BOUCHES-DU-RHÔNE : Le processus en marche
Dans les Bouches-du-Rhône, le processus vers le nouveau parti anticapitaliste s’accélère, en vue des assises départementales du mois de juin. Il est toutefois utile de faire le point sur les problèmes à résoudre, qui apparaissent au fur et à mesure des avancées.
e moment où il fallait convaincre que le projet ne se limitait pas à une « LCR bis » est apparemment complètement dépassé : de nouvelles questions ont surgi, dont on peut donner une liste non limitative. Dans beaucoup d’endroits, des collectifs de base proprement dits sont en voie de constitution effective (Pertuis, dans le Vaucluse ; Aubagne et la zone environnante ; des cheminots, etc.).
Ailleurs, l’investissement massif dans les élections municipales est un peu contradictoire, pour des raisons de temps, avec le regroupement sous forme de collectifs pour le nouveau parti, au risque de susciter des impatiences et de nombreuses demandes d’aller plus vite. Mais, partout, la question est explicitement posée. Cela dit, même si les choses se précipitent dans quelques semaines, il faudra prendre le temps de refaire le chemin avec ceux qui vont s’y mettre : comment combiner ces différences de rythme ?
Le succès de la proposition se traduit par l’adhésion de camarades aux profils dissemblables. L’ancienne section PCF de Châteaurenard, jusqu’ici liée au Pôle de renaissance communiste et qui envisage de se transformer en collectif, des électrices de Ségolène Royal, des militants intéressés par la décroissance, d’autres issus de l’altermondialisme, du monde associatif, de la culture, de nombreux syndicalistes (une des caractéristiques du processus dans les Bouches-du-Rhône), et surtout un nombre sans doute majoritaire de camarades sans passé particulier. Ils sont reliés par une volonté farouche d’en finir avec ce système et le rejet de la gauche institutionnelle. D’un côté, c’est bien la confirmation de la pertinence de l’appel de la LCR. De l’autre, cela signifie la perspective d’un profond travail collectif pour se tourner vite vers un avenir commun.
Comment les collectifs vont-ils contrôler démocratiquement le processus constituant, alors que les conditions de fonctionnement du futur parti ne sont pas établies et seront justement un des sujets en débat ? Et comment organiser les rapports avec les instances de la LCR, dont le congrès de dissolution n’est prévu que des mois plus tard ? Question d’autant plus brûlante si, comme tout le monde le souhaite, les collectifs pour le nouveau parti intègrent tous les militants de la LCR et ne sont pas seulement des groupes de discussion, mais des organismes d’intervention tournés vers l’extérieur. On débat, on imagine, on résout en marchant : avec la certitude que ces problèmes, inévitables, sont le produit direct de la vitalité du processus.
Samy Johsua
SAINT-BRIEUC (CÔTES-D’ARMOR) : Une campagne à l’Armoricaine
Le meeting d’Olivier Besancenot a réuni 1000 personnes, à Saint-Brieuc, vendredi 15 février.
Dès sa descente du train, Olivier Besancenot est parti à la rencontre des postiers du centre de tri de Saint-Brieuc, avant d’entamer une discussion de plus de trois-quarts d’heure avec ses collègues, les responsables de SUD et de la CGT, de l’association des employés du centre... Le sujet de l’échange ? La menace de fermeture qui pèse sur le centre, restructuration de la distribution oblige. La direction de La Poste espère en profiter pour se débarrasser d’équipes militantes qui ont été, et sont encore, de toutes les luttes.
Après une conférence de presse présentant les listes soutenues par la LCR en Bretagne, la réunion « nouveau parti » commence. Rencontre restreinte, sur invitation, qui regroupe tout de même près de 80 personnes : moins d’une vingtaine de militants LCR, nos colistiers de Saint-Brieuc et de Ploufragan, quelques syndicalistes connus, et nombre de citoyens « de base ». La perspective du nouveau parti fait recette, même si les conditions de sa mise en œuvre restent encore peu évidentes pour beaucoup. Tout le monde s’accorde, pourtant, sur le fait qu’il devra être un parti en phase avec les préoccupations concrètes de la population, ancré dans les luttes quotidiennes. Les camarades investis dans la construction des listes sont les témoins de ce que sera le nouveau parti, construit par toutes et tous, ensemble, à égalité.
Place, ensuite, au grand meeting ! La salle De Robien, la grande, est celle de tous les grands meetings du mouvement ouvrier à Saint-Brieuc. C’est face à cette salle que partent les grandes manifestations... Beaucoup nous attendent au tournant : rempliront, rempliront pas ? Dès 20 h, la salle se remplit doucement... Au final, c’est devant une salle pleine d’un public très populaire, de tous âges, de tous les milieux, que s’ouvre le meeting !
En prélude, nos amis de La Java noire – dont l’un des membres est sur notre liste – interprètent un morceau de leur répertoire. Puis, Janine, de Quimper, présente les listes en Bretagne. Annie, une militante écologiste, évoque la bataille, menée par un collectif auquel appartient la LCR, contre un projet de centrale électrique fioul-gaz à Ploufragan. Un postier présente la lutte contre la fermeture du centre de tri. Vient le tour de Sam, qui présente à grands traits la campagne municipale à Saint-Brieuc.
Olivier prend alors la parole pendant près d’une heure, pour fustiger la politique de Sarkozy et décrire la démarche de la LCR vers un nouveau parti. La salle, enthousiaste, accompagne son intervention d’applaudissements nourris. La presse écrite et France 3, qui ont suivi la venue du porte-parole de la LCR de bout en bout, annoncent plus de 1 000 personnes au meeting, et insistent sur la réussite de l’initiative, en parlant du « pari réussi de Sam Burlot ».
À la sortie, plus de 80 personnes laissent un coupon pour prendre contact. Inutile de dire que c’est du jamais vu en terre costarmoricaine. Restent trois semaines pour mettre à profit ce lancement de campagne explosif, et traduire la dynamique en succès électoral.
Correspondant
RÉUNIONS PUBLIQUES : Encourageant
• Clichy (Hauts-de-Seine). Pour cette deuxième réunion sur le nouveau parti, 23 personnes ont répondu à l’invitation, certaines venant du PCF, des comités Bové ou bien préparant leur première expérience d’organisation politique. Le débat, nourri et intéressant, a duré une heure et demi et s’est conclu sur l’accord des participants pour constituer un comité d’initiative à Clichy, ainsi que la mise en place d’un « bureau » provisoire d’animation de six personnes (dont quatre non-membres de la LCR) pour préparer une initiative après les municipales et les prochaines réunions thématiques.
• Annecy (Haute-Savoie). La conférence de presse à laquelle participait Olivier, à Annecy, le mercredi 6 février, se voulait à la fois soutien à la liste « Annecy résolument à gauche », soutenue par la LCR et l’association Résistance citoyenne, et présentation de la démarche engagée pour le nouveau parti anticapitaliste. 80 personnes, colistiers et soutiens, militants syndicaux, étaient présents. Nombre d’entre eux ont exprimé leur intérêt pour la constitution de ce nouveau parti. Une longue discussion a également eu lieu avec une trentaine de militants syndicaux de Salomon (qui a décidé de fermer le site de Rumilly, donc de supprimer 285 emplois) et Tefal.
• Uzès (Gard). À Uzès, petite ville gardoise très touristique, où la LCR est peu connue, 35 personnes, dont un tiers de jeunes, se sont réunies, le mercredi 6 février, pour discuter du NPA. Les questions sont parties dans tous les sens : « Pourquoi un parti ? », « Sur quel programme ? », « Quelle filiation avec la LCR ? », « Que voulez-vous faire du pouvoir ? » Une fois l’initiative de la LCR saluée, le débat s’est vite centré sur la question de la démocratie, qui ne peut se satisfaire d’une simple délégation de pouvoir. Plus de la moitié des participants ont laissé leurs adresses. Très bientôt, une prochaine rencontre précisera et engagera le processus.
• Avignon (Vaucluse). Discussions de quartier nourries avec Olivier Besancenot autour du nouveau parti anticapitaliste, d’abord à l’Isle-sur-Sorgue, dans le quartier de Rebenas, puis Sarrians, puis Sorgues. Le soir de ce lundi 11 février, salle comble à Avignon, pour un meeting qui a permis, avant l’intervention du porte-parole de la LCR, de faire le point du lancement du nouveau parti. Déjà, une bonne dizaine de réunions sont programmées sur le département. Un appel a été lancé, avec la constitution d’un collectif d’initiative départemental et un texte à signer. 90 personnes ont laissé leurs noms et adresses.
* Paru dans Rouge n° 2240, 21/02/2008.
TOULOUSE : Processus constituant
Mardi 5 février, 140 personnes se sont réunies à Toulouse pour échanger sur le nouveau parti anticapitaliste avec la section locale de la LCR et Olivier Besancenot.
Après une journée passée à la rencontre des habitants des quartiers populaires, en compagnie des militants de la liste « Debout ! », conduite par Myriam Martin, Olivier Besancenot a participé, en fin d’après-midi, à une réunion sur le nouveau parti anticapitaliste au local de la LCR.
Convoquée deux ou trois jours auparavant sur invitation personnelle et sans annonce publique, dans une période militante intense, cette initiative a connu un succès numérique important. 140 personnes, dont seulement une vingtaine de militants de la LCR, ont débattu pendant plus de deux heures de la proposition, largement adoptée lors du dernier congrès de la LCR, de construire un nouveau parti anticapitaliste. L’invitation stipulait bien que c’était une réunion s’inscrivant dans le processus constituant ; le débat a largement tenu ses promesses.
La salle était composée d’un public varié et populaire, de salariés du privé, du public, de chômeurs, de jeunes. En revanche, peu de personnes issues de l’immigration post-coloniale. Pour l’essentiel, il s’agissait de nouvelles et de nouveaux venus en politique, bien que des militants issus de la mouvance libertaire, du Parti communiste, des antilibéraux, et même du Parti socialiste, se soient exprimés. Le fait notable, c’est le grand respect des uns et des autres et l’absence de donneurs de leçon ou de militants engoncés dans leurs certitudes. Un vrai travail d’élaboration.
Les questions discutées portaient sur le positionnement politique du nouveau parti anticapitaliste, son fonctionnement et le processus constituant. L’indépendance vis-à-vis du PS est l’élément central. L’autre aspiration, la plus forte, est que ce parti soit le porte-voix des luttes. C’est l’absence d’un outil de lutte face à cette droite de combat qui motive les participants à s’engager dans le processus. Peu de débat sur la nature révolutionnaire du parti, si ce n’est pour dire qu’on voulait un parti qui n’accepterait pas de compromis, qui ne braderait pas les revendications et qui voulait changer radicalement cette société, par la remise en cause de la propriété privée des moyens de production.
Les questions démocratiques et de fonctionnement – maîtriser la représentation, être attentif aux opportunistes, pour éviter le carriérisme ou la bureaucratisation – ont aussi largement été abordées. Quant à la place de la Ligue dans le processus, les intervenants ont plutôt salué son initiative qu’interroger sa capacité à vraiment se transformer et à laisser de la place aux nouveaux arrivants. Les questions de fonctionnement – rythme, formation, contrôle, démocratie – ont aussi occupé une partie de la soirée.
À la fin de la soirée, une information sur le fonctionnement de la LCR a permis à près de 80 personnes de laisser leurs contacts. Un moment chaleureux et passionnant, où tout le monde a eu le sentiment qu’il se passait quelque chose, qu’on était entré dans la phase du possible pour la construction de cette nouvelle force.
Bernard Deswarte
RÉGION GRAND-EST : Deux jours de visite
Le porte-parole de la LCR, Olivier Besancenot, s’est rendu à Mulhouse et Belfort, les 7 et 8 février, pour discuter du nouveau parti anticapitaliste.
MULHOUSE (HAUT-RHIN)
À peine sorti du train, jeudi 7 février, Olivier Besancenot se rend à l’usine Peugeot, où l’attendent des militants syndicaux de la boîte, afin de distribuer un tract. Accueil chaleureux, brefs échanges avec des travailleurs, mots d’encouragement : « Salut Olivier et bonne chance ! », « Olivier, ne lâche rien ! » Une petite bouffée d’air pur pour des militants qui mènent un combat particulièrement difficile contre un patron qui ne les ménage pas…
Un peu plus tard, une discussion anime une vingtaine de syndicalistes de PSA, de Behr-France (sous-traitant de l’automobile), de Rhône-Poulenc (chimie), de Carrefour (grande distribution), de Clemessy (électronique). Tous racontent la même souffrance au travail, mais aussi la résistance et la solidarité pour faire face aux menaces et aux pressions que subissent tous les jours celles et ceux qui ne baissent pas la tête.
Puis, se tient une rencontre avec des représentants d’associations turques et kurdes pour rappeler la solidarité internationale : « Avec ou sans papiers, vous avez votre place à nos côtés. Notre parti n’a pas de frontières. » Puis, un crochet par les Côteaux (une ZUP de 15 000 habitants) afin de réaffirmer le refus du tout-sécuritaire : « Plutôt de l’argent pour les centres socioculturels qui sont en grande difficulté à Mulhouse et pour les éducateurs que pour les caméras de vidéosurveillance et la police municipale. »
Au rendez-vous du soir, pas de surprise, le public est là : « Olivier Besancenot enflamme la SIM [Société industrielle de Mulhouse] », comme l’écrira le journaliste d’un quotidien local. Ce qui ne manque pas de piquant, lorsque l’on sait que le bâtiment abrite aussi les locaux du Medef… La salle de la SIM est comble (500 personnes), lorsqu’Olivier Besancenot prend la parole, pour soutenir la liste « Mulhouse résistance sociale et solidarité », conduite par Françoise Ruch. Devant un public populaire et jeune, enthousiaste à souhait, Olivier Besancenot a su trouver les mots pour faire vivre notre projet de construction d’un nouveau parti anticapitaliste, dans une ville ouvrière et immigrée, marquée par la pauvreté et la précarité. Il martèle : « Ce gouvernement, c’est une machine à remonter le temps, qui cherche à nous reprendre un à un les acquis sociaux arrachés par les anciens. Si ces élections permettent de donner une bonne claque à Sarkozy, nous ne serons pas mécontents ! »
Le message est reçu 5 sur 5, les applaudissements sont nourris. À l’issue du meeting, plus de 60 personnes ont laissé leurs coordonnées pour participer au nouveau parti anticapitaliste.
BELFORT (TERRITOIRE DE BELFORT)
Pour certains travailleurs de notre région de Belfort-Montbéliard, Olivier Besancenot n’est pas seulement une image entrevue à la télé, c’est un militant connu, venu les soutenir lors de luttes (Marti en 2005, Faurecia en 2006) et débattre au sein du quartier populaire des Buis, à Valentigney, pendant la campagne présidentielle. C’est donc tout naturellement qu’il fit une halte ici, vendredi 8 février, en rentrant de Mulhouse, pour revoir ces syndicalistes déjà rencontrés et leur parler de notre projet de construction d’un nouveau parti anticapitaliste.
Nous n’avions pas organisé une réunion publique, mais appelé, sur invitation, des personnes connues que nous savions orphelines d’un débouché politique. Malgré l’heure peu propice, la salle de la Maison du peuple de Belfort était comble. 70 personnes étaient là : des syndicalistes de la métallurgie (CGT, Solidaires), les camarades de Siédoubs-Faurecia, des Cycles Peugeot étaient heureux de retrouver Olivier Besancenot. Il nous manquait les camarades de Marti, qui ont mené une lutte victorieuse en 2005-2006. Étaient également présents une syndicaliste de la CFDT-Commerce, des syndicalistes de la CGT, de la FSU, de SUD, de la fonction publique (enseignement, santé, cheminots, communaux…), des membres du PCF de Haute-Saône, des membres du Collectif antilibéral de Belfort, avec lesquels nous constituons une liste pour les municipales.
Après une introduction sur la nécessité d’un parti anticapitaliste, dont la vocation première sera d’imposer des mesures d’urgence, un débat libre et riche est organisé, qui complétait étonnamment bien celui du meeting de Mulhouse. Tandis qu’à Mulhouse, nous avions entendu les salariés de PSA dénoncer les méthodes inhumaines du patronat, à Belfort, ce sont les salariés du commerce qui nous ont émus, de par leur désarroi face aux pressions incessantes de la hiérarchie et aux divisions que cette dernière essaie d’instaurer au sein des équipes.
Seule l’organisation des travailleurs et les perspectives politiques qu’engendrerait la construction d’un parti indépendant et anticapitaliste peuvent mettre un coup d’arrêt à cette exploitation de plus en plus éhontée. Au final, une rencontre pleine d’espoir, qui laisse présager de réelles possibilités d’organisation, dans une région pourtant considérée comme difficile.
Correspondante
* Paru dans Rouge n° 2239, 14/02/2008.