TOKYO CORRESPONDANCE
Le gouvernement japonais a choisi de passer en force pour faire adopter la nouvelle loi antiterroriste. Ce texte prévoit la reprise du ravitaillement des navires de la coalition menée par les Américains dans l’océan Indien pour des opérations en Afghanistan. Son adoption en deuxième lecture par la Chambre basse, vendredi 11 janvier, est intervenue peu après son rejet par la Chambre haute, dominée par l’opposition depuis les élections de juillet 2007.
Le choix du premier ministre Yasuo Fukuda et de sa formation, le Parti libéral-démocrate (PLD), de passer outre la décision de la Chambre haute témoigne de l’importance de la question pour le chef du gouvernement. Depuis l’arrêt des ravitaillements, le 1er novembre, plusieurs pays, Etats-Unis en tête, pressaient le Japon de les reprendre.
Avant de devenir premier ministre en septembre, M. Fukuda a critiqué l’attaque américaine de l’Irak. Il tient cependant à ménager le premier allié de l’Archipel et s’est engagé, en novembre, auprès du président George Bush, à obtenir la reprise de la mission.
Le vote met également fin à plusieurs mois de querelles de politique intérieure. Dès la victoire de juillet, le Parti démocrate du Japon (PDJ) et son dirigeant, Ichiro Ozawa, se sont prononcés contre la prolongation de la loi antiterroriste, la jugeant inconstitutionnelle et prônant une intervention directe en Afghanistan sous la forme d’une aide à la reconstruction.
Le PDJ a empêché la prorogation du texte avant son échéance, le 1er novembre. Le gouvernement a dû prolonger deux fois la session parlementaire pour le faire adopter. Entre-temps, le premier ministre a proposé à M. Ozawa la création d’une coalition parlementaire réunissant majorité et opposition. Une controverse a éclaté sur les quantités exactes de carburant fournies et sur le fait que certains navires américains ravitaillés étaient engagés dans des opérations en Irak. La loi japonaise limite l’aide à ceux opérant sur le théâtre afghan.
La PDJ a tenté de jouer de ces arguments pour empêcher la prolongation. Profitant de sa dynamique de victoire et du faible taux de soutien du gouvernement, il souhaitait aussi obtenir des législatives anticipées. En vain. Ces efforts infructueux pourraient même hypothéquer son avenir. Le quotidien Asahi, pourtant proche du PDJ, estime, dans son édition du 11 janvier, que le parti traverse « une crise qui soulève des questions sérieuses sur sa capacité à gouverner ».