La première réunion de la nouvelle direction nationale (DN) de la LCR fut l’occasion de mettre tout le monde au travail, à commencer par les nouveaux et les nouvelles élus à la DN et, pour cela, d’améliorer les méthodes de travail de la direction. C’est pourquoi, l’essentiel de la discussion sur le processus de construction du nouveau parti anticapitaliste a été organisé en commissions, afin de permettre un maximum d’interventions et d’obtenir un tableau aussi complet que possible des réalités locales et de leurs implications politiques.
Mais les travaux ont commencé par l’analyse de la situation politique, notamment sous l’éclairage des résultats du deuxième tour des élections municipales. Il s’agissait de prendre la mesure de l’évolution des rapports de force depuis l’élection de Sarkozy et du véritable camouflet reçu par le président, le gouvernement et la droite à cette occasion. Loin d’être une surprise, ces élections traduisent une manifestation sans ambiguïté du mécontentement populaire, qui s’est accumulé sur les questions sociales – le pouvoir d’achat, en particulier – et que révélaient déjà, fin 2007, la grève des cheminots et le mouvement étudiant.
Naturellement, dans les urnes, la gauche institutionnelle est la principale bénéficiaire de ce mécontentement contre le pouvoir en place. Mais la méfiance vis-à-vis de la gauche gouvernementale reste néanmoins forte, ce dont témoigne le haut niveau d’abstention, surtout dans les quartiers populaires. Et, surtout, les bons résultats recueillis par les listes présentées ou soutenues par la LCR, alors qu’il s’agissait pour nous d’une élection difficile, constituent un point d’appui pour tenter de construire une traduction politique. Globalement, le résultat des municipales met fortement en cause la légitimité des politiques antisociales du gouvernement et, à l’inverse, légitime les résistances populaires contre celles-ci.
Comme le précise la résolution politique adoptée par la DN (86 % pour ; 12 % contre ; 2 % d’abstention), « la question sociale, après s’être imposée dans le débat électoral, ne manquera pas de revenir sur le terrain des luttes ». En particulier, les mobilisations prévues le 29 mars prochain pour la défense des retraites constitueront une première échéance post-électorale, et une occasion de faire le lien entre retraites, salaires, pouvoir d’achat et répartition des richesses : « La LCR propose à tous les partis du mouvement ouvrier de se rencontrer pour organiser la résistance. » Et – ce fut le deuxième débat principal – d’accélérer le processus « nouveau parti anticapitaliste ». Concernant l’analyse des élections et les tâches découlant de la situation politique, la plateforme B a présenté une résolution politique alternative (13 % pour ; 84 % contre ; 1 % d’abstention ; 2 % ne participant pas au vote), qui insistait sur « la bataille pour le front unique de tout le mouvement ouvrier face à la droite et au patronat », la construction de « fronts politiques et sociaux », sans « se contenter d’appels formels à l’unité, sous peine de tomber dans l’incantation impuissante, voire d’alimenter les réflexes gauchistes ».
Le débat en commissions sur le nouveau parti a permis de recenser les initiatives prises, les avancées, les interrogations et les problèmes soulevés (lire ci-dessous). Une large majorité (86 % pour) de la DN s’est accordée sur la possibilité et la nécessité de passer à la vitesse supérieure, « en veillant à ce que les non-membres de la LCR participent véritablement à la prise en charge de l’activité et du fonctionnement de ces comités d’initiative ». La perspective tracée est celle d’un investissement complet des sections de la LCR et la volonté de « transférer les activités aujourd’hui prises en charge par la LCR aux comités d’initiative dès que possible, autrement dit quand les comités d’initiative ont une réelle existence qualitativement différente de la LCR ». À l’échelon national, l’objectif fixé est d’aboutir en juin à « une première rencontre nationale de délégués des coordinations locales et/ou départementales, en respectant les différences de rythme de construction des collectifs » (voir ci-dessous).
Début avril, se dérouleront deux rencontres sectorielles, l’une concernant les salariés des entreprises du public et du privé, l’autre les jeunes. Il s’agit à la fois de faire un bilan d’étape, de commencer à discuter plus précisément des contenus et d’envisager des appels spécifiques par secteur. Une démarche qui est également envisagée dans d’autres domaines d’intervention, comme l’écologie anticapitaliste.
Enfin, la DN a pris acte de la décision de la plateforme B de se constituer en tendance publique. Elle a donc décidé, conformément aux traditions démocratiques de la LCR, de lui fournir des moyens d’expression et de fonctionnement, à savoir le financement d’un demi-permanent et d’activités internes, dont notamment deux réunions nationales, ainsi que la publication d’une tribune, chaque semaine dans Rouge.
François Duval
PERSPECTIVES : Vers une rencontre nationale
La direction nationale de la LCR, les 15 et 16 mars, a fait le point sur le processus constituant du nouveau parti anticapitaliste et débattu de la suite.
Les membres de la direction nationale (DN) de la LCR ont eu l’occasion de mettre en commun les expériences locales concernant le nouveau parti anticapitaliste (NPA), d’analyser la situation et d’en tirer la conclusion qu’il est temps, sept semaines après le congrès de la LCR, de franchir une nouvelle étape dans le processus constituant.
En effet, au-delà de la diversité des situations locales et des rythmes, trois constatations permettent d’indiquer une certaine homogénéité.
La première, c’est la situation politique, au lendemain du premier test électoral, aggravée par la crise financière, qui confirme à la fois la nécessité de l’initiative et les possibilités nouvelles qui s’ouvrent. Nous revenons largement sur cette situation dans les colonnes de Rouge. La deuxième, c’est le résultat des listes présentées ou soutenues par la LCR aux municipales, qui démontre l’existence et l’ancrage d’un courant anticapitaliste dans l’ensemble du pays, alors que le risque était que ces échéances électorales, placées très tôt dans le processus, se soldent, pour nous, par des résultats beaucoup plus faibles et différenciés. La troisième, c’est la nature des problèmes rencontrés dans le cours du processus constituant. Les problèmes sont la preuve que cela marche !
La motion adoptée par la DN tente de répondre à certains de ces problèmes, notamment celui de la coexistence des instances de base de la LCR et des comités d’initiative pour le nouveau parti. Elle indique que les sections de la LCR, en même temps qu’elles organisent de premières initiatives larges, réunions publiques et/ou sur invitations, appels de militants syndicalistes, doivent commencer à construire des comités d’initiative en commun avec les personnes et groupes de personnes qui sont convaincus par l’objectif du NPA. Mais ces comités d’initiative ne doivent pas être animés seulement par quelques camarades de la LCR avec des militantes non-Ligue.
Des structures sont appelées à être celles de toutes et tous les militants de la LCR dans les semaines et les mois qui viennent. Cependant, il ne s’agit pas non plus d’une transmutation des sections de la Ligue en sections NPA : les non-membres de la LCR doivent participer à la prise en charge de l’activité et du fonctionnement de ces comités d’initiative. De même, il faut favoriser tout ce qui permet des convergences concrètes : les militants de la Ligue, anciens et anciennes, nouvelles et nouveaux, les militants pour le nouveau parti doivent pouvoir débattre et agir ensemble, sur un pied d’égalité.
Pour cela, les comités d’initiative doivent être des structures d’action, et pas seulement des structures de discussion avec en parallèle la LCR qui mène l’activité. Ceci implique donc que les militants de la LCR fassent leur ces structures et que les instances de la Ligue puissent se réunir régulièrement, notamment pour faire le point sur le processus, mais sans doubler l’activité des collectifs, et en toute transparence vis-à-vis d’eux. De manière générale, il convient donc de s’efforcer de transférer, dès que possible, les activités aujourd’hui prises en charge par la LCR aux comités d’initiative.
Enfin, ces structures doivent se doter de comités de pilotage, chargés de l’organisation et de la coordination à l’échelle d’une ville, d’un groupe d’entreprises, d’un département et d’une région. Elles pourront ainsi préparer la rencontre nationale du mois de juin, à laquelle la LCR proposera qu’un appel national soit adopté, pour marquer une nouvelle étape et préciser les échéances à venir et qu’une équipe pluraliste soit désignée afin de coordonner les activités, de préparer une nouvelle coordination nationale à l’automne, d’ouvrir une première discussion sur le congrès, le programme, l’orientation, le fonctionnement, le nom, les références internationales du nouveau parti. Ce comité pluraliste, représentatif de la diversité des expériences, se modifiera bien entendu en fonction de l’avancée du processus. Bref, c’est parti, cela marche, alors on s’y met à fond, toutes et tous ensemble.
Ingrid Hayes
PROCESSUS CONSTITUANT : État des lieux provisoire
Les initiatives en faveur du nouveau parti se multipliant, il est utile de donner un aperçu de la réalité du processus constituant.
Vous avez déjà pu lire, dans votre hebdomadaire préféré, divers comptes rendus des activités nouveau parti qui sont organisées dans les villes, les quartiers, les entreprises ou les secteurs d’activité. Mais, comme Rouge n’est pas extensible, vous ne savez pas tout. À l’heure qu’il est, avec les informations fournies par une partie des régions, nous pouvons faire un état précis des activités nouveau parti anticapitaliste (NPA) dans 40 départements. Dans chacun d’entre eux, des activités ont eu lieu dans au moins une ou, en général, plusieurs villes, avec parfois des activités décentralisées dans divers quartiers des moyennes et grandes villes (notamment des cités, à Avignon, Toulouse ou Marseille).
S’ajoutent à cela des activités par secteurs, avec la création de comités dans les universités (Bordeaux, Rouen, région parisienne…), des rencontres avec des salariés d’une même branche (métallurgie dans le Valenciennois, par exemple, banques, La Poste ou cheminots dans la région parisienne), des salariés précaires (à Paris), des salariés d’une même entreprise (Peugeot Mulhouse) ou des syndicalistes de différents secteurs (comme à Belfort, Quimperlé ou Saint-Avold, en Moselle).
En ce qui concerne les activités locales des sections, de multiples critères expliquent la variété des rythmes et des situations. On peut en retenir trois, la présence et la disponibilité d’équipes syndicales, l’ancienneté de l’implantation des sections de la LCR et l’articulation ou non entre l’activité NPA et les élections municipales. Une implantation ancienne est parfois synonyme d’un rythme rapide, dû à la visibilité et à l’ancrage de l’organisation. Parfois, elle peut aussi signifier que l’ampleur du bouleversement à opérer par l’ensemble des militants de la LCR demande un gros travail de conviction.
Dans les sections très récentes, les choses sont parfois plus avancées du point de vue de la structuration, parce qu’il n’y a jamais vraiment eu (ou pas longtemps) de fonctionnement en section LCR (Bar-le-Duc, dans la Meuse, ou dans le bassin minier du Nord). Les municipales ont aussi une influence variable. Dans certains cas, l’articulation avec le processus du NPA a été forte, soit qu’il s’agisse d’une liste LCR ayant associé de nombreuses autres personnes (par exemple, Montreuil, en Seine-Saint-Denis, Saint-Malo, Metz, Valenciennes, Paris 20e), beaucoup de sections indiquant d’ailleurs que la question du NPA a beaucoup facilité la recherche de colistiers, soit qu’il s’agisse d’une liste unitaire dans laquelle les partenaires sont partants pour l’aventure. Dans d’autres villes, les deux activités se sont menées de manière moins complémentaire, ou les sections ont privilégié les municipales, auquel cas les sections entament maintenant le processus (Rennes, Calais ou Nanterre-ville) ou elles tentent de mettre à profit les acquis des municipales, sans que le transfert puisse se faire aussi facilement.
Si les rythmes sont différents, les étapes sont toujours à peu près les mêmes : une réunion publique et/ou sur invitation, en direction des sympathisants, des syndicalistes, des colistiers, un nombre variable de réunions supplémentaires, puis la structuration en comité d’initiative et, là où les choses sont les plus avancées, la question d’une coordination départementale. Une partie des villes en sont encore à la première étape, mais beaucoup sont déjà en train de passer à l’étape 2. La plupart des sections ont eu le souci de constituer les comités d’initiative avec des militants de la LCR en nombre volontairement réduit, pour que les autres composantes, groupes, équipes ou individus, puissent y prendre leur place.
En ce qui concerne l’assistance, c’est là encore variable, mais les participants le plus souvent cités sont des militants syndicalistes, associatifs, ex ou membres du PCF ou des collectifs antilibéraux ou Bové. Les participants au processus posent des questions très diverses, dont il faudrait deux pages pour faire la liste. Retenons les interrogations sur le fonctionnement du futur parti, et surtout sur le rapport entre parti et syndicats et l’autonomie syndicale, question décisive à laquelle il nous faut répondre avec clarté.
Ingrid Hayes
Motion adoptée par la direction nationale de la LCR
Voici la motion adoptée par la Direction nationale de la LCR, réunie à Paris les 15 et 16 mars.
Mise en œuvre du processus constituant du NPA : C’est parti !
Depuis le congrès, sept semaines se sont écoulées, denses, où l’ensemble de l’organisation s’est trouvé sous la pression de sollicitations dont la complémentarité n’était pas évidente à gérer : la bataille pour les listes pour les élections municipales et la bataille pour lancer le processus constituant pour le nouveau parti. L’écho rencontré dans ces deux activités menées parfois séparément, parfois ensemble, parfois parallèlement atteste de changements dans la situation politique et sociale qui créent les conditions pour homogénéiser le travail de l’organisation en aidant toutes celles et tous ceux qui se sont engagés soit dans l’activité pour un nouveau parti anticapitaliste soit pour les municipales soit pour les deux à se retrouver, s’ils le souhaitent, à égalité, avec nous, dans de nouvelles structures, les comités d’initiative tels qu’ils étaient définis dans l’adresse adoptée par le congrès. La crise politique qui frappe Sarkozy et la droite, la crise du capitalisme mondialisée et le cortége de scandales financiers qui l’accompagne, l’incapacité de la gauche gouvernementale et institutionnelle comme des confédérations syndicales à offrir une perspective au mécontentement du monde du travail souligne la nécessité de notre initiative comme les possibilités nouvelles qui s’ouvrent. Les initiatives déjà prises sur la question du NPA, dans leur diversité, comme les acquis de la campagne municipales sont autant de point d’appui pour engager une nouvelle phase du processus constituant. Les très bons résultat obtenus par les listes présentées ou soutenues par la LCR renforcent et encouragent le processus tout en illustrant les possibilités qui existent concrètement. Il s’agit dès maintenant de reprendre, de poursuivre la discussion autour de l’adresse, de la populariser plus largement dans une véritable campagne pour un nouveau parti tout en engageant résolument, le processus constituant au niveau de toutes les instances de l’organisation et de tracer les jalons pour les mois à venir.
Parallèlement à la multiplication des initiatives larges, réunions publiques et/ou sur invitations, appels locaux, appels de militants syndicalistes…en vue de la formation du NPA, les sections de la LCR commencent à construire des comités d’initiative en commun avec les camarades et groupes de camarades qui sont d’accord avec nous sur cet objectif. Ce processus implique que les cellules et sections de la LCR , comme toutes ses militantes et militants, s’investissent pour ce faire en veillant à ce que les non membres de la LCR participent véritablement à la prise en charge de l’activité et du fonctionnement de ces comités d’initiatives. Ceux-ci doivent prendre en charge les interventions et les campagnes politiques parallèlement aux discussions sur le programme et le fonctionnement du NPA. De manière générale, nous nous efforçons de transférer les activités aujourd’hui prises en charge par la LCR aux comités d’initiatives dès que possible, autrement dit quand les comités d’initiative ont une réelle existence qualitativement différente de la LCR. Il faut favoriser tout ce qui permet des convergences concrètes : les militants de la ligue, anciens ou nouveaux, les militants pour le nouveau parti doivent pouvoir débattre et agir ensemble. Il faut maintenant qu’ils se retrouvent sur un pied d’égalité dans des collectifs ou comité pour un nouveau parti anticapitaliste. Elles et ils construisent ces comités d’initiatives comme les structures militantes d’action qui doivent devenir nos cadres collectifs d’intervention. Dés que possible, ces collectifs doivent désigner des comités de pilotage pour préparer les réunions et organiser la coordination à l’échelle d’une ville, d’un groupe d’entreprises, d’un département et d’une région. Nous aurons à cœur d’impulser interventions et initiatives militantes, campagnes en particulier autour de la question des salaires pour une autre répartition des richesses. Les instances de la LCR se réuniront régulièrement (sans doubler l’activité des collectifs) selon des modalités et des rythmes à discuter localement et cela en toute transparence vis-à-vis des membres et structures du NPA. En respectant les différences de rythme de construction des collectifs,’une première rencontre nationale de délégués des coordinations locales et/ou départementales qui seront alors constituées se déroulera en juin, A cette réunion nationale, la LCR proposera :
– qu’un appel national soit adopté pour donner une nouvelle impulsion, marquer une nouvelle étape et préciser les échéances à venir.
– qu’une équipe pluraliste soit désignée afin de coordonner les activités, de préparer une nouvelle coordination nationale à l’automne, d’ouvrir une première discussion sur le congrès, le programme, l’orientation, le fonctionnement, le nom, les références internationales du nouveau parti. Cette équipe devra être composée de représentant-es de la LCR, des autres forces engagées même si ce n’est qu’à un niveau local et des collectifs locaux en veillant à ce qu’elle soit représentative du processus réel dans sa diversité. Cela signifie qu’il faut être attentif à ce que des militants, réprésentant des expériences politiques qui renforcent la diversité du collectifs, son pluralisme, puissent y trouver toute leur place , le comité de pilotage national jouera un rôle déterminant dans la conduite du processus de constituant, Ce comité de pilotage se modifiera en fonction de l’avancée du processus menant à une nouvelle coordination à l’automne. (...)
LCR