SIDÉRURGIE : Mittal confirme
Mittal a balayé d’un revers de main « le contre-projet » du cabinet d’expertise mandaté par la CFDT et la CGC, en confirmant la suppression de 595 des 1 108 emplois du site Arcelor de Gandrange (Moselle). Alors même que le groupe – leader mondial de l’acier – a annoncé 7,5 milliards d’euros de profits pour 2007 ! Alors même que les besoins mondiaux et européens en acier continuent d’augmenter !
Cette décision, parfaitement scandaleuse, n’en était pas moins prévisible. Elle est conforme à la logique du profit et elle a sa cohérence au niveau du groupe. Du côté des salariés et de la population de la vallée de l’Orne, force est maintenant de reconnaître que la stratégie d’« expertise de gestion » n’a, d’aucune manière, fait obstacle à la casse. Au contraire : deux précieux mois de mobilisation ont ainsi été perdus. Mittal faisant mine, durant tout ce temps, d’être « ouvert au dialogue »… La voie d’un repreneur explorée par la CGT semble bien étroite. Il y a « le feu à la barraque » et urgence absolue de développer l’action de manière déterminée en lui donnant une dimension européenne !
Continuer de donner le moindre crédit à Sarkozy serait coupable : le capitalisme « de responsabilité, de bonne gouvernance », c’est du marketing politique ! Appeler le gouvernement luxembourgeois à l’aide, proposer de nouvelles aides régionales, c’est répondre à côté. Le comité d’entreprise se réunit le 4 avril… La LCR entend contribuer à l’action.
* Paru dans Rouge n° 2246 du 03/04/2008.
POUR L’HOSTO À CARHAIX. Entre 7 000 et 10 000 personnes ont manifesté, le 29 mars, dans les rues de Carhaix (Finistère) pour défendre les services de maternité et de chirurgie de l’hôpital. La ville avait rarement connu pareille mobilisation. Dans le cortège, des employés de l’hôpital, bien sûr, mais aussi de nombreux retraités, des salariés du public et du privé ainsi que des commerçants qui, en guise de solidarité, avaient baissé leur rideau. Le rapport d’expertise, qui doit sceller le sort de l’hôpital, est attendu mi-avril et la mobilisation est loin d’être terminée.
Victoire à SAINT-NAZAIRE. Trois salariés grecs, employés par une société de sous-traitance allemande (Elbe), elle-même sous-traitante d’un des nombreux sous-traitants des chantiers navals de Saint-Nazaire, étaient en grève de la faim depuis près de trois semaines. Ouvriers peintres, sans contrat de travail ni bulletin de salaire, mais néanmoins licenciés, ils en sont venus à cette forme ultime de protestation, pour finalement obtenir obtenir la rémunération des heures de travail (56 heures par semaine) effectuées depuis plusieurs mois, soit environ 8 000 euros de salaires et d’indemnités. Ils étaient soutenus par la CGT et un comité de soutien (PCF, Verts, UDB, LO, LCR, FSU, Mrap, Attac, citoyens), ainsi que des nouveaux élus municipaux de la liste « Label gauche ».
* Paru dans Rouge n° 2246 du 03/04/2008.
FORD BLANQUEFORT La mobilisation rebondit
Les salariés de Ford Blanquefort (Gironde) poursuivent leur combat pour défendre leur usine et exiger des augmentations de salaires.
Le mouvement de blocage de l’usine en février (lire Rouge n°2242) avait dû prendre fin suite aux décisions judiciaires qui avaient infligé 2 500 euros d’amende aux syndicats. La mobilisation pour la défense des emplois a continué, avec des actions comme des distributions de tracts tous les samedis.
Mais, lors des négociations sur les salaires, le ton est remonté. La direction veut reprendre la main et faire rentrer tout le monde dans le rang. Elle veut passer en force et campe sur ses positions, avec une prime de 300 euros brut par trimestre, conditionnée à la production atteinte. Celle-ci est refusée par tous les syndicats, car considérée comme une « prime antigrève ». La direction ne propose que 3 % d’augmentation, également refusés au vu de l’inflation actuelle.
Lors de la deuxième et dernière réunion, le 20 mars, CFTC et CGT ont appelé à la grève, prévoyant d’entourer la salle de « négociation ». Deux délégués en sont sortis pour dire que rien n’avançait. Du coup, les grévistes (80 % des salariés) sont entrés dans la salle et ont pu dire directement à la direction ce qu’ils pensaient de ses propositions. Celle-ci s’est dite menacée par cette intrusion et s’est considérée prise en otage. La direction a été retenue 30 minutes et, par la suite, les salariés ont envahi les abords des bureaux de la direction. Celle-ci s’y était réfugiée en s’enfermant à clé, une autoséquestration en quelque sorte. Elle a fait appeler un huissier, ce qui devient une habitude pour elle, et en a profité pour quitter l’usine en catimini.
La direction est dépassée par les événements qui sont dominés par la colère et le ras-le-bol d’une grande majorité de salariés. Elle refuse de reprendre les « négociations » et s’en remet à la direction de Ford Europe. Le président de Ford Europe, John Fleming, devait recevoir une délégation syndicale, à Cologne le 26 mars, et les salariés de Blanquefort ne manqueront pas, entre la discussion sur leur avenir, de lui parler de leurs salaires. L’ensemble des syndicats a appelé, ce jour-là, à une journée de grève avec manifestation, à Bordeaux, pour faire comprendre que la direction doit compter sur la mobilisation des salariés.
La direction n’ose plus réunir l’ensemble des salariés comme elle l’a fait ces derniers mois. Elle préfère faire sa propagande, au travers de sa maîtrise et par courrier, comme celui reçu à domicile, deux jours après la grève du 20 mars. On y dit aux salariés que les grèves font fuir les investisseurs et provoqueront la fermeture. Quel culot ! L’usine de Blanquefort n’avait pas connu de grèves depuis 20 ans et pourtant, les patrons ont décidé de se désengager. Ce courrier ne devrait qu’accroître la colère.
Ford insiste sur ses difficultés (pertes en Amérique du nord), mais les profits de Ford Europe ont doublé en deux ans : 997 millions de dollars en 2007. Ford a les moyens d’investir à Blanquefort pour sauver l’usine. Il s’agit d’un choix, qu’elle le fasse.
Correspondant
* Paru dans Rouge n° 2245 du 27/03/2008.
● FORD BLANQUEFORT. Après plusieurs courriers de menaces et deux visites éclair pour faire reprendre le travail aux salariés, le mouvement s’est poursuivi, toujours aussi fort. La direction de Ford Europe (presque au complet) a donc fini par recevoir une délégation syndicale, mais loin de Blanquefort et des remous, chez elle à Cologne. Juste pour l’enjoindre d’arrêter le mouvement… Intimidation ratée, puisque le même jour, une grève et une manifestation avaient été planifiées à Bordeaux, mouvement toujours bien suivi. Les « négociations » sur les conditions de départ pour tout licenciement vont commencer. Il va falloir résister sur tout : avenir des emplois, reconversion, indemnités de licenciement. La direction veut aller vite, espérant qu’ensuite elle aura la paix « sociale »…
* Paru dans Rouge n° 2246 du 03/04/2008.
GRANDE DISTRIBUTION Faire converger la mobilisation
On prend les mêmes et on recommence ? C’est le sentiment qu’on pouvait avoir à l’issue de ce week-end pascal. Après la journée « historique » du 1er février de mobilisation des salariés de la grande distribution, des actions ambitieuses avaient été annoncées. Entre-temps, FO a court-circuité la CFDT et la CGT en signant l’accord sur les salaires avec la fédération patronale du commerce et de la distribution (FCD).
Malgré toutes ces manœuvres et l’éclatement du front syndical, les salariés étaient de nouveau au rendez-vous. Pas une enseigne n’a été épargnée au cours de la semaine : Carrefour, Fnac, Bricorama, Intermarché, Conforama, Ed, Monoprix, Leclerc, Printemps, Tati… Des débrayages se sont succédé à travers toute la France. Les revendications restent les mêmes : augmenter les salaires et mettre fin au temps partiel. Pour combattre la mobilisation, certaines enseignes, comme Auchan ou Ikea, avaient annoncé vouloir mettre fin au temps partiel en proposant un temps complet à tous les salariés qui le voulaient.
Mais ces annonces, qui cachent une nouvelle arnaque, n’ont pas suffi. Même les secteurs de sous-traitance, très précarisés, entrent dans la bagarre, comme l’illustre, au centre commercial Italie 2 de Paris (13e), la grève des salariés de la société de nettoyage GSI Vitronet. En deux jours d’actions, avec piquet de grève, défilés bruyants dans les allées et jets de poubelles, ils ont obtenu satisfaction sur leurs revendications, avec paiement des journées de grève.
Mais à chaque fois se pose cette même question : pourquoi ne pas faire converger toutes ces actions ? Cette semaine a, une nouvelle fois, démontré les possibilités de lutte, dans des secteurs du salariat hier considérés comme secondaires et divisés. À tel point que, comme le dit la CGT : « Les employeurs ont eu peur. » Pourquoi, alors, leur donner le temps de reprendre leur souffle ? Cette stratégie laissera des traces.
Christian Lueckner
* Paru dans Rouge n° 2245 du 27/03/2008.
STMICROELECTRONICS : Pour les salaires et la dignité
TMicroelectronics est l’une de ces entreprises du CAC 40 qui cajolent leurs actionnaires, parmi lesquels l’État français figure en bonne place. Vu les excellents résultats de 2007, le PDG s’est octroyé une augmentation de 100 %. Mais il ne propose qu’1,7 % au personnel ! À l’appel de l’intersyndicale CGT-CFDT-FO, les opérateurs du site de Rousset (Bouches-du-Rhône), dont le salaire moyen avoisine les 1 200 euros, sont en grève reconductible depuis le 20 mars, afin d’exiger 100 euros d’augmentation pour tous. Ils campent nuit et jour devant l’entrée du site, laissant passer les personnes et bloquant les véhicules. La direction refuse de négocier. Elle traîne les grévistes devant le tribunal, le lundi de Pâques, et les accuse de mettre en danger la sécurité de l’usine. Mais c’est la direction qui joue avec le feu, en stockant des produits chimiques en grande quantité pour éviter l’arrêt de la production. Les grévistes ont intercepté un camion frigorifique chargé de produits extrêmement dangereux, qui tentait de quitter l’usine en pleine nuit, à une heure où la circulation de ce type de convoi est interdite. Ils ont porté plainte pour mise en danger de la vie d’autrui. Mais la justice se montre moins diligente pour instruire leur requête que pour ordonner le déblocage de l’usine. Les gendarmes sont intervenus pour dégager les entrées, mais les grévistes maintiennent leur campement, et ils sont bien décidés à poursuivre le combat. Mardi 1er avril, Olivier Besancenot leur rendait visite, afin de donner à cette grève le retentissement qu’elle mérite.
* Paru dans Rouge n° 2246 du 03/04/2008.
JURA : Les Monneret en lutte
Lundi 17 mars, soixante salariés (sur quatre-vingt) de l’entreprise Monneret (groupe Smoby), basée à Lons-Le-Saunier (Jura), se sont mis en grève illimitée. Contrairement aux autres salariés du groupe, repris par l’entreprise allemande Simba avec seulement 400 emplois de sauvegardés sur 2 300, ils ne savent pas quel sera leur sort. C’est cette absence d’informations qui a déclenché ce mouvement.
Il y a eu, en effet, plusieurs repreneurs pour Smoby, mais un seul s’est intéressé à l’usine Monneret, dont l’ancien PDG avait cédé l’entreprise à Smoby en 1995. Venu dès le premier jour sur les lieux de la grève, ce repreneur n’a rien pu apporter de tangible aux salariés, qui n’ont aucune confiance en lui. Au deuxième jour de la grève, un avocat est venu pour exercer une grosse pression sur les grévistes afin qu’ils reprennent le travail, sinon c’était une liquidation judiciaire pure et simple. Les grévistes ont alors décidé de reprendre le boulot.
Cette action aura malgré tout permis d’accélérer les choses et d’obtenir que l’entreprise soit mise en redressement judiciaire. Cela permet aux salariés d’être traités comme les autres employés de Smoby et à d’éventuels repreneurs de faire des propositions. Les délégués syndicaux au comité d’entreprise extraordinaire ont continué à avoir une attitude timorée : ils ont émis un avis favorable à une possibilité de reprise partielle du personnel. Pour autant, le feu couve sous la braise et le mouvement peut reprendre à tout instant, tant les perspectives semblent sombres pour cette unité de production.
* Paru dans Rouge n° 2245 du 27/03/2008.
Hospitaliers pour les salaires
Les hospitaliers chargés de la santé mentale du Nord Cotentin n’acceptent plus la dégradation de leur pouvoir d’achat. Le 17 mars, sur l’hôpital de Picauville (Manche) et, le 18 mars, sur celui de Cherbourg, les personnels de la Fondation Bon-Sauveur, qui compte 1 000 salariés, ont fait massivement grève à l’appel de l’intersyndicale FO-CFDT. Leur semaine d’action s’est terminée par la participation de 2 000 personnes au rassemblement devant l’arsenal de Cherbourg, à l’occasion de l’inauguration, par Nicolas Sarkozy, du sous-marin nucléaire Le Terrible. Les grévistes s’opposent à la Fédération des établissements hospitaliers et d’aide à la personne (FEHAP), qui propose d’augmenter les salaires de 0,5 % en 2008. Ils exigent des négociations visant à rattraper les pertes des années antérieures, en référence notamment aux mesures dont ont pu bénéficier les fonctionnaires hospitaliers. La perte de pouvoir d’achat dans le secteur privé participant au service public hospitalier est de 11 % depuis neuf ans. Les blouses blanches ont franchi le no man’s land qui les séparait de l’entrée de l’enceinte militaire, et elles ont interpellé, de façon humoristique, les forces de l’ordre. Après un moment, des manifestants ont lancé des objets sur les CRS qui ont éloigné tout le monde à l’aide de gaz lacrymogènes. La lutte sera longue, mais le personnel est mobilisé. Le président et le directeur de la Fondation ont adressé un courrier au responsable de la FEHAP soutenant leurs revendications et qualifiant la situation « d’explosive ».
* Paru dans Rouge n° 2245 du 27/03/2008.
INSPECTION DU TRAVAIL : Fronde
Le 28 février, après dix-huit mois de formation, quatre inspecteurs élèves du travail ont été rétrogradés au rang de contrôleur pour « incompétence à devenir des chefs de service et à mener des politiques publiques ». Cette sanction a provoqué une véritable fronde dans les rangs de l’inspection du travail et au sein du ministère du Travail. Le personnel refuse une formation dont l’enjeu est de former des managers plutôt que des agents de contrôle de la réglementation du travail.
Cette décision s’inscrit dans la logique d’un ministère qui cherche à caporaliser un corps de fonctionnaire d’État jugé trop indépendant et partisan. Contestant la décision du jury, l’ensemble des inspecteurs élèves de la promotion 2006 ont refusé de recevoir leurs cartes professionnelles puis, rejoint par leurs collègues de la nouvelle promotion 2007, ils ont bloqué l’Institut national du travail. La mobilisation s’est rapidement organisée dans le ministère : pétition de soutien signée par plus de 3 000 agents, rassemblement des inspecteurs élèves devant le ministère du Travail, envahissement de la commission administrative paritaire, grève le 18 mars. Face à ces actions, le ministre du « dialogue social », Xavier Bertrand, refuse toujours de rencontrer les organisations syndicales. Une conférence de presse était prévue le vendredi 28 mars et, le 3 avril, les organisations syndicales appellent à la grève en solidarité avec les quatre collègues injustement sanctionnés, et pour dénoncer les politiques de régression sociale à l’œuvre dans le ministère.
* Paru dans Rouge n° 2245 du 27/03/2008.
GRÈVE ROUMAINE. Les salariés de Dacia, la filiale roumaine de Renault, qui construit la Logan, ont engagé une grève à durée indéterminée, le 24 mars. Environ 10 000 ouvriers observent un mouvement dont la revendication est une augmentation de 50 % des salaires. La direction ne propose que 19 % et a saisi les tribunaux, comme elle l’avait déjà fait lors d’une précédente grève en 2003, pour contraindre les grévistes à la reprise. L’Europe des travailleurs n’est pas une vue de l’esprit…
MÊME À VERSAILLES. Les mobilisations sociales touchent de plus en plus de secteurs. À preuve, les visites du château de Versailles ont été perturbées, au début du week-end de Pâques, par une grève des employés travaillant à temps partiel. Ils exigent l’extension de leurs temps de travail et refusent un projet visant à confier la gestion des vestiaires à un prestataire extérieur.
* Paru dans Rouge n° 2245 du 27/03/2008.