On a entendu, dans les médias, qu’en moyenne, les revenus agricoles ont augmenté de 12 % en 2007. Mais l’augmentation ne concerne pas tout le monde, ce chiffre cachant d’énormes disparités. En creusant un peu, on se rend vite compte que ce sont les céréaliers – qui ont, le plus souvent, d’importants moyens de production – qui empochent le pactole. Ceux qui profitent pleinement de cette injuste politique agricole commune (PAC) ont vu leurs revenus exploser de 98 % cette année ! De l’autre côté, il y a le reste de la paysannerie qui, même au-delà de la diversité géographique ou de production, a subi une chute vertigineuse de ses revenus : - 23 % pour les éleveurs de bovins, - 28 % pour les éleveurs d’ovins, - 35 % pour les producteurs de fruits et légumes, - 59 % pour les producteurs de porc... Sur 500 000 exploitations agricoles françaises, près de 300 000 voient leurs revenus s’effondrer !
Non pas que la barrière entre les paysans se situe entre les différents types de production : elle réside dans la taille des structures. Il se trouve que, la plupart du temps, les grosses structures opèrent dans des productions avantageuses par leurs marges, mais aussi dans les dispositifs d’aides publiques... D’ailleurs, ceux qui détiennent ces « superstructures » préfèrent être appelés « agrimanager » plutôt que paysans. Ils délimitent eux-mêmes le fossé.
Les variations brutales des revenus sont dues aux dérégulations des marchés agricoles mises en place par l’OMC, dont on ne présente plus celui qui est à sa tête (Pascal Lamy, PS). Ces variations sont accentuées par la PAC, imposée par le système capitaliste mondialisé. Ces disparités sont aussi dues au coût des matières premières, qui restent soumises aux spéculateurs financiers...
Et, pour couronner le tout, dans ces « 12 % de hausse moyenne des revenus agricoles », le calcul prend en compte la disparition de 3 % de paysans cette année... L’agriculture ne peut pas fonctionner avec des marchés aussi fluctuants. Les problèmes rencontrés sont déplorables pour les consommateurs et désastreux pour les producteurs. Il faut une structuration et une régulation des marchés planifiées démocratiquement et, directement lié à cela, réorienter très rapidement la PAC. Le calendrier s’y prête, puisqu’une réévaluation de la PAC est prévue en 2008, pendant la présidence française de l’Union européenne. Que les paysans (et l’ensemble de la société) ne laissent pas Sarkozy et les barons agricoles décider pour eux.