BOUCHES-DU-RHÔNE : Un collectif pour le nouveau parti
Syndicalistes, associatifs, membres des collectifs antilibéraux, de la LCR, des Alternatifs et d’autres courants politiques (comme le groupe Ballon rouge) : un nombre conséquent de militants se sont lancés dans la constitution d’un Collectif d’initiative départemental pour un nouveau parti anticapitaliste des Bouches-du-Rhône. Par un appel (en voie de finalisation), ils demandent le soutien le plus large possible de « tous ceux qui luttent, tous ceux qui sont prêts à résister sans rien lâcher ni abandonner personne, tous ceux qui rêvent d’un monde meilleur ».
Ils disent encore : « Cette alternative ne peut venir du Parti socialiste. […] Elle ne peut non plus venir du Parti communiste, qui continue à payer ses erreurs passées qui l’ont conduit à la marginalisation et à la subordination au Parti socialiste […]. La seule proposition crédible susceptible d’ouvrir des perspectives est celle d’un changement de société, c’est celle d’une société qui en finisse avec l’exploitation de l’Homme par l’Homme, avec le pillage de la planète et la destruction de la nature, le machisme, le racisme, la domination impérialiste et les occupations militaires. Il faut en finir avec le système capitaliste. C’est pourquoi, nous, militants anticapitalistes, issus d’histoire et d’itinéraires différents appelons à la création d’un nouveau parti anticapitaliste. Un nouveau parti qui soit l’héritier du meilleur des combats passés. »
Et encore : « Réconcilions le mouvement social et la lutte pour une autre société, une société où les choix seront faits démocratiquement et non pas dictés par les marchés financiers, où les populations disposeront de la propriété sociale des grands moyens de production et d’échange. »
Sa première initiative est rapportée ci-dessous. D’autres, nombreuses, sont en discussion par des militants bien décidés à mener les choses à leur terme, ensemble et dans leur diversité.
RENCONTRE AVEC DES SYNDICALISTES
Lundi 14 janvier, le Collectif d’initiative départemental pour un nouveau parti anticapitaliste des Bouches-du-Rhône organisait une rencontre entre des syndicalistes et Olivier Besancenot.
Il est des signes qui ne trompent pas : la librairie militante Païdos, à Marseille, était pleine à craquer lors de la rencontre entre Olivier Besancenot et des syndicalistes. Pourtant, la diffusion de l’information, volontairement restreinte, visait une rencontre intimiste entre les acteurs du mouvement social et le candidat de la LCR à la présidentielle, qui appelle à la création d’une gauche anticapitaliste unie.
En préambule de cette réunion, l’animateur invitait la salle à débattre, face à la volonté affichée du gouvernement d’en finir avec nos conquêtes sociales, d’une gauche radicalement du côté des luttes, après avoir rappelé l’autonomie et l’indépendance du syndicalisme à l’égard des partis et des gouvernements, qui doit rester un principe fondamental. Les liens entre action syndicale et débouché politique des luttes, le regroupement des forces anticapitalistes et la nécessité d’un nouveau parti anticapitaliste étaient ainsi mis en débat.
* Articles parus dans Rouge n° 2234 du 10 janvier 2008.
Outre le nombre de participants (90, dont une vingtaine de la LCR), regrouper, dans la même salle, des syndicalistes de la CGT, de Solidaires-SUD et de la FSU, avec un nombre conséquent de membres des directions syndicales, est un fait peu banal, mais sûrement pas étranger au haut lieu de mobilisation qu’est Marseille, avec la volonté de résister au rouleau compresseur du capitalisme. Une ambiance fraternelle et d’écoute a permis de surmonter les difficultés à dépasser la différence d’appartenance syndicale, qui entraîne à discuter parfois de manière polémique dans la conduite des luttes et aussi la méfiance à l’égard des partis. Tous les participants, en militants avertis, ont joué le jeu, encouragés par la prudence d’Olivier Besancenot déclarant « ne pas vouloir bercer tout le monde d’illusions ».
La nature des besoins sociaux et la nécessité d’une recomposition d’un syndicalisme qui revendique la transformation sociale sont clairement apparues. Des militants de la CGT, de la FSU et de Solidaires se sont exprimés, en leur nom propre, mais ils ont tous convergé vers la nature et les raisons de la crise pour le monde du travail, et la nécessité de mener un combat de classe et de masse. Le débat a été tout aussi riche sur la perspective du nouveau parti anticapitaliste (NPA) lui-même que sur des questions de programme (place du travail, par exemple). Beaucoup (surtout en petit comité) ont défendu, parfois très vigoureusement, la nécessité « d’y aller » sans plus attendre, craignant même de ne pas aller assez vite.
Pour d’autres enfin, tout aussi favorablement disposés quant à la perspective d’ensemble, deux types de questions ont été soulevés : celles relevant des rapports partis/mouvement social. Dans ces interventions, il fut en particulier souhaité que les questions de stratégie syndicale (et de sa critique éventuelle) soient, pour l’essentiel, laissées aux syndicats eux-mêmes. L’autre problématique étant de bien se convaincre de l’utilité de ne pas se contenter de la seule LCR comme organisation nationale dans le processus. Même si la situation « n’est pas de votre faute », il convient de « ne pas les lâcher » (en parlant par exemple de Lutte ouvrière et du PCF). Olivier Besancenot a cherché à répondre à ces interrogations, en décrivant une responsabilité réciproque : la LCR met son existence dans la balance, il revient aux autres secteurs militants de jauger aussi de leur propre engagement dans le processus.
Enfin, un moment de convivialité et de fraternité autour de gâteaux des rois (à la provençale) s’est prolongé tard dans la soirée, grâce à l’hospitalité légendaire de Laurent, notre libraire engagé.
UNE JOURNÉE BIEN REMPLIE
Sans publicité, le porte-parole de la LCR a passé une journée bien remplie à Marseille, le lundi 14 janvier, à discuter du nouveau parti dans trois réunions distinctes. En dehors du débat avec des responsables syndicaux (lire ci-dessus), il y eut d’abord un repas convivial avec des cheminots. Au menu, un grand enthousiasme et pas mal de discussions sur les rythmes militants : comment l’activité politique pourra t-elle se combiner avec la vie privée et un investissement syndical déjà massif ? On continuera le débat, et décision a été prise de constituer un collectif d’initiative dans ce secteur de travail pour ce nouveau parti anticapitaliste.
Puis, il y eut un débat dans une cité populaire de la ville. Petite salle, mais pleine, avec un débat passionné et passionnant. Comme ailleurs (et peut-être encore plus), le divorce avec la gauche PS/PCF est consommé. Le débat le plus fort a été autour des « institutions », avec parfois un point de vue que l’on pourrait appeler « délégataire » (il faut que des gens comme toi – comme vous – soient élus pour « nous aider »). L’idée défendue avec force par Olivier, défendant en priorité leur propre engagement, a bien progressé (elle était d’emblée soutenue par certains, prêts à regarder avec sympathie l’idée du nouveau parti, ce qui est extrêmement précieux), mais il est clair que cette question, dans ces milieux, devra être abordée avec constance et opiniâtreté. Au final, la journée a fourni un bon panorama des potentialités comme des difficultés ainsi que des discussions à venir.
Correspondant
* Articles parus dans Rouge n° 2236 du 24 janvier 2008.
RÉUNIONS PUBLIQUES : Pour bien démarrer l’année 2008
Les rencontres de débat autour de la perspective d’un nouveau parti anticapitaliste se poursuivent.
DIJON (CÔTE-D’OR) : Deuxième rendez-vous.
Une deuxième réunion publique s’est tenue, le 11 décembre dernier, avec Sandra Demarcq. Pour la première réunion publique, en octobre, nous nous étions d’abord adressés à un réseau habituel de connaissances. Cette fois, nous avons diffusé plus largement, même si c’était de manière encore insuffisante. Du coup, les participants étaient plus diversifiés, certains – notamment des jeunes – assistant à leur premier débat organisé avec la LCR. Sur les 40 personnes présentes, un tiers était des jeunes. On comptait des membres d’Attac et du collectif unitaire, des membres de Lutte ouvrière (LO), de Solidarités 21 et des Jeunesses communistes.
Le débat a porté sur ce que doit être le nouveau parti. Certains considérant qu’il faut partir des forces organisées, antilibérales, Sandra a précisé que c’est d’un parti anticapitaliste de masse, s’adressant aux personnalités anonymes, aux animateurs de lutte, dont nous avons besoin. Il ne s’agit ni de « relooker » la Ligue, ni de construire un parti antilibéral large se contentant de réformes, mais d’un parti pour changer, pour « révolutionner » la société. Le retour sur les élections présidentielle et législatives a permis de rappeler l’une des divergences fondamentales que nous avions dans les collectifs unitaires, l’indépendance avec le PS.
Aux interrogations sur la signification de l’indépendance vis-à-vis des institutions, Sandra a clairement répondu que nous nous présentons aux élections, et nous l’assumons, lorsque nous sommes élus, mais que c’est sans concession vis-à-vis de l’institution ou des partis majoritaires. Il a été rappelé que l’indépendance vis-à-vis des institutions est particulièrement d’actualité lorsque les forces de l’ordre interviennent contre le mouvement social, avec l’appel au renfort de vigiles contre les étudiants, par exemple. C’est bien le moment de mettre en place un outil politique nouveau, pas seulement pour résister, mais aussi pour une alternative au capitalisme.
Après le débat, celles et ceux, particulièrement les jeunes, qui n’avaient pas osé intervenir dans la salle, ont exprimé leurs interrogations et leurs points de vue autour d’un pot. Plusieurs se sont inscrits pour participer aux activités diverses que nous proposons, pour la construction du nouveau parti anticapitaliste et pour les municipales.
Danièle Patinet
DUNKERQUE (NORD) : Construire ensemble.
Le 10 décembre, 30 personnes ont répondu à la première invitation de la section dunkerquoise de la LCR à débattre du projet de nouveau parti anticapitaliste. Syndicalistes, militants associatifs, déçus des partis de la gauche institutionnelle, ont pris à bras-le-corps cette question : face à Sarkozy et son entreprise de régression sociale, alors que le PS se montre pour l’essentiel en accord avec les réformes de l’UMP, et que ses alliés sont restés quasiment muets pendant les luttes sociales récentes, comment être efficaces pour résister mais aussi, au-delà, pour construire une alternative politique ? Les questions et les interventions furent très nombreuses. Ne faut-il pas, malgré l’échec du rassemblement aux dernières échéances électorales, chercher à rassembler plus largement l’ensemble des antilibéraux ? Ne faut-il pas plutôt une coordination plus souple de celles et ceux qui sont prêts à lutter contre le gouvernement ?
Pour plusieurs participants, comme ce militant de la CGT, qui a résolument quitté le PCF, cela ne fait aucun doute : « L’initiative de la LCR pour lancer un nouveau parti est celle que j’attendais. » Et de poursuivre : « Il faut se rassembler et lutter sans tarder. Comment prouver que le nouveau parti anticapitaliste va changer les choses, si nous ne sommes pas présents dès qu’il s’agira d’empêcher son voisin de se faire expulser ? » Et, pour beaucoup, il va de soi qu’il ne faut plus attendre que cela vienne des autres partis. Ainsi : « Le PCF a fait les frais de la négociation en haut, alors que l’action est à la base. » C’est sans doute la leçon qu’a aussi tirée une autre syndicaliste encartée au PS, mais qui ne participe plus aux réunions « parce qu’on y montre du doigt mon action syndicale »… Alors oui, c’est un parti venu de la base qu’il faut construire pour soutenir les luttes et pour ouvrir une nouvelle voie politique. « Pourquoi créer un nouveau parti, si la LCR dit qu’elle ne changera pas » quant à son attitude vis-à-vis des institutions, des autres partis de gauche, quant à sa volonté de transformation révolutionnaire de la société ? « Parce qu’il ne s’agit pas de dire aux gens de venir se rallier à la LCR, mais de construire ensemble le nouveau parti », répondent d’autres. Cela résume bien la proposition de la LCR.
Rendez-vous est donc pris pour poursuivre les discussions sur la construction de cette nouvelle force anticapitaliste, mais aussi, parallèlement, pour définir les moyens de lutter dès maintenant ensemble. Et sans doute plus nombreux, puisque, de l’aveu d’un invité, il connaît bien, rien qu’autour de lui, « au moins dix personnes qui seraient intéressées par la démarche » !
Correspondant
RÉGION PARISIENNE : Dans les banques, aussi…
Le 18 décembre, treize employés de banque de la région parisienne ont débattu pendant deux heures, lors d’une réunion co-organisée avec un camarade non LCR favorable à la construction du parti anticapitaliste. Après présentation de notre démarche, toutes et tous ont partagé le constat que, face à cette droite arrogante, la gauche et les syndicats ne jouent pas leur rôle. Le projet les intéresse, car ils et elles ont envie de participer à quelque chose, de s’unir sur des bases claires pour agir contre le capitalisme, d’avoir un vrai parti de gauche, internationaliste, pourvoyeur d’idées. Le PCF n’est plus cet outil. Il est même un frein. Mais certains reprochent aussi à la LCR de porter une responsabilité dans l’échec des candidatures unitaires. Sans éluder ce débat, toutes et tous tombèrent d’accord que ce n’était pas un obstacle pour se tourner vers l’avenir. Rien n’empêche d’avancer ensemble si l’accord se fait sur les délimitations nécessaires, en particulier sur la démarcation par rapport au PS.
Beaucoup d’interrogations aussi : sur la « forme parti » (quel que soit le nom, l’essentiel est d’avoir un collectif militant pour, chacun à son rythme, agir politiquement ensemble), sur le fonctionnement (des idées, mais pas de projet clé en main, à construire dans le cadre du processus constituant), sur la démocratie interne (droit de tendance), sur le poids de la LCR dans le nouveau parti (la LCR devra y être minoritaire et ne sera pas organisée en courant), sur l’unité, sur notre politique aux élections municipales (autonomie et relation avec le processus et invitation à être sur les listes).
Un débat riche. Et, surtout, l’accord pour continuer la discussion et se tourner ensemble vers d’autres. On rédige un tract à diffuser largement sur nos boîtes au nom des participants pour faire la synthèse de la réunion et inviter à s’inscrire dans le processus. On organise une série de réunions thématiques sur plusieurs mois pour approfondir le débat. Un des thèmes sera « Un parti ? Comment ? », autour des questions de structuration et de fonctionnement démocratique d’un regroupement politique.
Correspondant