Hestrud : nouvelle opposition
Le sud du sud du département du Nord. Un bocage verdoyant, qui cache bien la désertification industrielle et rurale autour du bassin de la Sambre. Des habitants qui, grâce à la solidarité, ont su préserver l’essentiel : une volonté farouche de survie et de sauvegarde de l’environnement. Une gauche « traditionnelle », à la direction du village depuis des décennies, qui se représente une fois de plus. Une élection sans histoire (65 % des voix) pour la liste du maire PS, ex-vice-président du conseil général du Nord. Sauf que, cette fois, 35 % des voix restantes se sont portées sur le candidat de la LCR ! À la grande joie de nombreux habitants venus au dépouillement. Hestrud, 235 électeurs, une petite commune comme tant d’autres…
Montpellier : fusion technique
La campagne municipale de la liste « Montpellier, Écologique Sociale Vraiment à gauche » a été centrée sur les urgences sociales, écologiques et démocratiques. Elle a rassemblé la LCR, les collectifs unitaires antilibéraux et une association locale. Montpellier cumule des records de chômage et de bas salaires, un cadre de vie qui se dégrade du fait d’une urbanisation rapide, et le caractère autoritaire de l’ancien maire et réel décideur, Georges Frèche. La liste a donc mené campagne pour le droit au logement, la remunicipalisation de l’eau, la titularisation des précaires de la mairie, la création d’une ceinture verte, les transports gratuits, ou la démocratie participative. Elle a dénoncé les choix du PS et du PCF d’une alliance avec le Modem, représenté ici par un ancien PDG licencieur. Une dynamique militante s’est créée autour de la liste, et les soutiens locaux ont été nombreux et diversifiés. Au premier tour, nous avons réuni 5,46 % des voix.
Au second tour, la fusion avec les Verts a été possible. Les Verts faisaient partie de la majorité municipale. Cependant, ils ont eu des rapports de plus en plus tendus avec Georges Frèche. Craignant d’être sous-représentés dans la majorité sortante, ils ont mené leur propre campagne, pensant négocier un nombre d’élus conséquent. À l’issue du premier tour, les négociations Verts-PS ont échoué, sous l’influence de Frèche (pourtant exclu du PS). C’est lui, notamment, qui a imposé une alliance avec le Modem. La fusion entre les Verts et notre liste s’est alors faite sur la base d’un « accord technique ». La liste fusionnée a obtenu 18,62 % des voix, soit plus que l’addition des deux scores du premier tour. Elle obtient cinq élus, dont Francis Viguié, membre de la LCR et tête de liste au premier tour.
Pessac : premiers conseils
Au conseil municipal de Pessac (Gironde), nous sommes désormais deux élus LCR au lieu d’une auparavant : ce ne sera pas de trop, dans ce conseil de 45 membres (à majorité gauche plurielle), qui ne comprend qu’un seul ouvrier (notre camarade Alex Hourticq), une femme de ménage, aucun chômeur mais, en revanche, un nombre de cadres, de directeurs, de professions libérales et de chefs d’entreprise proportionnellement bien supérieur à la moyenne de la commune !
Deux conseils se sont tenus depuis l’élection : un rythme exceptionnel, car la moyenne est de sept par an… Le premier a élu le maire : une grand-messe consensuelle où nous avons été les seuls à dénoter en présentant notre programme et notre candidature… qui a obtenu nos deux voix. Le second conseil était autrement plus fourni : élection des conseillers à la communauté urbaine (instance antidémocratique, qui concentre les pouvoirs et que droite et gauche cogèrent depuis 40 ans), et celle des représentants de la mairie dans une flopée d’organismes, vote du budget, des taux d’imposition… Une parodie de « démocratie », qui a d’ailleurs débuté par le vote de la délégation de nombreux pouvoirs au maire (nous avons été les seuls à voter contre).
Nous avons dénoncé le budget, préparé à l’abri des regards de la population et même des élus, affirmant qu’il ne peut y avoir de politique favorable aux classes populaires sans leur participation directe à son élaboration. Élus pour être, au sein du conseil, la caisse de résonance des exigences et des luttes du monde du travail, de tous les laissés-pour-compte, nous comptons bien y exercer notre pression.
Quimperlé : invité surprise
Avec 15 % des voix au premier tour, puis 9 % au second, la liste « La vraie gauche » a été la véritable surprise du scrutin quimperlois (Finistère). Initiée par les militants de la LCR, la liste « La vraie gauche » a su rassembler les principaux acteurs combatifs du milieu syndical et associatif local. À l’image de la population de Quimperlé, notre liste était composée d’ouvriers, d’employés, de chômeurs, de jeunes (40 ans de moyenne d’âge), essentiellement du secteur privé et conduite par Éric Rudwill, ouvrier syndicaliste à Nestlé-Purina. Quimperlé est une ville ouvrière, qui a connu de nombreux plans de licenciements ces dernières années, mais également les fermetures de la maternité, de la chirurgie et le transfert de nombreux services publics vers les métropoles urbaines. La municipalité PS-PCF a accompagné les restructurations. Notre campagne, axée sur la défense de l’emploi, des services publics et le développement des aides sociales et des logements sociaux, a rencontré un véritable écho auprès de la population. La liste PS-PCF, quant à elle, n’a pas arrêté de nous stigmatiser, le candidat maire nous envoyant même les forces de l’ordre pour trouble à l’ordre public, alors que nous distribuions des tracts autour d’un rond-point !
À l’issue du premier tour, la droite possédait quatre points d’avance, tandis que nous recueillions 15 % des voix. Le PS a changé sa tête de liste et il nous a proposé d’intégrer la majorité municipale en nous offrant deux postes éligibles ! Pas vraiment une fusion technique ! Nous nous sommes donc maintenus. Les Quimperlois ont placé la droite en tête du second tour mais, avec 9 % et un élu, nous devenons une force incontournable sur le pays de Quimperlé, l’ensemble des membres de « La vraie gauche » ayant l’intention de prolonger l’essai en participant à la constitution du nouveau parti dont la gauche a aujourd’hui cruellement besoin.
Choisy-le-Roi : déni de démocratie
C’est la première fois que la LCR décidait de participer à l’élection municipale de Choisy-le-Roi (Val-de-Marne), ville dirigée par le PCF depuis des décennies. Nous sommes parvenus à associer des militants de la LCR, des syndicalistes, des associatifs ou des personnes se reconnaissant dans notre orientation, au sein d’un collectif de campagne qui est devenu, au fil des jours, une instance autonome et démocratique. Nous avons mené une campagne anticapitaliste, dans laquelle la question de la municipalisation de l’eau a constitué un axe central.
Notre résultat (7,13 %) confirmait l’impact de cette campagne. La liste PCF-PS, conduite par le maire communiste sortant, recueillait 44,49 % des voix, tandis qu’elle annonçait, trois jours avant le vote, qu’« il n’y aura qu’un tour ! » Le soir du premier tour, le maire nous accorde, en présence des responsables PCF et PS, deux élus et un groupe autonome dans le cadre d’une fusion technique. Le lendemain, cet accord devenait conditionnel pour aboutir, mardi 11 mars, à un refus catégorique. Ainsi, la liste PCF-PS faisait le choix d’interdire la représentation de notre liste au conseil municipal, en phase avec la consigne nationale du PS.
Si nous n’avons pas donné de consigne de vote en faveur de cette liste, nous avons appelé à battre la droite, dans un tract dans lequel nous dénoncions par ailleurs ce déni de démocratie. Au deuxième tour, la liste PCF-PS ne recueillait finalement que 49,49 % des voix, c’est-à-dire moins que les voix des listes de gauche au premier tour. Pire, pour la première fois depuis des années, elle ne passait pas la barre des 50 %.