ISLAMABAD CORRESPONDANTE EN ASIE DU SUD
Arrivés largement en tête des élections législatives du 18 février, les deux grands partis d’opposition, le Parti du peuple pakistanais (PPP), d’Asif Zardari, veuf de l’ex-premier ministre Benazir Bhutto, assassinée le 27 décembre 2007, et la Ligue musulmane du Pakistan Nawaz (PML-N) de l’ex-premier ministre Nawaz Sharif, ont décidé, jeudi 21 février, de former ensemble le prochain gouvernement. « Nous sommes convenus d’un programme commun. Nous travaillerons ensemble pour former un gouvernement fédéral et aussi dans les provinces », a annoncé M. Sharif au cours d’une conférence de presse commune avec M. Zardari.
« Nous ferons en sorte que vous puissiez accomplir un mandat complet de cinq ans », a ajouté M. Sharif à l’adresse de M. Zardari, dont le parti conduira le gouvernement puisqu’il a obtenu le plus grand nombre de sièges à l’Assemblée nationale. « Nous cherchons à former un gouvernement de consensus le plus large possible », a dit M. Zardari. Les nationalistes pachtounes du Parti national awami (ANP) feront aussi partie de la coalition.
Interrogé par les journalistes sur la question épineuse du rétablissement des juges limogés par le président Pervez Musharraf, M. Sharif a déclaré : « En principe, il n’y a pas de désaccord sur le rétablissement de l’ordre judiciaire, nous en définirons les modalités au Parlement. »
Depuis son retour au Pakistan, M. Sharif a adopté une position très claire sur ce point, exigeant que les juges limogés dans le cadre de l’imposition de l’état d’urgence, le 3 novembre 2007, retrouvent leurs positions. Le PPP s’est montré beaucoup plus ambigu, et M. Zardari est soumis à d’énormes pressions américaines pour empêcher une telle remise en cause des décisions de M. Musharraf. Le point est essentiel, car le rétablissement des juges menace directement la survie du chef d’Etat, qui les avait écartés de crainte qu’ils n’invalident sa candidature à la présidence de la République.
LE DÉPART EXIGÉ DU CHEF DE L’ÉTAT
Le choix de confier au Parlement le soin de régler la question constitue un compromis entre les positions de M. Zardari et de M. Sharif. M. Zardari n’a pas caché qu’il y avait « encore beaucoup de chemin à parcourir » entre le PPP et la PML-N, qui étaient opposés durant toutes les années de gouvernement civil entre 1988 et 1999. « Mais sur le principe, nous sommes d’accord pour rester ensemble », a précisé M. Zardari, ajoutant sans plus de précision : « Ma position sur le président Musharraf est la même que celle de Nawaz Sharif. »
Ce dernier a demandé le départ du président, dont le parti a été désavoué par les urnes, ce que n’a pas clairement fait M. Zardari. Jeudi, M. Sharif s’est mêlé à une manifestation d’avocats et membres de la société civile réclamant le départ du chef de l’Etat, dont il a qualifié le pouvoir d’« inconstitutionnel et illégal ».
Françoise Chipaux
* Article paru dans l’édition du 23.02.08. LE MONDE | 22.02.08 | 14h22 • Mis à jour le 22.02.08 | 14h22.
Les deux partis de l’ex-opposition, vainqueurs des législatives de lundi au Pakistan, formeront un gouvernement de coalition, ont annoncé, jeudi 21 février, leurs dirigeants, l’ex-premier ministre Nawaz Sharif et Asif Ali Zardari, le veuf de Benazir Bhutto.
« Nous avons convenu d’un programme commun. Nous travaillerons ensemble pour former un gouvernement fédéral et aussi dans les provinces », a affirmé M. Sharif, lors d’une conférence de presse. Présent à ses côtés, M. Zardari a confirmé les propos de celui qui est désormais son allié. « Nous avons l’intention de rester unis, de siéger ensemble au Parlement et de renforcer ensemble le Pakistan », a-t-il promis. Il a également indiqué que la première mesure à l’ordre du jour du nouveau gouvernement serait de demander l’aide de l’ONU dans l’enquête sur l’assassinat de sa femme, l’ex-première ministre Benazir Bhutto, tuée dans un attentat le 27 décembre 2007.
LONGUE TRADITION D’HOSTILITÉ ET DE CONFLIT
Le camp du président pakistanais Pervez Musharraf a essuyé une défaite cuisante aux législatives du lundi 18 février. Le Parti du peuple pakistanais (PPP), formation emmenée par M. Zardari, est arrivé en tête avec 85 sièges, suivi par la PML-N (Ligue musulmane du Pakistan, la lettre « N » symbolisant Nawaz) de Nawaz Sharif (64 sièges), loin devant la Ligue musulmane du Pakistan qui soutient Pervez Musharraf (PML-Q, 36 sièges) et son traditionnel allié le MQM (Muttahida Quami Movement, 19 sièges).
Le PPP et le PML-N ont une longue tradition d’hostilité et de conflit. Bien que leur avance soit confortable, ces partis ne détiennent pas les deux tiers des sièges au Parlement, nécessaires pour réformer la Constitution ou pour destituer le président Musharraf. Elles seront obligées de composer avec lui. Et M. Musharraf pourrait jouer de leurs divisions d’hier pour mettre à mal cette coalition.
* LEMONDE.FR avec AFP et AP | 21.02.08 | 18h48 • Mis à jour le 21.02.08 | 20h12.
Au moins douze personnes ont été tuées dans un attentat au Pakistan
Un attentat a causé la mort d’au moins douze personnes, vendredi 22 février, dans la vallée de Swat, dans le nord-ouest du Pakistan. D’après Haroon Khan, responsable de la police locale, un engin artisanal « télécommandé » a été actionné au passage d’un cortège qui revenait d’un mariage. Ce responsable a précisé que des femmes – dont la mariée – et des enfants ont été tués dans l’explosion.
Il s’agit du premier attentat depuis les élections législatives de lundi, remportées par les deux principaux partis de l’opposition, dirigés par Nawaz Sharif et Asif Ali Zardari, veuf de Benazir Bhutto assassinée le 27 décembre. Ces deux partis ont décidé de former une coalition et devraient annoncer, vendredi, le nom du futur premier ministre. Le parti du président, le général Pervez Musharraf, a été largement battu.
Le Pakistan a été durement touché ces derniers mois par des attentats-terroristes, imputés à des islamistes proches d’Al-Qaida. Au moins 160 personnes ont été tuées depuis le début de l’année. Les islamistes auraient reconstitué leurs forces dans les zones tribales du nord du Pakistan, proches de la vallée de Swat.
* LEMONDE.FR avec AFP et AP | 22.02.08 | 16h03 • Mis à jour le 22.02.08 | 16h20.