Nicolas Sarkozy ne manque pas une occasion de chanter la religion et de louer « Dieu, qui n’asservit pas l’homme, mais qui le libère, Dieu, qui est le rempart contre l’orgueil démesuré et la folie des hommes », comme il le fit encore le 14 janvier dernier à Riyad, en Arabie saoudite [1]. Rappelant son « respect » pour « ceux qui croient au ciel », il a cette fois pris soin d’ajouter — et « ceux qui n’y croient pas : athée, franc-maçon, rationaliste ».
Mécréants, nous voilà touché de l’attention (ou de la compassion ?) dont le représentant de la République française fait preuve à notre égard. Nous qui vivons la désespérance puisque, à en croire son discours de Latran au Vatican [2], il faut être « croyant » pour porter « l’espoir ». Nous qui ne sommes pas apte à « gouverner », manquant de l’indispensable sens de la « transcendance » — notre Président étant pour sa part fort bien doté, possédé qu’il est d’une véritable « vocation » : comme un « prêtre ».
Enfants de l’école publique, quel sens donner à notre vie, vu que « jamais » ( !! ), au dire du chef d’Etat, « l’instituteur » ne pourra « remplacer le pasteur ou le curé » dans « l’apprentissage du bien et du mal » ? Comment aussi nous inscrire dans l’histoire alors que « les racines de la France sont essentiellement chrétiennes » ? C’est donc aux dignitaires religieux (musulmans, dans le cas des « cités ») qu’il reviendrait de proposer des valeurs « à tous ces jeunes qui ne croient plus en grand chose ». Quelle peut être notre utilité, nous à qui, comme à ce pauvre instituteur, il « manquera toujours ( !! ) la radicalité du sacrifice de sa vie et le charisme d’un engagement porté par l’espérance. ». Une espérance nécessairement religieuse, voire ecclésiastique.
Est-ce par erreur que notre président s’est fait élire homme d’Etat, lui qui se voit si bien homme d’Eglise ? Allez, faisons un vœux pour 2008 : que Nicolas Sarkozy se consacre à son nouveau sacerdoce, — chanoine de Saint Jean de Latran —, et qu’il exerce ses talents au Vatican auprès de Benoît XVI dont il dit partager tant de convictions. Et nous, nous resterons sur les terres de la laïcité qui sont parfois si jolies.