Aux élections du 5 février au conseil d’administration (CA) à la SNCF, SUD-Rail enregistre la plus forte progression (+ 5 %, 18,6 % des voix) par rapport à 2003. La CGT reste le syndicat majoritaire (42,5 %), mais elle baisse de 2,6 % par rapport à 2003. Sans pour autant disparaître du paysage syndical de la SNCF, la CFDT, avec 10 % des voix et un élu, n’a pas vraiment surmonté sa crise et la scission qu’elle a connue en 2003, à la suite du conflit sur les retraites dans la fonction publique.
La lutte pour la défense des régimes spéciaux de l’automne dernier a pesé : SUD-Rail se voit ainsi récompensé pour son positionnement clair contre la « réforme » et sa défense des 37,5 annuités pour tous. Cette clarté sur les revendications et la mise en avant de la nécessité d’un mouvement reconductible ont été bien perçues par une part significative des cheminots.
La baisse de la CGT est surtout marquée dans les secteurs les plus combatifs qui, après neuf jours de grève, ont vu que le compte n’y était évidemment pas. Là où la grève a été moins suivie, c’est la stabilité syndicale qui prévaut. Ces élections ne marquent pas un désaveu massif de la CGT, mais un avertissement. Il est clair que, dans le cadre de ces élections « politiques », une partie des cheminots a voulu marquer le lâchage de Bernard Thibault sur les 37,5 annuités. Mais l’implication des équipes de la CGT dans la grève reconductible de novembre dernier permet à la première organisation syndicale de limiter la casse. Cependant, on note une abstention plus importante que d’habitude. À certains endroits, des militants de la CGT ont appelé à l’abstention, afin de marquer leur opposition à leur fédération, sans pour autant « adhérer » à une autre organisation syndicale, telle SUD.
En tout, la CGT et SUD-Rail récoltent plus de 60 % des voix. Ce pôle combatif qui, sur le terrain, a porté la grève reconductible, a ainsi la responsabilité de relancer la mobilisation chez les cheminots. Bien sûr, la direction et le gouvernement ont marqué des points, mais les cheminots ne sont pas défaits. Des discussions s’ouvrent sur la pénibilité du travail. Les cheminots veulent du temps et de l’argent en compensation, notamment, de l’allongement de la durée de cotisation. Les négociations salariales sont aussi à l’ordre du jour, dans un contexte où tous les salariés veulent des augmentations. Sur le fret, la réorganisation de l’activité préfigure sa future privatisation. Sur tous ces sujets, il est urgent d’élaborer des revendications et de construire des actions communes. C’est, en tout cas, la tâche des cheminots de la LCR.
RÉPRESSION ANTISYNDICALE À LA SNCF
Au lendemain des élections au conseil d’administration de la SNCF, Aziz et Fabien, deux syndicalistes de SUD-Rail, passaient devant le conseil de discipline de la gare de Lyon (lire Rouge n° 2237). Ils se sont vu notifier de six à douze jours de mise à pied, accompagnés d’un premier et dernier avertissement avant licenciement. Avec 50 % de grévistes sur la ligne D du RER et 250 personnes rassemblées devant le conseil, la solidarité ouvrière s’est manifestée, même si elle n’était, hélas, organisée que par le seul syndicat SUD-Rail. La SNCF a maintenant un mois afin de donner son verdict final.