Théoriquement, les communes n’ont ni à financer directement, ni à aider les entreprises. Pourtant, la plupart des municipalités se dotent d’une politique économique à destination du patronat local. En développant des infrastructures permettant une meilleure implantation de nouvelles activités, en pratiquant une politique foncière permettant de vendre à des tarifs avantageux du terrain viabilisé et facile d’accès, les communes cherchent à attirer les entreprises sur leur territoire.
Jusqu’ici, cela peut se concevoir, mais de nouveaux dispositifs vont bien au-delà. La création de pépinières d’entreprises est une aide directe d’un niveau supérieur. En 1996, Juppé a mis en place le dispositif des zones franches urbaines (ZFU) sur le modèle de Thatcher. Elles visent à la création d’entreprises de moins de 50 salariés, dans des quartiers dits défavorisés, en échange de l’exonération complète des charges pendant cinq ans, s’il y a embauche d’au moins un tiers des effectifs dans le quartier concerné. Avec la vague Borloo, il y en a aujourd’hui 85, surtout dans les communes limitrophes des grandes villes. Les bilans, même officiels, sont plutôt mitigés, car l’effet sur l’emploi dans les quartiers est limité. D’ailleurs, l’Italie et l’Angleterre n’y ont plus recours. En revanche, on ne compte plus les petits scandales liés aux effets d’aubaine, les délocalisations d’une commune à une autre pour bénéficier du dispositif. Malgré l’ultralibéralisme évident de cette mesure, de nombreuses communes de gauche, y compris dirigées par le PCF, ont largement accompagné la création de ZFU sur leurs territoires. C’est la contradiction d’équipes municipales capables de discours radicaux, d’appels à manifester le dimanche, mais qui, durant la semaine, gèrent comme le font leurs collègues de droite de la commune voisine.
En 2004, de Villepin lance les « pôles de compétitivité », « association d’entreprises, de centres de recherche et d’organismes de formation, engagés dans une démarche partenariale […] destinée à dégager des synergies autour de projets innovants conduits en commun en direction d’un (ou de) marché(s) donné(s) ».
Il y en a 71 en France, et les collectivités locales participent à leur financement par le biais d’études. Ce sont surtout les grands groupes disposant de secteurs de recherche qui bénéficient de ce dispositif et le premier bilan d’étape fait état des difficultés que rencontrent les PME et PMI à s’y intégrer. Les grandes communes financent de nombreuses enquêtes économiques, par le biais de bureaux d’étude largement rémunérés, dont la part dans le budget d’une commune est loin d’être négligeable. De nombreux avenants ou enquêtes complémentaires peuvent même être demandés. Le bilan et l’efficacité de tout cela, qui coûte assez cher au contribuable, ne sont jamais vraiment élucidés.