En visite officielle au Rwanda, l’inénarrable Bernard Kouchner s’est encore fendu de quelques pépites qui rappellent pourquoi il est certainement l’un des ministres préférés de Sarkozy.
Le Rwanda accuse depuis longtemps la France d’avoir soutenu militairement, et cela jusqu’après le début des massacres, le régime extrémiste qui a planifié le génocide de 1994 (800 000 morts selon l’ONU). Il dénonce notamment le rôle de l’armée française au cours de l’opération militaro-humanitaire Turquoise, qui aurait permis la fuite de génocidaires, ce que la France a toujours nié. Pour Kouchner, si les agissements français s’apparentent certes à une « une faute politique » (sic), la France n’aurait néanmoins eu aucune responsabilité militaire dans le désastre pourtant mille fois annoncé.
Ce brave Bernard suit bien là, très fidèlement, son bon président, passé maître dans l’art de camoufler un refus du débat politique derrière des gestes de « réconciliation » qui confinent en fait à l’amnistie symbolique. Mais l’illusionnisme politique a des limites, et Kouchner n’est pas Sarkozy. Du coup, ce genre de non-sens provoque ici et là quelques retours de bâton. Alain Juppé, chef de la diplomatie française entre 1993 et 1995, a ainsi assez justement fait remarquer, tout en alignant par la suite la série de justifications foireuses et mensongères habituelles, que parler de « faute politique », c’est « trop ou trop peu. Il faut s’expliquer ! ».
Légèrement démonté, et pour éloigner de lui l’infamant soupçon de « repentance », Kouchner s’est alors aussitôt excusé, en expliquant que d’ailleurs c’était lui (re-sic) qui avait convaincu, au nom d’Alain Juppé, Paul Kagame, l’actuel président du Rwanda, qui était à l’époque dans le maquis, d’accepter l’opération Turquoise. Et en plus, il est fier de lui