Comment répondre aux
changements climatiques ?
Voilà l’un des enjeux les plus
actuels. Bien que cette
question soit controversée,
il est évident que la forte
croissance des émissions
de dioxyde de carbone (CO2)
et d’autres gaz à effets
de serre (GES), résultant
des activités humaines,
est étroitement liée
au réchauffement global :
aujourd’hui, il existe à ce
propos un consensus général
dans la communauté
scientifique, et cette
thématique s’invite dans
le débat politique. La justice
environnementale doit donc
être l’un des thèmes centraux
de convergence à gauche,
pour l’engagement
de nouvelles générations de
militant-e-s et pour susciter
des réponses essentielles à
des questions fondamentales.
Le 4e rapport du sommet intergouvernemental
de l’ONU sur
les changements climatiques
(2007) enregistre les preuves de
l’existence de la plus grande
concentration de CO2, depuis 650
milliers d’années. La quantité de
carbone émise actuellement est le
double de ce que les écosystèmes
peuvent absorber.
Les conséquences actuelles sont
dévastatrices : la pollution ambiante
amplifie l’effet de serre naturel,
avec une augmentation de la
température moyenne sur la planète.
Les douze années les plus chaudes depuis
1850 sont les années 1995-2006.
Le dégel des glaciers et des pôles s’accélère,
entraînant la hausse du niveau
moyen des mers et l’altération des
courants marins. On constate l’intensification
de phénomènes météorologiques
extrêmes, comme les cyclones,
les marées, les sécheresses et les
vagues de chaleur.
Tous les scénarios prévoient une catastrophe
humaine, causée par l’avancée
de la désertification et du manque
d’eau, de l’inondation de vastes zones
habitées, du rythme d’extinction des
espèces, de la diminution des terres
cultivables et de la propagation des
maladies.
Des objectifs
insuffisants
L’Union européenne a adopté l’objectif
de « limiter l’augmentation
globale de la température moyenne
d’au moins 2 % par rapport aux
niveaux préindustriels ». Pour y
parvenir, les concentrations de
GES « devraient rester à un niveau
sensiblement inférieur » au double
de celui de l’ère préindustrielle.
Pourtant, cet objectif est insuffisant,
puisque l’augmentation tolérée
ne cesse de provoquer des impacts
aussi importants que la disparition
de pays insulaires. D’autre
part, il cible une stabilisation de la
concentration de GES à un niveau
dangereux.
Pour cela, il propose que les pays
développés (responsables pour 75%
de l’accumulation des GES) réduisent
leurs émissions de 50%
jusqu’en 2050 (par rapport à 1990).
Le rapport Stern estime que les
coûts de l’inaction peuvent égaler
l’effet combiné des deux guerres
mondiales et de la grande crise des
années 1930, avec une diminution
de 5 à 20% du PIB global : cela entraînerait
des conséquences humaines
brutales qui se répercuteraient
de manière disproportionnée
sur les pays les plus pauvres. Le
rapport Stern estime donc qu’il serait
plus rentable de réduire fortement
les émissions de gaz polluants
plutôt que de les atténuer,
compte tenu des coûts d’adaptation
aux changements climatiques.
Une mesure de la
démocratie effective
Ses propositions sont cependant limitées :
d’un côté, il fixe un objectif ambitieux
de réduction des émissions, vu
que celui-ci affecte moins les multinationales
et les pays développés ; de l’autre,
il propose une taxe mondiale sur le
carbone qui pénalise les populations.
De toute manière, ces risques sont
inacceptables. Il est indispensable de
réduire immédiatement et très fortement
les émissions de GES des pays
développés, mais aussi d’impliquer
l’ensemble des Etats, en particulier les
Etats-Unis et la Chine. La catastrophe
écologique a un prix trop élevé pour
pouvoir être ignorée par les décisions
politiques, si bien que sa prise en
charge devient l’un des critères centraux
d’évaluation de la démocratie.
La condition minimale, c’est la
réduction des émissions de GES de
30% jusqu’en 2020, et de 80%
jusqu’en 2050, par rapport à 1990.
Contre le
productivisme
et la guerre
Il existe deux explications à cette
accélération de la pollution :
l’usage intensif des combustibles
fossiles, sur lequel se base la production
d’énergie, et la transformation
croissante de l’utilisation
du sol, par le biais de l’expansion
urbaine et de la déforestation.
Dans les deux cas, ce sont des
conséquences du développement
de l’économie capitaliste et des
choix sociaux et culturels que ce
développement détermine.
Aucune de ces conséquences n’est
inévitable : la société pourrait se
développer à partir d’autres plateformes
techniques – non basées sur
les combustibles fossiles comme
source principale d’énergie – et de
circuits de consommation non dominés
par des produits dérivés du
pétrole (plastique ou autres). Le
marché a pourtant choisi cette
voie parce qu’elle était plus rentable
à court terme. Mais ce que le
marché juge rationnel peut être irrationnel
pour l’humanité, et c’est
certainement le cas pour la pollution
et la destruction des ressources
communes. En même
temps, le modèle de progrès productiviste,
basé sur l’utilisation
illimitée des ressources, s’est généralisé,
causant des désastres environnementaux
à grande échelle
en URSS et dans d’autres pays.
Les résultats sont maintenant évidents.
La course à la pollution et
au productivisme irresponsable va
épuiser les ressources fossiles et
causer des impacts environnementaux
qui menacent la vie de millions
d’être humains. Une bonne
partie des guerres des 19e et 20e
siècles trouvent leurs motifs principaux
dans l’exploration ou dans
la rareté des ressources.
Civilisation et barbarie marchent ensemble
et l’actuelle globalisation armée
prouve que les risques de guerre
sont intimement liés à la lutte pour
le contrôle des ressources et des
sources primaires d’énergie.
Prendre conscience que
le monde est fini
Le modèle productiviste pose la
consommation individuelle comme
l’un des supports de l’idéologie et de
la force du marché. La publicité s’approprie
l’espace public et oriente les
choix quotidiens. Les modèles de
consommation marchande dans les
pays riches contribuent à la crise planétaire
que nous vivons et détériorent
la qualité de vie des personnes. Il n’est
pas possible de diminuer les émissions
de GES sans une politique délibérée
pour changer notre manière de vivre
et de nous déplacer dans les villes.
Le protocole de Kyoto a été la première
réponse à cette crise environnementale.
L’accord a fixé l’objectif
de réduire de 5,2 % les émissions
des pays développés jusqu’en
2012, en créant des mécanismes
flexibles de marché, fondés sur le
commerce des droits d’émission.
Ce processus a échoué et ses très
timides objectifs – même s’ils
avaient été atteints – n’aboutiraient
pas à une réduction globale
des émissions. De nombreux pays
signataires se trouvent au-dessous
des objectifs auxquels ils s’étaient
engagés, comme le Portugal, et
quelques-uns des grands pollueurs
n’acceptent pas de réduire leurs
émissions, comme les USA. D’où un
effet nul ou négligeable en termes
globaux. Ce processus a échoué
parce que le commerce des droits
d’émission n’a pas d’effet dissuasif
sur la pollution. D’une part,
parce que le prix de la tonne de
gaz à effet de serre est très bas ; et
d’autre part, parce que le « mécanisme
de développement propre »
permet de continuer à polluer en
échange de projets de capture du
CO2 (par exemple, la reforestation).
Or, on ne peut utiliser indéfiniment
des ressources finies.
Ce protocole a échoué parce que
les mécanismes du marché ne
peuvent structurellement répondre
à la nature de la crise écologique,
d’autant plus dans un
contexte où les multinationales
peuvent facilement délocaliser
les produits les plus polluants et
où la politique refuse de mettre
en cause le mode de vie urbain.
Ils n’impliquent pas de réponse au problème
essentiel : la restructuration
des bases sur lesquelles repose l’économie
mondiale. Si rien n’est fait, les
combustibles fossiles continueront à
être le moteur du capitalisme global,
et le Sud continuera à payer les coûts
de la réduction des émissions des
pays développés.
Une stratégie
radicale
La gauche socialiste répond à l’injustice
environnementale par une
politique anti-capitaliste et écologiquement
responsable. C’est un
défi direct à la globalisation de
l’exploitation et de la misère. Les
solutions marchandes, outre
qu’elles ne garantissent pas la mobilisation
des efforts nécessaires
pour éviter la catastrophe, conduisent
à une hausse des prix des produits
rares, déterminant des localisations
plus protégées ; elles accentuent
la stratification et les discriminations
sociales, ainsi qu’une
forte inflation, qui est un impôt sur
les pauvres. Il est nécessaire d’agir
maintenant.
Les changements climatiques nous
confrontent à trois grands problèmes :
réduire la consommation globale
d’énergie, décarboniser l’économie et
changer les relations Nord-Sud. Ces
enjeux exigent le choix de la stratégie
la plus radicale dans la lutte pour une
civilisation écologiquement et socialement
soutenable.
En défendant ces trois grandes
mutations de civilisation, le Bloc de
Gauche est conscient de la globalisation
des mobilisations que
celles-ci exigent. Mais c’est seulement
à l’échelle internationale
qu’il est possible de répondre effectivement
à ces questions.
Cette globalisation impose que
chaque pays ou région prenne unilatéralement
les mesures nécessaires,
mais aussi que la solidarité
indispensable pour les rendre possibles
soit imposée aux pays et régions
restantes.
Un ordre basé sur le droit international
doit pour cela prévoir de punir
les gouvernements responsables
de délits écologiques ; il doit contribuer
à redéfinir les normes qui certifient
la durabilité des produits,
leur efficience énergétique, leur
aptitude au recyclage et à la biodégradation,
en permettant à
terme que seuls les produits les
plus écologiques puissent être commercialisés.
C’est un choix de civilisation.
Rompre avec la
logique capitaliste
En 2050, il y aura probablement dix
milliards d’êtres humains sur la planète
Terre. L’accélération des changements
climatiques donne l’alerte, mais ne
produit pas encore des modifications
de politiques substantielles. L’UE a annoncé
la réduction unilatérale de
20% des émissions jusqu’en 2020 et
une augmentation de 20% des énergies
renouvelables, en sachant
elle-même que ces mesures sont insuffisantes.
Le gouvernement des USA pourra
mettre à jour sa position après les
élections présidentielles, mais
toutes ses politiques ont toujours
favorisé l’intérêt économique dominant,
hostile par-là même à la réduction
globale de la consommation
énergétique.
Ce changement rencontre des obstacles
technologiques en matière
d’alternatives énergétiques. Les
alternatives déjà développées en
matière d’énergies renouvelables
(éoliennes et autres) ou les techniques
de capture du CO2, tout
comme d’autres techniques alternatives
étudiées (production d’énergie
à partir d’agro-combustibles,
hydrogène), même si elles aboutissent,
ne nous dispensent pas de réduire
aujourd’hui la consommation
globale. Les techniques connues de
production nucléaire ne sont pas
une solution au problème énergétique.
La recherche scientifique
peut promettre de nouvelles opportunités,
notamment celle de l’utilisation
efficace d’une part du flux
d’énergie solaire qui touche la
terre, 7 à 8 mille fois supérieur à
la consommation mondiale d’énergie.
Mais aucune de ces promesses
n’est aujourd’hui une réalité.
Même si cela devenait possible à
l’avenir, la difficulté essentielle
continuerait de se situer sur le terrain
social et politique, pour garantir
un accès équitable à l’énergie et
une démocratie étendue à l’échelle
mondiale. Tant pour le choix des
priorités de la recherche que pour
la distribution de ses bénéfices, il
s’agit de rompre avec la logique du
marché capitaliste.
La question posée par la justice
environnementale est précisément
celle-ci : seule la planification des
ressources permet de répondre à
l’urgence, seule la démercantilisation
du monde permet d’utiliser
les ressources disponibles pour les
solutions nécessaires.
L’accumulation privée et la loi du
marché mèneront inexorablement
à la déperdition et à des risques
plus grands. Seule la démocratisation
des décisions peut maintenant
éviter le péril, en socialisant et en
internationalisant les ressources
disponibles.
Les différents modes de production
ont été, jusqu’à aujourd’hui, des
économies prédatrices, comme le
capitalisme occidental, mais aussi
l’URSS d’hier et la Chine d’aujourd’hui.
Le capitalisme est un
mode de production prédateur sans
fin, parce que son unique critère
de succès c’est la valorisation vertigineuse
pour l’accumulation. Marx
affirmait que la valeur comme
forme historique particulière de la
richesse crée l’illusion d’une accumulation
matérielle illimitée dans
tous les domaines et pour toujours ;
cette illusion est le moteur
de l’économie. Aujourd’hui, nous
entrevoyons les horizons limités de
cette accumulation illimitée. Le
marché capitaliste est la manière
la plus efficace de détruire les écosystèmes
et la planète.
Planifier le
développement
des villes
C’est pour cela que la gauche socialiste
défend deux grands objectifs
en ce qui concerne l’énergie : la réduction
de l’intensité énergétique
avec réduction de la consommation,
et la décentralisation des
réseaux de production privilégiant
des échelles de proximité.
La transformation du régime de l’énergie
ou la décarbonisation des consommations
exige des investissements
très centralisés avec de grands moyens
financiers. Mais ils permettront aussi
des solutions basées sur des formes
plus décentralisées de production et de
distribution, en particulier grâce aux
énergies renouvelables qui doivent
soutenir, à petite échelle, les réseaux
locaux, en appuyant les villes, et où lela
consommateur-trice et le-la producteur-
trice contribuent à de nouveaux
comportements pour l’efficacité énergétique.
Le second objectif de la démocratie
environnementale consiste à
changer l’utilisation du territoire.
La vie urbaine est la condition
d’existence moderne et, au 21e
siècle, la majorité de la population
mondiale vivra dans des villes et y
satisfera ses besoins. C’est pourquoi
les villes doivent répondre à ces
besoins. Mais, plus d’une fois, la
spéculation comme mode d’accumulation
a provoqué des échecs
successifs, et là où les villes sont
plus intégrées, c’est là où la planification
urbaine s’impose contre la
spéculation immobilière.
Il faut maintenant étendre ce principe
de planification urbaine à de
nouvelles dimensions. La réduction
de la périurbanisation est importante
pour combattre l’exclusion
sociale, mais aussi pour réduire les
déplacements pendulaires. La création
d’espaces sociaux verts est importante
pour répondre à des besoins
culturels et conviviaux, mais
aussi pour réduire le caractère artificiel
et imperméable des sols.
Le développement des transports
collectifs et des modes non agressifs
de transports mène à la reconquête
de l’espace public.
Pour la démocratie
environnementale
Finalement, la démocratie environnementale
est le fondement de la
démocratie elle-même. Certes, il
existe toujours une tension entre le
jeu des politiques à court et à long
terme : le temps de jouissance des
choix individuels est immédiat et
ne reconnaît normalement pas le
temps long de ses conséquences sociales.
Le capitalisme, en imposant
un modèle de rationalité mesuré
par l’accumulation privée, exacerbe
cette contradiction.
Dans ce contexte, le choix de
civilisation en faveur de la justice
environnementale et sociale
exige une démocratie radicalement
universalisée : celle-ci peut
se reconnaître dans un régime
d’information ouvert, mais aussi
de décision global pour les problèmes
globaux et l’usage
rationnel des ressources. En défendant
le partage mondial, la
démocratie environnementale
assume le principe du socialisme.
Dans la politique concrète visant à
créer le rapport de forces nécessaire
à ce changement radical, les
solutions énergétiques doivent se
transformer en un facteur de développement
de nouveaux cadres de
vie et de mobilité, en poussant les
personnes à des choix difficiles.
Parce que seuls ces choix tracent
de nouvelles occasions de réinventer
l’emploi, de reconquérir les
droits du travail et les droits sociaux,
de se réapproprier l’espace
public, d’élargir la justice sociale
pour tous et toutes.
Bloc de gauche
(Portugal)
Que faire ?
En premier lieu, il faut
réduire la consommation
globale d’énergie au sein de
l’UE d’environ 50 %. Cette réduction
se heurte à des difficultés
très différentes dans
deux des principaux secteurs
qui consomment le plus
d’énergie : le bâtiment (habitations
et services) et les
transports. Dans le bâtiment,
la réduction de la consommation
peut atteindre rapidement
40 % en appliquant de
manière rentable des technologies
simples de conservation
et d’efficience énergétique
déjà disponibles, et
ce taux de réduction peut
augmenter avec la généralisation
de l’architecture bioclimatique.
La reconversion du parc des
logements et des bureaux
pour la production d’énergie
et de chaleur, en généralisant
la micro-génération et la cogénération,
peut être aussi
atteinte dans la décennie.
Cependant, le secteur des
transports – qui génère le
plus d’émissions – est d’autant
plus rigide que ses conditions
de pollution dérivent de sa
propre structure, basée sur la
prédominance de la route sur
le chemin de fer dans l’acheminement
des marchandises.
La croissance du fret aérien
menace aussi d’annuler les
efforts faits dans l’UE pour réduire
les émissions.
C’est pour cela que le Bloc de
gauche défend de grands
changements structurels
comme la création d’un secteur
nationalisé du transport
de passagers et de marchandises,
au Portugal comme
dans les autres pays européens ;
la création d’un réseau
européen de chemins de
fer et de transports maritimes,
en interdisant à terme
le transport routier à longue
distance ; ce réseau doit être
complété par des organisations
régionales et des systèmes
de transports collectifs
dans les villes, visant à
l’élargissement des réseaux
de manière douce et à la restitution
des centres urbains
aux piétons par la suppression
graduelle de l’automobile.
Nous défendons un réseau
de transports publics
gratuits : le réchauffement
global exige de faire passer
des centaines de milliers de
personnes, de l’automobile
aux transports publics. Nous
proposons d’imposer des limites
aux constructeurs automobiles
en réduisant la
vitesse des moteurs et les
émissions de CO2 autorisées,
ainsi que l’interdiction de la
vente de véhicules 4x4 à
des fins non-professionnelles.
En second lieu, il faut
décarboniser l’économie,
en changeant de paradigme
pour la production d’énergie :
remplacement des combustibles
fossiles par des sources
renouvelables, passage d’un
modèle centralisé à la diversification
des sources et au
transport d’énergie sur de petites
distances et gain consécutif
d’efficience. Il est aussi
nécessaire de réduire la dépendance
par rapport aux
produits dérivés du pétrole,
comme les plastiques. Nous
rejetons enfin l’énergie nucléaire
et le recours à la culture
intensive de bio-combustibles.
La proposition de nationaliser
la production et la distribution
d’énergie (gaz et électricité)
répond au besoin de
restructurer rapidement ce
secteur. Dans le même sens,
la nationalisation de l’eau
protège les consommateurstrices.
Altérer le modèle de
consommation correspond à
une transformation de civilisation,
plus difficile que la
généralisation des énergies
renouvelables pour remplacer
les sources énergétiques
actuelles. Il s’agit donc d’empêcher
le marché de faire
des choix (à court terme) en
matière d’énergie et de produits ;
et d’imposer, contre le
marché, la primauté de choix
sociaux et soutenables à long
terme.
Troisièmement, il faut
changer les règles des
rapports Nord-Sud. Les pays
dépendants souffrent d’une
triple malédiction impériale :
une histoire de surexploitation
du travail, de spoliation
des ressources et d’échange
inégal dans le commerce international,
à quoi s’ajoute
maintenant le pillage environnemental.
Les poumons planétaires de
la forêt tropicale sont détruits
par la logique marchande
pour étendre l’agriculture
industrielle et, plus
particulièrement, la production
intensive de céréales
grâce aux organismes génétiquement
modifiés (OGM).
L’urbanisation intensive dans
les pays du Sud - en 2025, de
nombreuses villes asiatiques
et latino-américaines auront
30 millions d’habitant-e-s,
avec l’augmentation de la
pauvreté - est l’un des effets
qui découle de la destruction
de la petite propriété rurale
et du manque d’alternatives
économiques pour des millions
de paysans comme
conditions d’accès à la modernité.
La destruction de la
forêt et de la campagne,
tout comme l’urbanisation,
sources de misère, sont les
conséquences de ces relations
impériales Nord-Sud.
Le Bloc défend la nécessité
pour l’Europe de rompre
avec ce modèle, dont elle a
bénéficié pendant des siècles.
Il n’existe pas de justice
environnementale sans répondre
à cette inégalité.
C’est pour cela que la gauche
socialiste doit proposer :
– La création d’une Organisation
mondiale de l’environnement
et d’un
Fonds mondial d’adaptation
et de transfert de
technologies propres,
sans conditions financières,
et orientés vers
les secteurs publics du
Sud ;
– l’imposition d’un moratoire
sur les OGM, en
remplaçant leur production
par des alternatives
viables ;
– l’annulation de la dette
du Tiers Monde.
Le Bloc défend expressément
la fin du régime des
brevets dans la santé et dans
les technologies permettant
de produire des biens de
consommation et des services
essentiels (transports,
industrie légère, eau et énergie,
communications), afin
que toutes les populations de
la planète puissent accéder
aux biens fondamentaux et
prendre part aux décisions.