériences de « comités jeunes » pour un nouveau parti et chercher à organiser toute la jeunesse combative, dans les facs, les lycées, les quartiers.
Correspondant
GIRONDE
Signes encourageants
Suite à l’appel de la LCR à créer un nouveau parti anticapitaliste, la section jeune de la LCR Bordeaux a organisé diverses réunions. Deux d’entre elles ont eu lieu à la fac de Bordeaux 3, qui a connu trois semaines de blocage et plusieurs mois de mobilisation contre la loi LRU. Le premier rendez-vous a réuni 45 personnes, le second – lors d’une grève totale des transports en commun –, 25. Les participants étaient, pour la plupart, des étudiants mobilisés contre la loi sur les libertés et responsabilités des universités (LRU), venant de divers courants : anarchistes, libertaires, sympathisants du PCF et beaucoup de personnes non organisées.
La volonté de transformer notre expérience récente de lutte en combat politique plus large est aujourd’hui partagée. Les discussions ont permis d’aborder les questions politiques de fond, plus difficiles à discuter dans l’urgence de la lutte, et elles ont exprimé aussi les acquis de la mobilisation auxquels chacun est resté attaché, l’auto-organisation notamment : chacun s’est dit attaché à la réelle nécessité de repenser un mode d’organisation interne le plus démocratique possible. Aucune illusion, non plus, vis-à-vis de la « gauche » institutionnelle, pas plus qu’envers une improbable « recomposition » de la gauche antilibérale (pas une fois n’ont été évoqués les collectifs du 29 Mai). Il existe, de fait, une réelle volonté de reconstruire, à la base, un outil résolument neuf, quitte à repenser les concepts moins bien compris, tout en réaffirmant l’urgence de la lutte et de la grève.
La création d’un comité de la jeunesse anticapitaliste au sein de la fac la plus combative de Bordeaux est un début, que d’autres combats poursuivront. Un matériel propre (et non plus LCR) a déjà été créé, qui permet dores et déjà aux jeunes non encartés à la LCR de travailler avec nous à l’extension de cette expérience dans les autres facs, mais aussi dans les lycées et chez les jeunes travailleurs. Au sein de ce comité de la jeunesse anticapitaliste, les camarades de la LCR sont déjà minoritaires, alors même que nos idées ne le sont pas : une attente existe, à laquelle les révolutionnaires doivent aujourd’hui répondre ; une dynamique, née de l’accumulation de luttes et de la volonté de se battre encore, ensemble.
Marie et Fanny
RÉUNIONS PUBLIQUES
Initiatives réussies
Les réunions et les rencontres sur le thème du nouveau parti anticapitaliste se multiplient. Comptes rendus des rendez-vous de Montreuil, Aulnay-sous-Bois, Castres et Privas.
MONTREUIL (SEINE-SAINT-DENIS)
Le coup d’envoi est donné !
Vendredi 14 décembre, il fallait être courageux pour venir et, surtout, pour rester dans une salle d’école particulièrement mal chauffée, mais le résultat a été à la hauteur de nos espoirs : près de 70 personnes et un premier échange qui nous a tous réjouis. Pas de « vedette américaine » à la tribune, mais le travail opiniâtre d’une section locale qui a réussi à faire venir, en plus d’un certain nombre de sympathisants, une partie des militants syndicaux ou associatifs que nous côtoyons depuis des années dans les luttes, les amis des amis, et un certain nombre de personnes rencontrées grâce à nos activités publiques. Seul bémol : les militants du PCF et de Lutte ouvrière ont apparemment boudé la réunion…
Après un topo introductif insistant sur la nécessité d’articuler luttes sociales et projet politique, les premières interventions ont vite révélé la diversité des attentes : faut-il un parti ou quelque chose de plus souple ? Celui qui est proposé ne risque-t-il pas de ressembler un peu trop à ce qu’est déjà la LCR ? Le parti n’est qu’un outil, mais sera-t-il suffisamment efficace pour prendre des initiatives dans la lutte de classe ? Sera-t-il assez ouvert pour prendre en compte toutes les sensibilités, même libertaires ? Une camarade de la fraction minoritaire de Lutte ouvrière est intervenu assez vite dans la discussion pour se déclarer en accord avec le projet politique tel qu’il a été défini depuis la tribune.
Une militante associative de longue date a expliqué les raisons pour lesquelles, après des années de résistances sociales, il lui semble indispensable de disposer d’un instrument supplémentaire pour donner une cohérence et un espoir à nos luttes. Un nouvel adhérent, qui a préféré rejoindre la LCR sans attendre 2008, a insisté sur les possibilités qui existent en Europe, notamment en Italie. Un militant du collectif antilibéral s’est montré plus critique : ce n’est pas forcément le bon moment, après avoir laissé échappé l’occasion après 2005, ni forcément la bonne méthode, en privilégiant l’unité des révolutionnaires.
Mais d’autres ont rendu hommage à la capacité de la Ligue de se remettre en cause au moment où elle rencontre un succès. Des camarades de la LCR sont également intervenus, pour insister à la fois sur notre disponibilité à rediscuter de tout, et sur l’importance de garder le cap d’un parti qui cherche non seulement à rompre avec le capitalisme mais également avec ses institutions… Rendez-vous est pris en janvier, avec deux tâches, distinctes mais indispensables : un collectif pour le nouveau parti, où celles et ceux qui ne sont pas membres de la LCR doivent pouvoir prendre toute leur place sans attendre, et une liste pour les élections municipales. Il n’y a désormais plus une minute à perdre.
AULNAY-SOUS-BOIS (SEINE-SAINT-DENIS)
Olivier Besancenot débat avec les salariés de Citroën.
Depuis la grève de six semaines pour les 300 euros d’augmentation et l’embauche des intérimaires, Olivier Besancenot est devenu un habitué du parking de Citroën-Aulnay. Mercredi 12 décembre, il y est revenu pour discuter les propositions de la LCR et notre appel à créer un parti dans lequel nous nous représenterons nous-mêmes, en rupture avec toutes les anciennes organisations. Une soixantaine de salariés ont écouté la prise de parole, sont venus nous saluer, mais le climat a bien changé depuis le printemps dernier. Derrière les grilles, le service de sécurité en nombre rappelait à chacun la pression que la direction met pour tenter de regagner le terrain perdu pendant la grève. Dans un contexte de réorganisation globale, la direction multiplie les coups : licenciement d’un ancien gréviste, sanctions avec mise à pied contre les délégués syndicaux de SUD et de la CGT. Ce qui provoque pourtant des réactions. 400 salariés ont débrayé contre le licenciement et des collectes sont organisées pour les délégués sanctionnés.
Plusieurs militants de SUD et de la CGT ont poursuivi la discussion, pendant plus d’une heure, convaincus que, dans cette situation, il fallait se poser le problème de s’organiser politiquement. Pour eux, le nouveau parti devrait se donner comme projet, mais aussi comme moyen, ce qu’ils ont commencé à vivre pendant la grève, à travers leur organisation dans le comité de grève : « apprendre à prendre la parole », « libérer l’imagination des salariés », « faire ensemble ce dont ils ne se seraient jamais crus capables individuellement ». Rendez-vous est pris pour continuer la discussion.
CASTRES (TARN)
Discussion avec Alain Krivine.
Environ 70 personnes ont participé au meeting débat avec Alain Krivine sur le nouveau parti anticapitaliste, le 15 décembre dernier. Un véritable succès en période non électorale et le signe du renouveau et du développement de la LCR dans le sud du Tarn ! Ce meeting était précédé de trois ateliers de discussion. Dans l’atelier sur le nouveau parti, la discussion fut la plus animée. Pourquoi construire un parti ? N’y a-t-il pas d’autres formes d’actions plus proches des gens ? Ce nouveau parti pourra-t-il vraiment intégrer d’autres expériences militantes que celles des membres de la LCR ? Concernant l’écologie et le nouveau parti, il y avait un accord de fond sur la nécessité de la lutte anticapitaliste pour résoudre les problèmes globaux comme la crise climatique.
L’importance du contexte structurel, national et international, même concernant les actions concrètes et locales, fut l’objet d’une discussion intéressante entre les participants. L’atelier sur les résistances contre Sarkozy a permis de faire un premier bilan des luttes des étudiants de la fac d’Albi et de la fac du Mirail à Toulouse. Lors du meeting final, les participants étaient favorables à l’initiative pour un nouveau parti anticapitaliste, mais ils restaient plutôt dans l’expectative. Ils attendaient de nouvelles initiatives de la part de la LCR. Rendez-vous est donc pris après le congrès national de la LCR, avec des réunions décentralisées dans plusieurs villes du Tarn.
PRIVAS (ARDÈCHE)
Des paroles aux actes.
Fin novembre, la section LCR de Privas organisait une réunion publique : message aux contacts et distribution d’un tract dans la manifestation du 20 novembre, mais pas d’invitation aux organisations en tant que telles. Une quinzaine de personnes se sont retrouvées pour cette première rencontre. Deux militants PCF sont venus défendre la position de leur parti. Quelques autres militants, issus de la culture PCF et CGT ont, en revanche, décidé de rejoindre le processus pour le nouveau parti anticapitaliste. Très intéressés également, deux jeunes animateurs des luttes lycéennes et deux personnes issues des comités Bové (dont un syndiqué SUD).
Très vite, une réunion de lancement du groupe local « nouveau parti anticapitaliste » a été initiée. Nous étions onze à cette deuxième réunion – quinze en comptant ceux qui s’étaient fait excuser – soit trois fois la taille de la section LCR. Il a été décidé d’organiser des réunions mensuelles. Quatre débats sont prévus : sur la démocratie dans les luttes et dans le futur parti, sur le capitalisme, les classes sociales et l’anticapitalisme ; sur le pouvoir, les rapports aux exécutifs et au PS ; sur l’écologie, la décroissance, le productivisme. La première initiative publique du groupe sera de tenir une table au marché, sous une banderole « Pour un parti anticapitaliste », en distribuant un tract présentant ses activités locales et les enjeux nationaux. Nous avons décidé de ne pas faire apparaître le sigle LCR sur le matériel du groupe, mais la figure d’Olivier Besancenot comme référence politique et « accroche » auprès du public.
Bref, cela prend forme, et on commence à y croire. Le groupe devrait encore s’élargir, chaque « nouveau » pouvant ramener quelqu’un d’intéressé. Reste que nous aurions besoin que sortent du congrès des perspectives claires (calendrier, mode d’emploi un peu unifié nationalement sur la base des expériences locales), et nous aimerions disposer d’un matériel d’apparition non siglé LCR qu’on puisse reprendre localement avec le groupe NPA.
Correspondants