Table des matières
A) Conjoncture générale
1) Système capitaliste / Impérialisme
2) Projet néolibéral
3) Etat des luttes : entre avancées et reculs.
4) Défis et questions importantes
B) Interrogations, propositions et positionnements sur le débat à propos du FSM et de son avenir.
1. Le FSM doitil concrétiser ses stratégies pour continuer d’être un espace au service des luttes ?
2. Estil possible d’atteindre nos objectifs à partir des consensus auxquels nous sommes parvenus dans une série de revendications de base, sans parler des buts plus fondamentaux et radicaux ? Estil possible de réaliser cet autre monde possible dans les limites de la logique prédatrice du capitalisme ?
3. Le FSM estil vraiment connecté aux luttes de la base, à ses mobilisations, ses campagnes et ses luttes politiques ? Comment accéder aux exclus pour connaître les différentes sensibilités sur le monde actuel ?
4. Aton besoin de trouver des thèmes communs pour les luttes ?
5. Quel est l’avenir du FSM : un espace ouvert, un mouvement des mouvements ou les deux à la fois ?
6. Estil du rôle du FSM de prendre des décisions politiques ?
7. Devraton passer d’un forum de discussion à l’action collective ?
8. Estil nécessaire de procéder à de profonds changements dans la Charte des principes qui permettent une prise de position sur les principaux enjeux globaux ?
9. Doiton assurer une meilleure adéquation des fonctions et des méthodologies du CI ?
10. Que faire en matière de communication ?
11. Défis et questions importantes
A) Conjoncture générale
1) Système capitaliste / Impérialisme
Le débat sur le capitalisme et l’impérialisme, bien que peu traité dans les textes envoyés, se trouve relativement polarisé.
Pour certains, le capitalisme et l’hégémonie impérialiste des Etats-Unis et de leurs alliés est en déclin. À titre d’argument, ils citent des signes comme les problèmes militaires que rencontrent les Etats-Unis, la question financière et leur dépendance chaque jour plus grande visàvis de la Chine ; à cause des mensonges suscités par le besoin de persuader, l’unilatéralisme et le bellicisme sont confrontés à la crise de légitimité qui frappe leur discours hégémonique ; l’incapacité à proposer des réponses aux problèmes de l’environnement, de la paix, de l’insertion sociale, etc. C’est dans ce contexte qu’ils affirment que le capitalisme et l’impérialisme sont dans une phase de déclin auquel se refusent ceux qui n’acceptent pas la domination et la dégradation des conditions sociales engendrées par ce système.
De l’autre côté, il y a ceux qui ne voient pas les choses avec tant de clarté, affirmant que les contradictions et la crise du système capitaliste sont inhérentes à sa dynamique propre et que c’est grâce à elles qu’il survit et s’étend. Ils reconnaissent les problèmes rencontrés au Moyen Orient, la dépendance croissante visàvis de la Chine, mais notent en même temps l’hégémonie de l’american way of life caractérisée par la société de consommation et l’individualisme exacerbés qui sont chaque jour plus présents dans le cœur et l’esprit des peuples.
Dans tous les cas, le tournant du siècle et plus particulièrement le 11/09 sont cités par beaucoup comme la date clé de l’entrée dans une nouvelle ère. Ils sont nombreux à être en attente d’un changement dans le rapport de forces, mais sont bien incapables d’en prévoir le résultat. Pour nombre d’entre eux, nous nous trouvons dans une période de transition.
2) Projet néolibéral
Certaines typologies et caractéristiques du néolibéralisme de la période actuelle dans les textes reçus : le néolibéralisme y est vu comme la marchandisation à outrance de la vie où tout se vend et tout s’achète, individualisme exacerbé et avidité de consommation, financiarisation, retour ces dernières années des forces traditionalistes et de l’ordre moral et réduction des droits collectifs.
Dans le cadre général des classifications précédentes, concernant le travail pour la plupart, la phase néolibérale se distingue comme une étape du système capitaliste. À partir de cela, on peut faire deux analyses. La première étant que le néolibéralisme est intrinsèque au système capitaliste : autrement dit pour le renverser, il faut renverser le capitalisme (o al socialismo o a otro modo de producción !!!). La seconde analyse est qu’il est possible de vaincre le néolibéralisme et d’humaniser le capitalisme (une nouvelle proposition de pacte fordiste en quelque sorte) afin de l’amener à exclure moins et à devenir plus humain.
D’aucuns estiment que le néolibéralisme et l’impérialisme sont en train de se réinventer en tentant de coopter / de s’approprier l’ordre du jour des mouvements tout en se faisant plus durs, conservateurs et répressifs pour survivre. Ils citent comme exemple le fait que les institutions financières ont perdu de leur crédibilité alors que leur politique et la spéculation se poursuivent ou encore le discours écologique des grandes entreprises qui ellesmêmes polluent ou du Forum de Davos.
D’autres pensent que le néolibéralisme est en baisse à cause de la crise de légitimité qu’il rencontre. L’émergence des mouvements sociaux depuis les années 80 a joué et continue de jouer un certain dans rôle en cela, du fait principalement ceux apparus après la seconde moitié des années 90.
Une nouvelle fois, ce que l’on peut constater dans les différents travaux reçus, c’est cette impression que nous nous trouvons à un moment de transition.
3) Etat des luttes : entre avancées et reculs.
De manière générale, on perçoit que les textes abordent ce sujet en partant des luttes qui ont lieu dans leurs régions, mais qu’il n’y a pas de vision globale de ce qui se passe sur les autres continents. En outre, il y a plusieurs façons de catégoriser les différentes luttes et organisations (mouvements, réseaux, altermondialisme, ONG). Dans certains textes, cellesci font partie des mêmes luttes et dans d’autres au contraire, elles sont décrites comme antagoniques. Dans d’autres textes encore, les termes sont employés sans véritable distinction.
Une autre question, qui est en partie le reflet de la dernière, est celle de la date du commencement du mouvement altermondialiste / antinéolibéral, en général. Si pour les uns, tout a débuté avec la contestation antiSuharto en Indonésie, qui remonte aux années 80, pour bien d’autres, cela a vraiment commencé dans les années 90 au sein des luttes comme celles des Zapatistes et avec les protestations de Seattle et Gênes. S’il y a un point sur lequel tout le monde ou presque est d’accord, c’est qu’entre ces deux périodes, des dizaines de mouvements de contestation ont surgi et que depuis le milieu des années 90, ils commencent à gagner en visibilité et en force.
À tout bien considérer, on ne peut pas dégager de vision commune sur qui gagne du terrain ou qui en perd ou jusqu’à quel point les objectifs proposés ont été atteints, entre autres questions pertinentes. Et ce même si dans bien des textes, l’Amérique Latine apparaît comme la région du monde où les luttes sont le plus avancées.
Quasiment tout le monde pense que les conditions diffèrent complètement d’un continent à l’autre.
? Europe :
Le mouvement connaît une crise de désunion et rencontre des difficultés à mobiliser.
? Amérique Latine :
Les mouvements sont très forts, mais n’ont pas la capacité à s’étendre au reste de la planète. Toutefois, et c’est peutêtre plus important, ils ont été capables de faire la jonction entre les mouvements sociaux et les dirigeants politiques.
? Monde arabe :
– L’une des zones les plus importantes aujourd’hui pour la visibilité des conflits globaux auxquels elle a à faire face, mais qui reste encore mal intégrée au processus du FSM, est le monde arabe. Si nous voulons être un mouvement vraiment global, un agent politique à l’échelle de la planète, il nous faut faire des contrepropositions en Chine, en Europe de l’Est et Moyen Orient. Si nous voulons remplir ce rôle, il nous faut présenter une alternative politique claire dans nos messages. Et ce travail important demande beaucoup de patience.
– Le monde arabe, c’est aussi la région qui reçoit le plus d’attention aussi bien militairement, que diplomatiquement ou économiquement. Il y a nécessité d’intégrer le monde arabe qui est confronté à des difficultés telles que les préjugés de certains ou la militarisation obligée du mouvement dans une zone de guerre et s’opposer au projet sioniste dans son alliance avec l’empire.
? Afrique :
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? Asie :
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Quelquesuns pensent que le néolibéralisme est en déclin face à l’ampleur croissante de l’altermondialisme. Ils citent aussi la légitimité en crise de l’hégémonie étatsunienne, dans l’après Afghanistan et Irak, qui peut limiter la capacité de Washington à exercer son pouvoir idéologique. Ces problèmes pourraient laisser entrevoir le développement de résistances dans certaines régions du globe.
D’un autre côté, certains estiment que les luttes qui ont commencé au milieu des années 90 sont en perte de vitesse. Après les mobilisations contre la guerre en Irak qui ont unifié les luttes à l’échelle de la planète, les mouvements sont aujourd’hui davantage préoccupés par les réalités nationales et se tournent vers des problématiques locales ou régionales.
Peutêtre devrionsnous créer des commissions continentales pour élaborer des analyses plus opératoires et tenter d’établir un cadre conceptuel minimum général. Un cadre conceptuel commun qui permettrait de mieux comprendre les dynamiques régionales et favoriserait l’émergence d’un bilan plus imparable aussi bien que les convergences.
4) Défis et questions importantes :
– Les luttes sont mondiales, au sens où elles se développent dans un espace mondial, mais il nous faut créer les convergences dans la diversité et à l’échelle mondiale et passer de la défensive à l’offensive. En Amérique Latine, ce passage à l’offensive a déjà eu lieu, ce qui augure de la tournure que peuvent prendre les événements. L’Afrique est toujours perçue comme continent le plus vulnérable et en Europe, on assiste à un déclin des mobilisations.
– Visibilité en baisse et capacité d’unification et de rassemblement en berne ces dernières années. De l’essor et de la multiplication des luttes concrètes contre le néolibéralisme à une plus grande dispersion sectorielle et nationale des mouvements.
– Les mouvements sont loin de porter préjudice au mode de production capitaliste.
– Défi qu’implique le fait de conjuguer combat démocratique et progrès social et reconstruction sur cette base de l’internationalisme des peuples face au capital.
– Cependant, nous sommes encore loin de voir le virage tant attendu dans la situation mondiale ; on n’a pas encore dépassé la période ouverte par le 11 septembre. Parallèlement à l’usure du mouvement de la jeunesse altermondialiste, même en Amérique du Sud, l’impulsion de nouvelles scènes politiques favorables aux forces populaires a atteint ses limites et se trouve à un croisement qui nous met depuis un certain temps au défi de trouver de nouvelles stratégies.
– La reconstruction d’un front des pays et mouvements sociaux du Sud est une condition fondamentale pour qu’émerge un autre monde non impérialiste, mais cela suppose la coopération entre organisations du Nord et du Sud.
– Partout dans le monde, les populations aspirent à des changements radicaux.
– Audelà et en parallèle des forums, d’autres organisations ont développé des manières de faire converger les mouvements de lutte, en mettant l’accent sur la convergence et la diversité, mais avec une vision plus objective et en cristallisant des stratégies communes.
– Le capitalisme a partie liée avec le patriarcat et le racisme/colonialisme ; la résistance à articuler ces dimensions se manifeste même dans les cercles progressistes et les mouvements sociaux lorsque des membres de ces cercles se refusent à examiner leur propre comportement ou à remettre en question les privilèges dont ils jouissent au regard de leur sexe, couleur de peau/ethnie ou classe sociale.
– Nécessité pour les mouvements et les organisations de prendre conscience qu’ils doivent s’intégrer à un projet altermondialiste cohérent qui implique une vision politique et dépasser leurs particularismes.
– La question de l’échelon national a été abordée aussi puisque c’est à ce niveau que se jouent les changements et cristallisations politiques et la définition des cultures politiques. Pourtant c’est bien dans une perspective mondiale qu’il faut envisager les changements puisque le capital, lui, est mondialisé. Nécessité d’une Ve Internationale.
– L’évaluation et la mesure régulière de nos avancées, de nos points forts et de nos faiblesses doivent nous guider dans la lutte pour un « autre monde possible ». Ce qui est fondamental à l’heure actuelle c’est de mettre en adéquation l’organisation et les formes d’action du FSM avec l’évaluation de la lutte contre le néolibéralisme et l’hégémonie impérialiste dans le monde, dans les avatars internes de leurs instances.
– Intégration aux dynamiques internationales des autres acteurs surgis des mouvements sociaux ou de grande participation comme le MAS (Bolivie), le PSUV (Venezuela) ou Alianza país (Équateur), qui ont réussi à transformer une force de résistance au néolibéralisme en force politique dominante.
– Nécessité de discuter d’un ordre du jour postnéolibéral qui puisse contribuer à créer un nouveau paradigme alternatif à celui du développement.
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B) Interrogations, propositions et positionnements sur le débat à propos du FSM et de son avenir.
1. Le FSM doitil concrétiser ses stratégies pour continuer d’être un espace au service des luttes ?
Pour certains, avoir un impact plus fort suppose d’établir nos objectifs et nos stratégies avec clarté en assumant une plus grande intentionnalité dans le sens de l’articulation (convergence) des luttes au sein du processus du FSM et davantage d’efficacité dans les manifestations du FSM au service de celuici. En ce sens, il est nécessaire de ne pas considérer le FSM comme une fin en soi. Le FSM devrait consacrer ses contributions (une nouvelle culture politique) aux mouvements sociaux du monde entier.
– Avancer dans la transition vers une plus grande intégration, dans le respect de la diversité et de la complexité des mouvements sociaux.
L’objectif étant de renforcer le processus des luttes et de susciter une capacité accrue de mobilisation à l’échelle mondiale.
Le défi qui nous attend est de consolider le FSM en tant que processus capable de favoriser la synergie entre les ordres du jour politiques et la diversité des cultures organisationnelles en contribuant à bâtir et à stimuler les luttes. C’est comme cela que l’on parviendra à mieux organiser la résistance au néolibéralisme et au militarisme impérialiste.
Une suggestion dans le sens d’un service aux luttes peut se concrétiser lors du prochain cycle :
1. La première année, on célèbrerait une Journée de mobilisation et d’action globale qui serait coordonnée, interconnectée, autogérée et décentralisée. La deuxième année verrait se rencontrer les luttes et les organisations régionales, sousrégionales et celles regroupées autour de thématiques particulières. La dernière année enfin, se produirait une rencontre globale alimentée par les résultats précédents.
2. Une autre proposition serait d’alterner tous les deux ans entre la tenue du FSM et ses forums locaux, régionaux et thématiques et des journées et campagnes mondiales et/ou régionales autour de sujets concrets capables d’engendrer un consensus et une mobilisation à grande échelle.
3. Une autre proposition encore impliquerait de considérer la Journée d’action globale comme partie intégrante du FSM à l’avenir. La Journée d’action globale peut être destinée à accompagner de façon globale ce qui se produit lors de l’événement mondial du FSM. L’événement central peut se produire tous les deux ou trois ans, mais la Journée d’action globale serait, elle, annuelle.
2. Estil possible d’atteindre nos objectifs à partir des consensus auxquels nous sommes parvenus dans une série de revendications de base, sans parler des buts plus fondamentaux et radicaux ? Estil possible de réaliser cet autre monde possible dans les limites de la logique prédatrice du capitalisme ?
Cette idée ne fait pas l’unanimité dans le mouvement altermondialiste du Forum Social Mondial, mais nous sommes nombreux à penser que le socialisme est à réinventer au XXIe siècle.
3. Le FSM estil vraiment connecté aux luttes de la base, à ses mobilisations, ses campagnes et ses luttes politiques ? Comment accéder aux exclus pour avoir connaître leurs différentes sensibilités quant au monde actuel ?
D’aucuns pensent que ces rencontres ont lieu avec les porteparoles des victimes du système mais très rarement avec les victimes ellesmêmes et que le FSM ne représente pas l’ensemble des mouvements de résistance planétaire. Il existe un grand nombre de mouvements qui sont exclus du FSM (processus et tenue) car ils sont dépourvus des moyens de se rendre au FSM et d’un accès à internet pour être partie prenante du processus du forum.
– L’une des zones les plus importantes aujourd’hui pour la visibilité des conflits globaux auxquels elle a à faire face, mais qui reste encore mal intégrée au processus du FSM, est le monde arabe. Si nous voulons être un mouvement vraiment global, un agent politique à l’échelle de la planète, il nous faut faire des contrepropositions en Chine, en Europe de l’Est et Moyen Orient. Il faut que le Forum poursuive son travail d’expansion dans le but d’accroître la participation au niveau de la géographie comme des sujets abordés.
L’autre position, c’est que le processus du FSM n’a de sens que là où existent des luttes locales ou nationales, lieux de construction des alternatives de base. Ce qui précède requiert un dialogue digne de ce nom entre les mouvements globaux, les espaces de coordination et de facilitation du FSM des forums régionaux, sousrégionaux, thématiques et nationaux.
Par conséquent, il faut se méfier des postures du nini (ni exploiteur, ni exploité) qui tendent à trouver des accommodements avec le système économique dominant, à privilégier l’individualisme, à dédaigner autant la théorie que l’action politique. On ne peut pas tomber dans le dirigisme autiste et ne pas capter les sensibilités de ceux qui sont à la base du mouvement.
Face à la diversité politique représentée au FSM, le challenge serait de faire de cette diversité non pas une source de dispersion mais une force permettant la réflexion y compris dans le cadre de l’agenda politique actuel. La notion de convergence expérimentée à Nairobi, bien qu’insuffisante, est un début de réponse à cette exigence.
Dans cette quête, une demande latente est l’obtention d’espaces à l’intérieur du FSM qui combineraient « méthodologie » de l’autoorganisation, avec toute l’horizontalité et le respect pour la diversité que cela suppose, et instauration de points de rencontre autour de thèmes contribuant à une meilleure vision des traits communs aux différentes luttes et propositions d’alternatives. La seule façon d’avancer est de partir de ce qui nous unit. Atteindre ces deux objectifs (diversité et ordre du jour commun) nécessite de rechercher des actions collectives dans lesquelles nous pourrons nous retrouver en respectant la pluralité qui est la nôtre, et sur lesquelles nous pourrons nous mettre d’accord sans empiéter sur l’identité et les opinions de chacun.
La façon dont l’événement du FSM se construit aujourd’hui implique que tout le monde rivalise pour mettre en avant la vision de ses propres luttes et cela empêche la tenue d’un débat sur ce que serait un ordre du jour commun.
La solidarité des mouvements participants historiques du FSM est essentielle pour l’intégration de ceux qui n’y participent pas.
Une proposition serait de mieux se connecter aux différentes luttes sous la forme de Forums mondiaux thématiques. Le choix du thème répondrait à un positionnement politique établi par consensus. Chaque groupe, mouvement ou organisation aurait tout loisir d’organiser ses actions, de présenter ses opinions et de faire ses propositions sur le thème choisi. Personne n’assumerait les positions d’autrui.
4. Faut-il trouver des thèmes de lutte communs ?
Plusieurs thèmes ont été proposés : travail digne/emploi décent ; le désastre écologique qui se prépare et son lien étroit avec la logique du capitalisme, la guerre, le lien entre les gouvernements à programme progressiste et les mouvements sociaux ; la question du pouvoir politique et son rôle dans les changements pour bâtir cet autre monde possible, la criminalisation systématique des mouvements sociaux aux quatre coins du monde et sa relation avec la tenue des Forums ; la démocratie participative comme élément constant de nos organisations et sa mise en application dans les structures gouvernementales ; la portée du FSM et des luttes du forum dans les espaces de pouvoir et les grands medias ; la défense des services publics, l’effacement de la dette externe des pays pauvres ; les rapports avec les partis politiques, les institutions multilatérales et les gouvernements ; les droits des gays et des lesbiennes ; la réaction contre la répression, la manipulation des conflits ethniques ou les occupations militaires ; la crise économique mondiale ; l’exclusion religieuse, le développement durable, la diversité culturelle, l’avenir de l’altermondialisme, la démocratie, les droits de l’homme individuels et collectifs, les politiques publiques et la reconstruction de l’espace public, le développement durable et les politiques efficaces au service de la paix et contre la guerre… entre autres.
L’un des sujets qui s’est imposé avec force a concerné les dynamiques du FSM et la place qu’y occupe la question féministe. Nous voulons que tous les mouvements inscrivent l’analyse du patriarcat au centre du questionnement du néolibéralisme et impérialisme. Il y a des avancées au sein du FSM mais elles sont encore insuffisantes pour faire front à la domination sexiste. Il faut éviter que cette question soit marginalisée ou écartée.
En ce qui concerne la concrétisation des thèmes, le dernier jour du Forum peut être consacré à la convergence des différents topiques. Avec une bonne préparation et définition préalables, ce serait possible. On peut reprendre la formule utilisée le 4e jour à Nairobi. La combinaison entre rencontre-FSM et Jour d’Action Globale peut être à l’avenir une solution.
5. Quel est l’avenir du FSM, un espace ouvert, un mouvement de mouvements ou la coexistence des deux ?
Visualiser le FSM avant tout comme un acquis historique qu’il est important de préserver et le confronter aux nouvelles réalités et nouveaux défis ; même comme simple espace de confluence, des initiatives/dynamiques en ont surgi qui cherchent à aller au-delà des limites que le FSM s’est imposées à lui-même.
Les Forums doivent être ouverts à d’autres pratiques indispensables pour réaliser les transformations nécessaires : la pensée analytique et théorique, ouverte et constructive, mais aussi critique, qui doit l’emporter sur l’académisme ambiant.
Cela doit se faire en liaison avec d’autres expériences très importantes qui sont menées en dehors du FSM. Renoncer au principe d’espace ouvert signifierait la fin du Forum et trahirait sa lutte anti-hégémonique. Mais si le Forum doit demeurer un espace ouvert, il ne doit pas pour autant être un espace neutre.
Considérer les deux types d’action (organisation de Forums et mobilisations spécifiques) comme des alternatives exclusives au sein du processus du FSM revient à confondre la fin et les moyens : tous deux sont essentiels.
Le FSM doit être considéré comme un outil et non comme une fin en soi. La méthodologie devrait être également évaluée et révisée en fonction des objectifs espérés.
Le FSM est vu comme un espace, mais nous devons considérer son émergence comme un moment, une partie de la trajectoire des mouvements de justice globale.
D’espace ouvert aux luttes, le FSM doit se convertir en lieu vital de large mobilisation à travers le monde pour une grande lutte de notre temps.
Le FSM doit continuer à être un espace pour la convergence, le débat, le travail de réseaux et la présentation d’expériences pour vaincre l’impérialisme à divers niveaux. Mais l’institutionnaliser serait une grave erreur. Si cela se fait, c’est la fin de l’espace.
Le FSM est un espace de débat, d’échanges, de réflexion. Ce serait une illusion ou de l’idéalisme de croire qu’il est possible d’y prendre des résolutions plus pratiques ou d’y élaborer des plateformes idéologiquement plus homogènes. Ce serait gaspiller de l’énergie ou en rester à une simple lutte idéologique. Nous sommes pour que le FSM soit seulement une foire aux idées. A notre époque où la mobilisation est en déclin dans le monde, c’est déjà très important d’avoir des espaces d’échange et de discussion pour pouvoir au moins consolider des points de vue communs contraires au néolibéralisme et anti-impérialistes.
6. Le FSM doit-il assumer des décisions politiques ?
Le FSM doit envisager de replacer la politique au centre de l’analyse des conflits internationaux. Certains considèrent actuellement que sans positionnement politique, le Forum n’a pas d’avenir puisqu’il ne pourra pas implanter de contrepouvoir politique lui permettant de transformer radicalement l’agenda mondial. L’avenir du Forum dépend de sa capacité à maintenir l’espace ouvert et à oser se positionner politiquement. Cela exigera compréhension et respect mutuel de la part de celles et de ceux qui participent au Forum.
Le Forum ne doit pas assumer un programme unique pour tout le mouvement, mais il doit assumer des positions politiques à l’égard de ce qui se passe sur la scène internationale, en étant cohérent avec les analyses de la réalité globale qui sont faites en son sein.
Il est compréhensible que le FSM et le CI cherchent à éviter des tensions dans des débats idéologiques, mais ce ne l’est pas qu’ils veuillent éluder tout type de discussion ou de positionnement politique.
Nous devons définir des objectifs, qu’est-ce que nous voulons que le FSM soit ou fasse ?. Nous préférons l’alternative, mais ce doit être des alternatives qui nous permettent de gagner les batailles sociales et politiques.
7. Faut-il passer d’un forum de discussion à l’action collective ?
Pour certains, le Forum doit assumer l’action politique, ce qui implique des formes innovantes d’action, comme l’articulation (convergence) entre mouvements sociaux et politiques et le rôle des mouvements dans de nouvelles institutions (par exemple, l’ALBA).
Le FSM peut s’articuler avec d’autres initiatives transnationales et en tirer des enseignements. C’est le cas par exemple du grand mouvement d’éducation populaire et de « La Otra Campaña » des néo-zapatistes mexicains.
Pour l’action collective, il faut que, à partir des discussions successives de ses participants, le FSM trouve un ensemble de thèmes communs autour desquels puisse s’articuler cette action.
Face au défi que représentent les mouvements sociaux et toutes les formes d’organisation populaire, nous devons mettre à profit cette instance pour articuler des actions de masse. Les secteurs qui ont une base sociale et sont influents dans la société doivent absolument passer par une nouvelle étape qui consiste à réaliser des actions de masse, conjointes, au niveau mondial. Certains pensent que nous devons planifier des actions contre les firmes transnationales et les organismes multilatéraux comme l’Organisation Mondiale du Commerce, la Banque Mondiale, le Fonds Monétaire International et les traités de libre commerce.
8. Faut-il modifier en profondeur la Charte de Principes pour pouvoir prendre position sur les principaux problèmes globaux ?
Les opinions divergent sur ce point. D’un côté, on remarque que ce document offre un large éventail de possibilités qui permettent de réaliser un grand nombre des objectifs des luttes qui concernent le FSM.
D’un autre côté, on souligne le caractère contradictoire de la Charte dont l’amplitude est telle qu’elle permet l’adhésion de groupes qui défendent des points de vue idéologiques opposés, comme, par exemple, sur la question de l’avortement. Nous ne pouvons pas espérer construire un monde meilleur et en même temps laisser de la place à la lesbo ou homophobie, ainsi qu’à la misogynie dans le FSM. Il est proposé de réviser la Charte pour y ajouter ce principe qui devrait guider l’organisation.
Pour d’autres, la Charte n’est plus un document de travail dynamique mais elle est devenue une base dogmatique. Quand les différences sont bien plus qu’une diversité stimulante, le processus sombre dans des frictions internes sans qu’il soit possible d’y remédier.
La charte n’établit pas que le FSM doive se maintenir neutre en permanence sur les questions politiques. Au contraire, elle permet de prendre position en faveur d’une plus grande justice sociale et d’un plus grand respect des droits de l’homme. En ce sens, la charte ne doit pas être modifiée.
Si le contexte international change, nous devons réfléchir si Davos doit continuer à être le point de référence et contrepoint du FSM et si la Charte de Principes du FSM doit être révisée.
On peut diviser le mouvement qui est actuellement l’expression d’une alliance de différents mouvements, plus ou moins radicaux, sur la base de la Charte de principes.
La charte spécifie que les Forums rassemblent ceux qui luttent contre le néolibéralisme, contre l’hégémonie mondiale du capital (la globalisation) et pour la recherche d’alternatives ; elle est assez claire de ce point de vue et pourrait être rappelée et appliquée de façon plus cohérente.
9. Faut-il réajuster les fonctions et les méthodologies du CI ?
Le défi que le CI doit affronter est sans doute la recherche d’un mécanisme permettant une plus grande ou meilleure incorporation de représentants des luttes sociales. Il y a toujours un risque de bureaucratisation ou d’institutionnalisation, mais leur absence totale peut nuire à son bon fonctionnement et engendrer des rapports de pouvoir qui manquent de clarté et de transparence. Il faut réorganiser ses structures pour que les responsabilités soient plus claires.
La Charte a pour défi d’inclure réellement les analyses et demandes féministes, ainsi que l’affirmation des femmes comme sujets de la lutte contre la globalisation. Ni au sein du Conseil International du FSM, ni dans la méthodologie du FSM ne sont reconnues les relations de pouvoir patriarcales existantes, non plus que l’engagement de les modifier.
La réalisation et l’expansion des demandes féministes dépendent de notre capacité pour les appuyer. Y contribuera également l’organisation au sein du FSM d’une vaste assemblée de femmes qui formulera des objectifs et des modes d’action féministe, en articulant, si possible, un agenda au-delà du FSM.
Le travail du CI, unique instance délibérative, est surtout axé sur des questions logistiques méthodologiques et non sur la prise de décisions politiques. C’est seulement si nous assumons des discussions politiques menées dans un langage commun que nous pourrons constater et évaluer la portée réelle du changement au sein de notre diversité.
Il est nécessaire d’analyser ou peut-être de changer la relation entre le CI, le processus du FSM et les participants au Forum. Les participants n’ont pas le moyen d’influer sur la direction du processus. Le CI, de simple et utile instance de coordination se retrouve de facto en train de conduire le processus, alors qu’il n’a pas le minimum des mandats nécessaires pour cela. Nous devons stopper la colonisation au sein du FSM.
Nous rejetons l’idée que le FSM soit contrôlé par qui que ce soit, y compris par les syndicats ou par les ONG qui jouent dans les Forums un rôle d’appui indispensable, mais non de protagonistes, même si elles ont davantage de moyens. Le concept même de centralisme est étranger au Forum.
L’Assemblée des Mouvements Sociaux (AMS) est la clé de la contribution du FSM au développement d’une démocratie représentative, mais elle n’a pas été suffisamment utilisée par le FSM du point de vue stratégique. L’AMS doit avoir une représentation plus organique à l’intérieur du CI. En même temps, le débat de stratégies qui a lieu dans le CI doit être mené dans le cadre de l’Assemblée des Mouvements Sociaux. C’est l’espace qui permettra peut-être de créer un lien entre le FSM et une plateforme d’action.
L’AMS doit se constituer avec un forum pour l’action politique. Dans ces conditions, elle devrait fonctionner indépendamment du FSM, et non plus avoir seulement sa place dans ses espaces.
10. Que faire en matière de communication ?
Ce qui a primé en matière de communication c’est l’aspect instrumental : la couverture des événements au moyen de solutions technologiques et médiatiques. C’est là une question stratégique pour le processus du Forum. Quand nous accédons aux grands medias, nos messages sont noyés sous l’avalanche de messages de signe contraire. Mais ce n’est pas avec 50, 100 ou 1000 notes sur le FSM dans ces medias que nous allons les changer, c’est avec des luttes pour instaurer des politiques publiques, une législation démocratique et en faisant prendre de plus en plus conscience à la population que la situation médiatique actuelle est antidémocratique. De toutes les luttes sociales soutenues par le Forum, celle qui vise à démocratiser la communication est peut-être l’une de celles qui/que…(phrase incomplète en original).
Il faut commencer par briser le tabou selon lequel le système médiatique est intouchable et réfléchir aux alternatives non plus sur une petite échelle ni de façon dispersée, mais comme un système potentiel d’amples interconnexions. Il n’est pas pensable non plus qu’une simple opération de relations publiques puisse être la solution à l’absence de couverture par les grands medias.
Par ailleurs, il faut investir sans tarder, à la fois en termes psychologiques et économiques, dans internet en tant qu’outil susceptible de contribuer à l’expansion du processus Forum, parallèlement au renforcement de ses valeurs et pratiques. Il ne s’agit pas de le substituer aux autres outils que sont la radio, la vidéo et les imprimés, mais il permet de faire participer plus de monde au processus.
Autres problèmes et propositions évoqués
– Le Forum de Belem pourrait être le lieu d’une prise de conscience plus large du désastre écologique qui se prépare et de son lien étroit avec la logique du capitalisme. Il peut être aussi l’occasion de mettre en pratique les décisions adoptées à l’issue du débat des stratégies.
– En ce qui concerne la stratégie, il faut poser la question de l’indépendance financière pour l’autodétermination et l’indépendance du FSM. Au début, le FSM était presque autosuffisant sur le plan financier. Mais pourquoi est-il aujourd’hui aussi dépendant financièrement d’organismes extérieurs et pourquoi a-t-il besoin d’un budget de près de 10 millions de dollars, nous devons en discuter.
– Il y a un manque flagrant de cohérence entre l’organisation du FSM et nos objectifs de transformation sociale. La commercialisation de l’événement, la présence de groupes « pro-vida » etc. sont des obstacles à la construction d’alternatives et il faut y faire face. La proposition d’élaborer un guide d’organisation doit être adoptée et celui-ci doit être largement distribué aux comités organisateurs des forums sociaux.
4) Défis et questions importantes identifiées :
– De nombreux mouvements sont exclus du processus et de l’événement FSM parce qu’ils n’ont pas les moyens de se rendre sur les lieux ni d’accéder à internet pour en être partie prenante. L’une des régions les plus importantes aujourd’hui en ce qui concerne la manifestation des conflits globaux n’est pas bien intégrée au processus du FSM : c’est le monde arabe. Si nous voulons être un mouvement global réel, un agent politique global, nous avons besoin de contreparties en Chine, en Europe de l’Est et au Moyen Orient.
– Le FSM doit répondre à l’impérialisme avec des réponses alternatives, en donnant de la visibilité aux différents projets d’Etat et de société qui se manifestent dans le monde ; il doit reconnaître la nécessité de l’existence d’un nouvel internationalisme basé sur la diversité, mais aussi sur la confluence de quelques principes et objectifs ; il faut également mettre à l’ordre du jour la nécessité de discuter un agenda post-néolibéral qui contribue à un nouveau paradigme alternatif à celui du développement.
– La taille du Forum est devenue son pire ennemi. De quelques milliers de participants, nous sommes passés à des dizaines et des centaines de mille. Le succès du FSM doit être évalué en termes de capacité de mobilisation et d’adaptation aux réalités et aux luttes des mouvements du pays où il se tient et non en fonction de sa croissance perpétuelle. Pour établir de meilleures connexions avec les diverses luttes, il a été proposé d’adopter la formule de Forums Mondiaux Thématiques.
Il y a des avancées au sein du FSM mais elles sont encore insuffisantes pour faire front à la domination sexiste. Il faut éviter que cette question soit marginalisée ou écartée.
Il est compréhensible que le FSM et le CI cherchent à éviter des tensions dans des débats idéologiques, mais ce ne l’est pas qu’ils veuillent éluder tout type de discussion ou de positionnement politique.
Le défi que le CI doit affronter est sans doute la recherche d’un mécanisme permettant une plus grande ou meilleure incorporation de représentants des luttes sociales. Il y a toujours un risque de bureaucratisation ou d’institutionnalisation, mais leur absence totale peut nuire à son bon fonctionnement et engendrer des rapports de pouvoir qui manquent de clarté et de transparence. Il faut réorganiser ses structures pour que les responsabilités soient plus claires. Le CI, de simple et utile instance de coordination se retrouve de facto en train de conduire le processus, alors qu’il n’a pas le minimum des mandats nécessaires pour cela. Nous devons stopper la colonisation au sein du FSM.
– Le Forum de Belem pourrait être le lieu d’une prise de conscience plus large du désastre écologique qui se prépare et de son lien étroit avec la logique du capitalisme. Il peut être aussi l’occasion de mettre en pratique les décisions adoptées à l’issue du débat des stratégies.
– En ce qui concerne la stratégie, il faut poser la question de l’indépendance financière pour l’autodétermination et l’indépendance du FSM. Au début, le FSM était presque autosuffisant sur le plan financier. Mais pourquoi est-il aujourd’hui aussi dépendant financièrement d’organismes extérieurs et pourquoi a-t-il besoin d’un budget de près de 10 millions de dollars, nous devons en discuter.
– Il y a un manque flagrant de cohérence entre l’organisation du FSM et nos objectifs de transformation sociale. La commercialisation de l’événement, la présence de groupes « pro-vida » etc. sont des obstacles à la construction d’alternatives et il faut y faire face. La proposition d’élaborer un guide d’organisation doit être adoptée et celui-ci doit être largement distribué aux comités organisateurs des forums sociaux.