Où travailles-tu et que te reproche-t-on ?
Fabien Villedieu – À Paris, gare de Lyon, je suis conducteur sur la ligne D du RER. À la veille des grèves en défense de nos retraites, j’ai été filmé par une équipe de France 2 pour un reportage sur la pénibilité du travail des agents de conduite. Cela s’est déroulé sur deux jours avec des prises de vues en cabine. Il s’agissait de montrer, en conditions réelles, ce que sont les conditions d’un travail « en découché », avec une prise de service à 4 heures du matin. On me reproche de ne pas avoir demandé l’autorisation à la direction pour accueillir l’équipe de France 2 dans ma cabine.
Quelles sont les sanctions encourues ?
F. Villedieu – Pour Aziz, un « dernier avis avant licenciement » et six jours de mise à pied. Pour moi, également un « dernier avis » et douze jours de mise à pied. L’altercation d’Aziz avec un non-gréviste n’était qu’un échange de noms d’oiseaux. Les sanctions sont donc très lourdes.
Que cherche la direction de la SNCF ?
F. Villedieu – Après le conflit, il s’agit de réprimer les syndicalistes et les grévistes combatifs. Par ailleurs, la SNCF veut entièrement contrôler sa communication et empêcher que l’on diffuse des images montrant des jeunes salariés combatifs. C’est une attaque contre la liberté d’expression syndicale. Si cela fait jurisprudence, les syndicalistes ne pourront plus s’exprimer que dans leurs locaux syndicaux. Or, pour les journalistes, nous voir sur le terrain nous lever à 3 heures du matin et dans nos cabines avec des cernes sous les yeux, c’est plus parlant qu’une simple déclaration. La direction veut le monopole de l’expression et elle n’a pas hésité à pousser des agents non-grévistes à s’exprimer.
Propos recueillis par Jack Radcliff
Manifestation en faveur des régimes spéciaux
Plusieurs milliers de cheminots, gaziers, électriciens et salariés de la RATP ont manifesté, mardi 22 janvier, pour la défense des régimes spéciaux, principalement à l’appel de la CGT. Bien que la réforme des retraites soit passée, malgré la grève de cet automne, les salariés des régimes spéciaux tenaient à rappeler qu’ils restaient mobilisés, pendant des « négociations » qui ne sont pas encore terminées.
Cependant, cette manifestation se faisait sous le signe de la division syndicale : pour ne pas avoir été invité lors des réunions de préparation de cette manifestation, SUD-Rail avait décidé de ne pas participer.
Les cheminots de la LCR sont intervenus avec leur bulletin, Rail Rouge, regrettant notamment que les salariés des régimes spéciaux n’aient pas plutôt manifesté le 24 janvier, avec le reste des salariés de la fonction publique. La direction de la CGT a martelé que les cheminots ne devaient pas faire grève seuls, « au risque de s’isoler », pour finir par appeler à manifester… seuls, au moment où une jonction sur les salaires peut s’opérer avec un autre secteur du salariat.
Correspondant