Après un conflit de plus de neuf mois, le plus long depuis 1945, le syndicat GDL (qui organise essentiellement les conducteurs) a signé un protocole d’accord qui prévoit le versement d’une prime de 800 euros pour la période du 1er juillet 2007 au 29 février, une augmentation salariale de 8 % au 1er mars, puis encore 3% au 1er septembre. La durée hebdomadaire de travail passera de 41 à 40 heures, sans perte de salaire, au 1er mars 2009.
En juillet, les deux grands syndicats, Transnet (cheminots de la confédération DGB) et GDBA (autonome), avaient accepté, pour l’ensemble de l’entreprise, une augmentation de seulement 4,5 %. Le GDL avait, lui, refusé de reconnaître cet accord qui, une fois de plus, laissait pour compte les roulants, déjà parmi les moins payés en Europe. Ces neuf mois de lutte, avec une montée en puissance (huit journées d’action culminant dans une grève de 60 heures qui a paralysé une grande partie du pays), ont donc permis d’obtenir le double des gains de juillet dernier. Et la diminution d’une heure de travail hebdomadaire est un signal formidable adressé à tous les salariés, alors que, depuis des années, le temps de travail s’allonge sans augmentation de salaire. De quoi bloquer aussi, du moins pour le proche avenir, les tentatives de privatisation, car l’appétit des milieux financiers pour une entreprise dans laquelle les salariés sont combatifs sera certainement réfréné.
Le syndicat des roulants, isolé, a donc remporté un succès partiel contre une direction pourtant soutenue par un large front, de Transnet à la CDU/CSU, en passant par le SPD et tous les porte-parole des possédants, relayés par l’ensemble des médias. Mais, en dépit de cette campagne intense, le mouvement a gardé le soutien de l’opinion publique. Il a eu aussi un effet d’entraînement puisque, dans la fonction publique, la revendication syndicale pour les négociations qui s’engagent est de 8 % et 200 euros minimum. Ce bilan, au-delà des roulants eux-mêmes, qui ont beaucoup appris dans cette lutte, bien des cheminots le tirent. La direction de Transnet est en difficulté, elle doit maintenant rendre des comptes sur la faillite de son orientation collaborationniste. D’ores et déjà, on peut prévoir que la renégociation de la convention collective de la Deutsche Bahn, en mars 2009, ne se passera pas aussi tranquillement que d’habitude.
Tout en saluant ce réel succès, il faut aussi mentionner les points d’ombre : on est loin des 31 % revendiqués pour s’aligner sur la moyenne européenne, et il aurait été possible d’obtenir beaucoup plus si le GDL, en frappant plus fort plus vite, donc en passant à la grève illimitée en décembre, quand la combativité et le soutien de l’opinion étaient au plus haut. D’autre part, les travailleurs engagés dans le mouvement ont peu eu leur mot à dire sur les choix et l’orientation de la direction du syndicat. Mais l’essentiel reste que ce succès partiel peut donner à d’autres l’envie de se battre.