Quelle forme prend la répression actuelle ?
Aziz Mouhib – Une nouvelle vague de répression a commencé le 1er mai 2007 et ne s’est pas arrêtée depuis. Elle reflète des tensions profondes, une crise touchant tous les secteurs sociaux, y compris les classes moyennes et le discrédit des organisations politiques et syndicales traditionnelles. Les luttes tendent à se développer à l’écart de ces organisations et à s’étendre géographiquement. La répression a touché des manifestants de l’Association nationale des diplômés chômeurs, d’Attac, de l’Association marocaine des droits humains (AMDH), de la Coordination contre la hausse des prix, et de simples citoyens en lutte. Elle s’est concentrée sur les militants de la gauche radicale qui avaient appelé à boycotter les élections. C’est le cas du vieux résistant Mohamed Bougrine, membre dirigeant du Parti de l’avant-garde démocratique et socialiste (PADS), mis en prison par tous les rois depuis l’indépendance, de notre camarade Mohamed Youssfi, fondateur du Centre syndical pour la démocratie ouvrière et militant d’Attac, condamné à un an de prison ferme, et de militants de la Voie démocratique. Il s’agit d’empêcher l’émergence d’une force opposée à l’électoralisme et à la démocratie de façade, au capitalisme néolibéral et qui cherche à développer des mobilisations populaires indépendantes.
Quelles sont les perspectives ?
A. Mouhib – Les luttes sont nombreuses et combatives, mais éclatées et la gauche radicale est divisée. Les luttes contre la vie chère, qui ont une vraie assise populaire, sont ralenties par les arrestations. La violence de l’offensive sociale et la crise des bureaucraties syndicales et politiques ouvrent des possibilités, dans des conditions difficiles, pour la reconstruction d’organisations de lutte. Un comité international de soutien pour la libération de tous les détenus d’opinion s’est constitué. Mais l’ensemble des forces de gauche et du mouvement syndical sont aux abonnés absents. Seule la jonction d’une forte pression internationale avec la mobilisation locale peut faire reculer le pouvoir.