La première conférence nationale de la Gauche critique approuve le rapport introductif et en particulier :
1. Déclare terminée l’expérience au sein de PRC et amorce la construction d’un nouveau projet politique. Une séparation [de PRC] qui naît du constat que deux projets différents prennent des voies différentes : d’un côté, PRC met fin, de fait, à sa propre histoire, arrachant des mains des militants leur congrès [la direction de PRC a repoussé le congrès prévu pour mars 2008] et cela pour donner vie à un nouveau sujet politique, avec une nouvelle identité, timidement réformiste et à vocation gouvernementale [référence à la création de la Gauche arc-en-ciel] ; de l’autre côté, la Gauche critique propose de continuer construire une gauche de classe anticapitaliste, d’opposition, centrée sur les mouvements et apte à se réapproprier l’espace théorique et pratique d’une gauche révolutionnaire moderne, espace laissé libre aujourd’hui par PRC. Une gauche qui fasse opposition au Parti démocratique [parti créé sur le modèle du Parti démocrate américain dans une perspective hypothétique bipartisane de la scène politique italienne] et, dès lors, qui situe, aujourd’hui, dans l’opposition au gouvernement Prodi.
2. Dans les prochains jours, les militants et dirigeants de la Gauche critique sortiront de PRC et de ses instances et constitueront des groupes autonomes à la Chambre des députés, alors qu’au Sénat le groupe est déjà constitué. Ce choix sera annoncé au Comité politique national de PRC [qui s’est tenu le 16 décembre] avec une lettre ouverte et il sera fait de même au niveau local, où seront organisées des rencontres à l’échelle des provinces afin d’expliquer ce choix aux personnes inscrites à PRC.
3. La Gauche critique ne se constitue pas en parti mais en mouvement politique. Un sujet politique qui soit orienté vers le mouvement social. Elle constituera des cercles à l’échelle territoriale et sur des thèmes ainsi que des coordinations provinciales. Depuis janvier 2008 commencera une campagne d’adhésion et d’auto-financement.
4. Avec le projet de construire une force politique adéquate à la période, la Gauche critique propose la création d’une Constituante anticapitaliste, à gauche de l’Arc-en-ciel, qui réunisse les expériences les meilleures de PRC, des secteurs du mouvement social, du syndicalisme opposé à la concertation, du féminisme radical, de l’écologisme et, avant tout, des forces jeunes. Une Constituante qui représente un projet fécond et réel capable de donner vie, dans l’immédiat, même sous forme exemplaire et partielle, à une Coalition de la gauche de classe et anticapitaliste qui se fonde au moins sur trois points cardinaux : 1° le lien avec les mouvements sociaux, leur dynamique et leurs objectifs ; 2° l’alternative aux forces politiques de droite, mais aussi l’indépendance face au gouvernement du centre gauche et, de la sorte, une opposition au Parti démocratique ; 3° la non-dépendance des institutions dans le travail politique, tout n’excluant pas le terrain électoral et les instruments nécessaires à ce niveau, y compris l’utilisation du symbole de la faucille et du marteau, aujourd’hui abandonné encore une fois [référence à la renonciation par PRC de cette symbolique qui renvoie à l’histoire dite communiste en Italie].
5. Pour être vivante, la Constituante anticapitaliste doit être liée à la dynamique des mouvements sociaux et, pour cette raison, la gauche critique s’engage dans l’immédiat : 1° à la plus large participation à la manifestation de Vicenza [Vicence, manifestation qui s’est tenue les 14, 15 et 16 décembre, avec quelque 80’000 participant·e·s ; cette mobilisation contre la base militaire américaine Dal Molin représente un des prolongements du mouvement anti-guerre en Italie] et à la lutte contre la base états-unienne mais aussi dans la perspective de reconstruire un mouvement général à partir du pacte signé le 25 novembre 2007 et qui donnera lieu à une nouvelle journée de mobilisation le 26 janvier 2008 ; 2° au développement et à l’articulation du Pacte contre la précarité qui s’est constitué après à la grève du 9 novembre [cette grève avait été appelée par les syndicats et avait comme thématique la lutte contre la précarité, ainsi que l’accord sur la réforme des retraites ratifiée en juillet 2007 ; selon les syndicats, 400’000 personnes ont participé à cette grève] et qui devra être capable de capter et d’organiser la subjectivité réelle, qui va au-delà des pures exigences de la mobilisation ; 3° à donner une continuité à la capacité protagoniste renouvelée du féminisme qui s’est exprimée lors de la manifestation du 24 novembre 2007 centrée sur la lutte contre les violences masculines contre les femmes et qui trouvera un nouveau moment d’agrégation nationale le 12 janvier 2008 ; 4° à soutenir la construction d’un mouvement contre les ingérences du Vatican et les discriminations sexuelles et pour les droits civils et la laïcité de l’Etat, à partir de la mobilisation LGBTQ et de la journée No Vat [No Vatican] du 9 février ; 5° à poursuivre la lutte pour les biens communs et la défense écologique des territoires, en généralisant les batailles et proposant des lieux plus amples de coordination et de continuité des luttes ; 6° à renforcer la bataille antiraciste en faveur de l’organisation des immmigré·e·s à partir de la nécessaire opposition au « paquet sécurité » de Prodi et Veltroni [ce dernier est le représentant du Parti démocrate].
6. La Gauche critique décide enfin de donner mandat à la coordination nationale de préparer une campagne à l’échelle du pays fondée sur la centralité du travail, des droits sociaux et de la défense écologiste du territoire contre la logique du profit. En particulier, la centralité du travail est rappelée par les homicides de Turin [dans l’aciérie Krupp-Thyssen de Turin, dans la nuit du 5 au 6 décembre, un incendie s’est déclaré tuant sept ouvriers ; l’entretien du laminoir à froid était délaissé depuis juin, date à laquelle le groupe allemand avait décidé la centralisation de sa production d’acier italienne dans un autre lieu, à Terni], qui exemplifient combien est violente la guerre quotidienne du capital contre les travailleurs et travailleuses. Cette campagne nationale doit dès lors être un instrument de construction de la Gauche critique et déboucher sur une grande journée de mobilisation au printemps 2008.