Une nouvelle étape dans la lutte contre la mondialisation libérale a été franchie samedi dernier : 500000 personnes ont défilé dans les rues de Barcelone malgré la psychose antiterroriste et antibasque délirante entretenue par les autorités espagnoles qui n’ont pas hésité à justifier la présence d’avions de guerre.
Pourquoi un tel raz-de-marée ? L’ordre du jour et les enjeux étaient importants : libéralisation du marché de l’énergie, extension de l’ouverture à la concurrence du fret ferroviaire, flexibilité du marché du travail, aide au développement, programme Galileo (système de localisation par satellite). Mais surtout, comme l’explique Christophe Aguitton dans le dernier numéro de « Grain de Sable » d’Attac, « pour comprendre cet incroyable succès, il faut le situer dans la vague actuelle de mobilisation contre la mondialisation libérale qui, depuis Québec, Gênes et Porto Alegre, est en pleine phase d’extension et de massification. Barcelone est un des bastions de ce mouvement. Dès juin 2000 [], le Movimento de resistancia global (MRG) s’était constitué et des mobilisations très massives avaient eu lieu []. A Barcelone même, l’annonce d’une conférence de la Banque mondiale en juin 2001 a permis le développement d’une campagne très importante, au point que la Banque a préféré annuler sa conférence, la campagne décidant de maintenir, pour fêter l’événement, une manifestation qui a rassemblé près de 20 000 personnes. Le sommet de l’Union européenne était, pour les militants de Barcelone, la première »vraie« raison pour pouvoir, enfin, se mobiliser massivement ! »
Les pronostics les plus optimistes ont été « explosés » : la jeunesse et les mouvements sociaux les plus divers sont descendus massivement dans la rue, donnant ainsi une nouvelle impulsion aux mobilisations contre la mondialisation capitaliste, à commencer par celle qui aura lieu en juin prochain, à Séville, lors de la prochaine conférence intergouvernementale de l’Union européenne.
Une fois encore, la libre circulation en Europe a été mise en cause. Vendredi soir : sept cars français ont été bloqués à la frontière par la police espagnole. Côté français, les CRS ont chargé et l’autoroute a été bloquée par le préfet : voilà qui démontre une fois de plus la duplicité du gouvernement Jospin qui d’un côté réprime les manifestants antimondialisation et de l’autre envoie certains de ses ministres se pavaner indécemment à Porto Alegre. Samedi après-midi, Pierre Tartakowsky, secrétaire général d’Attac, et Alain Krivine ont réussi à faire lever l’interdiction de circulation pour une vingtaine de cars. A la frontière du Perthuis, la police espagnole a exigé qu’ils engagent leur responsabilité individuelle sur la conduite personnelle de chacun des 700 et 800 manifestants français, liste nominale à l’appui. Du jamais vu. Ils ont évidemment réfusé de signer un tel document. Finalement, vers 17 heures, les autorités espagnoles ont accepté l’entrée des cars en Espagne, après un contrôle individuel des passagers. Mais la manifestation était terminée et la plupart des cars ont dû rebrousser chemin. Qu’elles se le tiennent pour dit, nous nous donnerons les moyens d’être très nombreux à Séville en juin prochain !