Après maintes tergiversations, avancées et reculs, une première victoire vient récompenser des années de lutte contre les cultures en plein champ de plantes génétiquement modifiées. Le Grenelle de l’environnement s’était conclu sur la promesse d’un moratoire sur le maïs MON 810, produit phare de la firme Monsanto. Mais cette promesse fut rapidement remise en cause par le refus du gouvernement d’activer la clause de sauvegarde auprès de l’Union européenne, lui permettant d’interdire la culture d’OGM sur le territoire français.
Une forte pression s’est, dès lors, exercée sur le gouvernement, en particulier à travers la grève de la faim de militants anti-OGM, dont José Bové. Le 9 janvier, la Haute autorité d’évaluation a remis son rapport au gouvernement, dans laquelle elle émet des doutes sérieux sur l’absence de dangerosité du MON 810, en particulier concernant ses incidences sur la faune et la flore et sa dissémination sur des dizaines de kilomètres. Ce rapport reprend, de fait, les analyses de la Confédération paysanne et de l’Alliance pour la planète remises au gouvernement en novembre. Finalement, le gouvernement, qui avait déjà repoussé le débat parlementaire en février, a annoncé que la clause de sauvegarde serait activée rapidement. Concrètement, cela signifie qu’il n’y aura pas de culture d’OGM en France en 2008, ce qui a soulevé la colère des gros céréaliers, de la FNSEA et de responsables de l’UMP.
Une deuxième phase de la lutte anti-OGM s’engage désormais à l’approche du débat parlementaire censé débuter le 5 février. Il s’agit de passer d’une décision ponctuelle, qui peut être remise en cause dès 2009, à une loi interdisant définitivement la culture d’OGM en plein champ ainsi que dans les nourritures animales. On sait que les défenseurs des OGM sont aux abois et vont tout faire pour contrecarrer le moratoire actuel. À nous, par une campagne publique et des manifestations, d’obtenir cette interdiction définitive, ainsi que l’amnistie de tous les faucheurs volontaires, qui n’ont fait qu’appliquer avant l’heure la récente décision gouvernementale.
Il faut combattre, en particulier, les tentatives de légiférer sur l’organisation de la coexistence OGM/non-OGM, qui ne peut conduire qu’à une pollution des cultures, mais aussi le commerce international des plantes transgéniques. Alors que la future présidence française de l’Union européenne doit tirer un bilan d’étape de la politique agricole commune, une interdiction des OGM en France serait un formidable encouragement pour les luttes anti-OGM du continent.