• Mulhouse (Haut-Rhin). À l’initiative de la LCR et d’Union 68 (lire Rouge n°2229), 180 à 200 personnes ont participé aux activités depuis trois mois. Au cours de la campagne municipale, la création d’un Comité d’initiative départemental pour la construction d’un nouveau parti anticapitaliste (CI) a été annoncée. Vu le succès rencontré, il y aura cinq comités d’initiative locaux (répartition géographique), plus un comité jeunes, qui devraient se réunir à peu près mensuellement et permettre de développer le nouveau parti dans les quartiers et les villes en dehors de Mulhouse, ainsi que l’investissement des militants dans le milieu associatif, ce qui reste un point faible.
• Creuse. Une première réunion s’était tenue avec des têtes nouvelles : onze étaient sans passé militant, au profil plutôt écolo-radical, décroissant ; trois venaient de la CGT, dont un ancien PCF ; un, ancien de la LCR, venait de SUD-PTT ; quatre étaient proches de la Confédération paysanne. Première question : « Pourquoi faire un nouveau parti, alors que, si on est là, c’est parce que la LCR nous intéresse ? » Puis, les deux réunions suivantes, on a discuté des cantonales et du nouveau parti. À la dernière réunion, une interrogation : « Le NPA [nouveau parti anticapitaliste, NDLR], c’est comme le monstre du Loch Ness, on en parle beaucoup, mais on le voit jamais. » Du coup, on a pris la décision d’une conférence de presse, le 22 mars ! L’articulation entre comité et LCR – qui n’a envoyé que trois militants pour ne pas monopoliser les débats et les décisions – reste complexe. On sent un fort décalage dans les pratiques militantes des participants, et donc également dans les analyses. Ce qui fait consensus, c’est que le nouveau parti doit être anticapitaliste, indépendant, démocratique, et un outil pour les luttes.
• Pontarlier (Doubs). Une première réunion a regroupé une dizaine de participants (en période de congés) et une nouvelle est prévue à la fin du mois. Mais, tout de suite, prises de position et questions ont fusé : « Le NPA ne peut pas être un super syndicat » ; « Il faut un vide grenier idéologique et préciser ce que veut dire socialisme du XXIe siècle » ; « Pourquoi la LCR vient nous chercher ? » ; « Comment nous adresser à l’extérieur de manière audible et compréhensible ? » L’urgence d’un cadre national – bulletin de liaison, liste électronique, forum Internet – pour pouvoir échanger sur les expériences et les méthodes mises en œuvre, fédérer ceux qui sont le plus avancés dans le processus et ceux qui rencontrent davantage d’obstacles, a également été soulignée.
• Avignon (Vaucluse). Un collectif pour le nouveau parti s’est constitué, fin février, avec 32 personnes (hors LCR), aux « profils » extrêmement variés : deux communistes, trois jeunes écologistes plutôt « mouvance Bové », trois jeunes des quartiers, deux associatifs (soutien scolaire), un syndicaliste CGT, de jeunes artistes locaux, un retraité SNCF, deux travailleurs sociaux, un prof de philo et un architecte… Autant dire que, si cette énumération montre une volonté grandissante de beaucoup de « s’y mettre », sans aucune défiance ni avec la LCR ni avec son projet, elle recèle aussi des préoccupations différentes. Certains sont surtout animés par un sentiment d’urgence « sociétale », la volonté de changer la vie et les comportements personnels, et l’exigence d’un parti porteur de valeurs et d’utopie. Ils développent une opposition « au système ». Alors que d’autres sont plus préoccupés par « l’urgence sociale » – les conditions de vie, les salaires, l’emploi, le logement – et révoltés par la montée en puissance de l’exploitation et de la pauvreté – voire de la misère –, alors que les profits et les privilèges s’étalent, nourrissant l’anticapitalisme radical. La construction d’un nouveau parti anticapitaliste impliquera de répondre simultanément à deux défis : mélanger ces « cultures » et proposer des objectifs de lutte qui permettent à tous d’agir concrètement, d’aller vers les gens de leur cité ou de leur quartier, d’organiser des mobilisations, d’impulser des réseaux…
François Duval
BAYONNE : Discussion sans tabou
Nous avons profité de la venue d’Olivier Besancenot en soutien aux deux listes « 100% à gauche » sur Bayonne et Anglet pour organiser notre première réunion sur le nouveau parti anticapitaliste. En plus des colistiers, nous avions invité des syndicalistes, des acteurs des mouvements sociaux de ces dernières années, des anciens membres des collectifs « Bové »…
La salle de 100 places fut pleine dès le début, pratiquement tout le monde ayant répondu à l’invitation, souvent en amenant un collègue ou un ami intéressé par le sujet. Sans compter les membres de la LCR, c’est environ 75 personnes qui étaient au rendez-vous. Les questions ont porté, entre autres, sur les garanties que donnait la LCR pour éviter une mainmise sur le nouveau parti, les différences entre adhérents et militants, l’indépendance vis-à-vis du PS et notre positionnement au deuxième tour des municipales (accord technique et/ou politique), l’ouverture politique du parti, le travail avec les abertzale (partis nationalistes basques) de gauche, la nécessité d’avoir en ligne de mire « la grève générale », le nouveau parti et la IVe Internationale… Après le départ du porte-parole de la LCR, personne n’a quitté la salle, signe qui ne trompe pas sur l’intérêt du débat. La discussion s’est donc poursuivie une heure de plus avec toute la salle, puis en petits groupes jusqu’à 22 heures, autour d’une collation.
Nous avons diffusé un quatre pages reprenant certaines initiatives d’autres villes, et nous nous sommes engagés à poursuivre la diffusion de ce bulletin d’information. La salle a demandé une nouvelle assemblée générale, au plus tôt après les élections, pour définir notre structuration en vue de commencer le travail commun. Nous avons distribué des coupons d’inscription pour celles et ceux qui, après cette réunion, voulaient continuer le travail sur le nouveau parti anticapitaliste. 45 personnes (hors LCR) ont laissé leurs coordonnées pour participer aux prochaines réunions, soit 60 % des invités. Une vraie réussite ! La discussion franche et sans tabou initiée par Olivier Besancenot a permis de dissiper une série de résistances ou d’idées reçues. Le travail est devant nous, mais ce départ est de bon augure ! La prochaine assemblée aura lieu le vendredi 28 mars pour discuter, entre autres, de la manière avec laquelle on va se structurer (géographiquement, par activité professionnelle...) pour commencer le travail en commun. Nous espérons également que des colistiers, après notre campagne, franchiront le pas d’un militantisme politique au sein du nouveau parti.
Martine Mailfert