A la suite d’un débat fraternel et de qualité, les rencontres d’Espace alternatif ont adopté des thèses, un document d’organisation, des statuts et diverses résolutions thématiques. Ces rencontres ont confirmé la consolidation qu’a connue Espace alternatif ces trois dernières années. Parmi les participants, nombreux étaient ceux qui venaient à ce type de réunion confédérale pour la première fois, et cela leur a donné l’occasion de participer à de nombreux échanges.
Ces dernières années, la situation politique de l’État espagnol a été caractérisée par une orientation clairement sociale-libérale du gouvernement Zapatero, l’inexistence d’une opposition politique significative à sa gauche – du fait de la subordination croissante de la Gauche unie à la logique gouvernementale, et de la démobilisation organisée par les directions syndicales de la CCOO et de l’UGT1 – et, enfin, une polarisation de la vie politique, impulsée par la droite et les forces réactionnaires, qui ont réussi à occuper la rue et l’espace public ces dernières années.
Dans ce contexte, marqué par la faiblesse de la gauche anticapitaliste, les luttes sociales ont été de faible ampleur et elles ont souvent souffert de leur isolement. Malgré tout, il y en a eu un nombre considérable ainsi que de multiples initiatives locales. Cela témoigne du maintien de secteurs combatifs et de l’existence d’un réel potentiel pour les luttes futures.
Les principales tâches d’Espace alternatif pour la prochaine période ont été votées dans les thèses politiques : continuer à travailler au renforcement des résistances sociales au néolibéralisme en participant aux mouvements sociaux, avec comme critères l’unité et la radicalité ; travailler à la construction d’un pôle anticapitaliste au niveau de l’État espagnol, afin de développer une alternative à la gauche sociale-libérale au pouvoir ; poursuivre la construction d’Espace alternatif par la participation aux luttes, le renforcement de son apparition publique et son élaboration politique et stratégique.
Une partie importante des rencontres a été consacrée à la discussion de thèmes organisationnels avec l’objectif de remédier aux carences importantes qu’a connues Espace alternatif sur ce terrain depuis un certain temps. Du fait d’un certain nombre de dynamiques spécifiques, Espace alternatif s’est, jusqu’à présent, construit comme une coordination souple d’organisations régionales ou nationales, avec une faible structuration au niveau de l’État espagnol. Les trois années que nous avons vécues depuis nos dernières rencontres ont été marquées par une dynamique paradoxale. Il y a eu, d’une part, un renforcement indubitable des collectifs participant à Espace alternatif (augmentation du nombre de leurs adhérents, meilleure capacité d’action, meilleure visibilité, etc.), ainsi que la création des nouveaux groupes en des secteurs où nous n’existions pas. D’autre part, il est certain que notre structuration au niveau de l’État s’est affaiblie et désarticulée, ce qui a entraîné des difficultés pour organiser nos actions communes.
Consolidation
Lors de ces Cinquièmes rencontres, des changements organisationnels significatifs ont été adoptés afin d’aboutir à un saut qualificatif dans ce domaine. Le réseau d’Espace alternatif est en train de se convertir en un authentique courant politique structuré sur l’ensemble de l’État espagnol et cesse d’être une simple coordination d’organisations. Nous avons, en même temps, adopté des formes organisationnelles correspondant à la réalité politique de l’État espagnol, qui est marqué par une double dynamique spécifique. D’abord celle de la question nationale, qui nécessite que l’on apparaisse comme un « courant national » au sein des nations opprimées avec des organisations nationales spécifiques. Ensuite, une dynamique de très forte décentralisation et régionalisation de la vie politique, sociale et associative, qui nous oblige à faire preuve d’une souplesse importante dans l’application des tactiques d’intervention et de construction.
Le bilan global de ces Cinquièmes rencontres a donc été très positif. Elles marquent une rupture, un saut qualitatif, dans la trajectoire d’Espace alternatif, et elles ont permis de lui donner une nouvelle impulsion comme organisation révolutionnaire, anticapitaliste, alternative, écologiste, féministe et internationaliste de l’État espagnol. L’impact qu’ont eu ces rencontres dans le petit monde de la gauche radicale de l’État espagnol témoigne de la consolidation d’Espace alternatif et, surtout, de la nécessité croissante de développer une politique anticapitaliste alternative à la politique de la gauche hégémonique au pouvoir.