Geert Wilders, un politicien populiste et d’extrême droite
En ce moment, le député indépendant Geert Wilders profite énormément de la mort du cinéaste Theo Van Gogh. Selon certains sondages son nouveau parti conservateur pourrait gagner près de 20% des voix, ce qui ferait du PVV la deuxième formation politique des Pays-Bas. Même si les résultats de ces sondages sont sujets à caution, il est clair que Wilders et ses opinions d’extrême droite sur les immigrés et les musulmans bénéficient de beaucoup de sympathie dans la société néerlandaise.
La carrière politique de Geert Wilders a commencé en 1990, quand il est devenu assistant parlementaire du Parti libéral conservateur (le VVD) au parlement et était chargé d’écrire les discours du chef du parti : Frits Bolkestein. En 1998, il a lui-même été élu député. Il s’est bientôt fait connaître pour ses plaidoyers en faveur d’une politique plus stricte en matière de Sécurité sociale pour les personnes incapables de travailler. Les gens ayant des problèmes psychologiques ne devraient pas, selon lui, bénéficier de la Sécurité sociale. Et cette mesure devrait également s’appliquer à tous ceux qui ont travaillé moins de 5 ans. Ses positions ont été qualifiées d’« antisociales » par de nombreux députés et par les syndicats. Mais Wilders a répondu qu’il « détestait fortement la Gauche ». Si la Gauche était au pouvoir, a-t-il déclaré, les cotisations de la Sécurité sociale augmenteraient et les « demandeurs d’asile seraient logés dans des palaces ».
Au cours de ces dernières années la renommée de Wilders a augmenté à cause de sa croisade contre l’islam. Il a, par exemple, affirmé : « Notre culture est en danger à cause de la présence de plus d’un million de musulmans dans notre pays. » En outre, au cours de l’été 2003, il a avoué qu’il n’était jamais entré dans une mosquée néerlandaise. Pour arrêter la progression de l’islam aux Pays-Bas « nous devrions appuyer fermement sur la pédale de frein quand il s’agit d’autoriser les étrangers à entrer en Hollande. Nous ne devrions pas avoir peur de fixer un maximum pour le nombre d’entrées des étrangers, les choisir en fonction de leur âge, et avoir des exigences plus strictes en ce qui concerne leurs revenus ». Wilders a aussi plaidé pour des mesures encore plus strictes en matière d’intégration. « Je veux que toute personne qui demande à devenir néerlandaise soit soumise à des tests beaucoup plus stricts qu’actuellement, qu’elle chante l’hymne national, la main sur le cœur et des larmes dans les yeux. » Wilders prend souvent pour cible ce qu’il appelle les « criminels marocains » : « S’ils ne veulent pas être de bons garçons, mettez-les dans des camps. Laissez-les goûter aux travaux forcés. »
Certains imams sont des « hommes des cavernes »
Dans un entretien (1) en février 2004 Wilders a affirmé que Pim Fortuyn avait raison quand il avait parlé de « la culture arriérée » des musulmans. « Pourquoi avons-nous peur de dire que les musulmans doivent s’adapter à nous, parce que nos normes et nos valeurs sont tout simplement d’un niveau de civilisation plus élevé, meilleur, plus tolerant et plus humain ? Non à l’intégration, vive l’assimilation ! S’ils le veulent, ils peuvent porter des foulards chez eux et abattre leurs moutons à la maison, mais à l’extérieur ils doivent se comporter comme tout le monde. » S’il devenait ministre, Wilders interdirait immédiatement le hijab. « Laissez-les venir et manifester à La Haye avec leurs foulards. Je vais les manger vivants. » Les imams, qui « lancent quasiment des appels à la guerre sainte devraient être immédiatement renvoyés dans leurs grottes en Arabie saoudite, ou ailleurs ». Wilders se dit prêt à justifier de futures émeutes raciales. « Si jamais des émeutes raciales se produisaient, ce que je ne souhaite pas, elles n’auraient pas automatiquement des résultats négatifs. »
Le 2 juillet 2005, conjointement avec son collègue député du VVD Jan Oplaat, Geert Wilders a présenté un manifeste en dix points. Avec ce document, les deux politiciens voulaient pousser leur parti encore plus à droite. Ils pensent que la Turquie ne doit jamais devenir membre de l’Union européenne parce qu’il s’agit d’un pays islamique. Ils veulent passer à la vitesse supérieure, en divisant par deux le montant de l’aide au tiers monde et en expulsant les imams radicaux, sans aucune procédure juridique. Ils ont en outre défendu le principe du « 3 strikes, you are out », selon lequel toute personne qui enfreint la loi à trois reprises est automatiquement condamnée à une peine d’emprisonnement à perpétuité, quel que soit le délit commis. Wilders et Oplaat veulent aussi enlever la nationalité néerlandaise aux personnes naturalisées qui ne s’intègrent pas assez vite, et les expulser.
La plupart des parlementaires du VVD n’ont pas apprécié ce manifeste. Ils estimaient qu’il était trop extrémiste, et n’acceptaient pas que Wilders s’oppose à la politique de leur parti, en particulier sur la question de l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne. En outre, un certain nombre de ses collègues étaient de plus en plus agacés par ses idées brutales, et ne voulaient plus travailler dans son ombre. L’affaire a fini par exploser et Wilders a quitté le parti le 2 septembre 2005. Il est devenu député indépendant. L’ancien chef du VVD Ed Nijpels n’a pas regretté le départ de Wilders. Selon lui, Wilders voulait « un parti d’extrême droite, comme celui de Janmaat ». Janmaat était le chef d’une formation parti d’extrême droite : le Centrum Democraten. « Gagner des voix ne donne pas le droit d’exprimer des positions abjectes. Ce plan en 10 points est d’extrême droite », a déclaré Nijpels, dont le parti, d’ailleurs, utilise souvent, lui aussi, des arguments très à droite pour attirer des électeurs.
La fermeture des frontières
Après son départ du VVD, Wilders a fait un autre pas vers la droite. Selon lui (2), les partis de droite « n’ont pas fait assez pour limiter l’immigration et stimuler l’intégration. Les mesures prises pour assurer la sécurité et lutter contre la criminalité sont également beaucoup trop molles ». Pour Wilders, on ne peut nier « que les Pays-Bas ont largement dépassé les limites de l’hospitalité pour les immigrés non occidentaux, en particulier ceux d’origine musulmane ». Les Pays-Bas affichent « plus que complet ». Il a donc plaidé pour « arrêter totalement, et pendant cinq ans, l’immigration des familles et la création de nouvelles familles pour les immigrés non occidentaux ». Il prône la « fixation d’un nombre maximum de demandes d’asile – quelques milliers – chaque année ». En outre, « les immigrants criminels devraient perdre leur carte de séjour après avoir accompli leurs peines d’emprisonnement et être ensuite expulsés ».
Le 4 novembre 2005, deux jours après la mort du cinéaste Theo van Gogh, Wilders a annoncé qu’il allait fonder un nouveau parti conservateur avec Bart Jan Spruyt, le directeur d’un think-tank conservateur : l’Edmund Burke Foundation (3). Spruyt a écrit un programme politique que Wilders a apprécié. Selon ce programme, les musulmans doivent être privés de certains droits constitutionnels comme celui de créer leurs propres écoles ou associations. Selon Wilders et Spruyt, l’islam est inconciliable avec la « culture néerlandaise » et l’« État de droit démocratique ». De plus en plus de femmes porteraient le hijab aux Pays-Bas, ce qui symboliserait leur rejet de l’Occident. L’Islam serait même « impérialiste » car « ses minarets dominent la ville de Rotterdam ». Pour arrêter « l’islamisation de la culture néerlandaise » , Spruyt veut stopper l’immigration. Tous les immigrés qui ne sont pas intégrés devraient quitter le pays. « Soit vous vous adaptez, soit vous partez d’ici », a-t-il déclaré. Il a également affirmé que les Pays-Bas s’« appauvrissaient » parce que le nombre de gens riches ne progressait plus. Par conséquent, son nouveau parti veut réduire les impôts et le montant du salaire minimum.
La coopération de Spruyt avec Wilders a provoqué une crise au sein de la Fondation Burke. Presque tous les membres du comité directeur l’ont quitté, notamment le sénateur fondamentaliste chrétien Van Middelkoop (du parti Christenunie), l’ancien parlementaire chrétien-démocrate Hillen (du CDA) et l’ancien Premier ministre Van Agt. Selon eux, la fondation ne devrait pas s’allier avec un parti politique. Van Agt, lui-même membre de la droite dure, considère les opinions de Wilders comme « réactionnaires, xénophobes et trop militantes ».
Racisme
En juillet 2004, l’ancien politicien Marcel van Dam avait également comparé Wilders avec Janmaat. Wilders s’est plaint de cette comparaison et du fait d’être « continuellement stigmatisé par l’intelligentsia de gauche ». Mais cela est dû à ses opinions d’extrême droite. A ses yeux, les immigrés, les musulmans et la gauche sont responsables de tous les problèmes du monde. Il cherche à créer des tensions entre les groupes sociaux et des discriminations fondées sur les origines et la religion en voulant empêcher les immigrants non-occidentaux et musulmans d’entrer aux Pays-Bas. Il ne s’agit pas seulement pour lui de critiquer le fondamentalisme musulman, mais d’attaquer l’islam dans son ensemble, et il est clair qu’il méprise tous les immigrés non occidentaux. Ces idées sont des idées d’extrême droite, qui le placent dans la même catégorie que Janmaat, Fini, Dewinter et Le Pen.
Les idées de Wilders peuvent compter sur beaucoup de sympathie au sein de la société néerlandaise. C’est remarquable, car les Pays-Bas subissent en ce moment le gouvernement le plus à droite depuis des années. Le pouvoir actuel opère des coupes rigoureuses dans le budget de la Sécurité sociale, et met en œuvre la politique la plus restrictive en matière d’immigration. En 2002, seulement 103 réfugiés ont obtenu une carte de séjour en tant que réfugiés politiques. Cela représentait seulement 0,55% des 18 667 demandeurs d’asile.
Au cours des 8 premiers mois de 2004, seules 6 300 demandes d’asile ont été acceptées, alors qu’en 2000 il y avait encore 43 895 candidats. Au niveau européen, les Pays-Bas sont très en avance en ce qui concerne les mesures d’expulsion des réfugiés et des immigrants, et les politiques destinées à les empêcher d’entrer sur le territoire néerlandais. Et depuis plusieurs années, nous voyons se déployer une agitation raciste contre les réfugiés et les immigrés dans les médias et au sein des différents partis politiques, au nom de la « liberté d’expression ». Si l’on en croit la popularité de Wilders, cela ne serait pas encore suffisant pour une large partie de la population.
Les autres candidats à la direction de l’extrême droite
D’autres personnalités veulent combler le « fossé » qui existerait entre la « droite » et la population : notamment le journaliste populaire Peter R. de Vries (…), le conseiller municipal Marco Pastors qui défend les idées de Pim Fortuyn, les anciens députés populistes d’extrême droite du LPF, le parti du Fortuyn, Joost Eerdmans et Hilbrand Nawijn, l’ancien directeur de Philips et investisseur de capitaux dans Internet Roel Pieper, (…) et l’ancien ministre du LPF Herman Heinsbroek. [Plusieurs d’entre eux songent à créer un nouveau parti.]
Wilders aura certainement beaucoup de mal à trouver des gens capables de travailler ensemble et désireux de figurer sur sa liste électorale. Peut-être le parti de Wilders finira-t-il de la même façon que la LPF. Le parti du Pim Fortuyn avait attiré toutes sortes de charlatans, de carriéristes et de crapules d’extrême droite, ils se sont tous combattu les uns les autres, jusqu’à ce que, un par un, ils finissent par quitter le parti. Le succès de Wilders dépend aussi du parti chrétien-démocrate (le CDA) et du parti conservateur libéral (le VVD), qui sont maintenant tous deux au gouvernement. Poussés par les sondages, ils pourraient décider de faire un pas de plus vers la droite afin d’attirer l’électorat de Wilders. Le VVD est bien capable d’opérer une telle manœuvre. À la fin de novembre 2005, le chef du parti Van Aartsen a demandé à Geert Wilders de revenir au VVD, alors qu’il le considérait comme « d’extrême droite » quelques mois plus tôt. Quoi qu’il en soit, dans un avenir proche Wilders va jouer un rôle important en poussant tous les partis vers la droite. Il appartient à la gauche et aux anti-fascistes de mettre un terme à cette evolution.
(Traduit de l’anglais par Y.C. pour la revue Ni patrie ni frontières)
Notes
1. « Ik lust ze rauw », Frans van Deijl. Dans HP/De Tijd, 6.2.2004.
2. « Burger wil geen immigratie, wel integratie », Geert Wilders. Dans De Volkskrant, 9.10.2004.
3. « Conservatieven willen verworvenheden vrouwenbeweging terugdraaien », Eric Krebbers et Inge van de Velde. Dans Fabel Archief.
* De Fabel van de illegaal n° 68, janvier/février 2005.
Qui est vraiment Geert Wilders ?
(hiver 2007)
Le 22 novembre 2006, pas moins de 579 490 personnes ont voté pour le Parti du peuple et de la liberté (PVV) de Geert Wilders. Avec ses 9 députés, le PVV est désormais le cinquième parti des Pays-Bas. La victoire de l’extrême droite est caractéristique du climat de durcissement de la droite néerlandaise qui est intervenu durant ces dernières années.
Pour être autorisé à prendre part aux élections, Geert Wilders et le le PVV ont dû recueillir des signatures de soutien dans toutes les circonscriptions. Selon le groupe de recherche antifasciste Kafka parmi les signataires on trouve plus de 25 personnalités du Parti du centre, des Démocrates du centre, de CP 86, du Bloc néerlandais, de la Nouvelle Droite et des Chrétiens-démocrates, qu’il s’agisse de militants ou d’élus. Parmi ceux qui ont signé pour le PVV, il y a aussi deux personnes condamnées pour avoir proféré des menaces, l’un contre un juge, l’autre contre le président d’une association de réfugiés. Cela est étonnant pour un parti qui n’arrête pas de se plaindre de recevoir… des menaces. Le premier individu a menacé un juge qui avait prononcé une sentence qu’il jugeait trop clémente. Pour cela, il a été condamné à un mois de prison avec sursis et à une amende de 900 euros. Le second, un militant d’extrême droite, a été condamné à une amende de 220 euros pour avoir menacé de mort en 2005 le directeur d’une organisation de réfugiés : « Il est vraiment temps que tu reçoives une balle dans la nuque », lui avait-il écrit.
Un parti d’extrême droite
Le PVV veut réduire les impôts, ce qui profiterait surtout aux riches et aux entreprises les plus prospères. Si l’on appliquait son programme, il faudrait licencier un tiers des fonctionnaires, soit pas moins de 330 000 personnes. En ce qui concerne les immigrés et les réfugiés le PVV est un parti d’extrême droite dont le point de vue ressemble à celui des Démocrates du centre. Il veut enlever leur nationalité néerlandaise aux « terroristes marocains qui peuplent les rues » et ont la double nationalité et bien sûr les expulser. Afin de promouvoir le nationalisme, le PVV considère qu’il faut réhabiliter l’histoire et l’identité néerlandaises. Selon Geert Wilders, il faut supprimer l’article n° 1 de la Constitution des Pays-Bas qui défend le principe d’égalité entre tous et interdit les discriminations. Il veut le remplacer par une phrase affirmant que « les normes et les valeurs de la société néerlandaise sont fondées sur la tradition judéo-chrétienne et humaniste ». De plus, le PVV désire imposer un moratoire de 5 ans contre la création de nouvelles écoles islamiques et contre l’immigration des travailleurs « non occidentaux ».
Pendant la dernière campagne législative, Wilders a prononcé plusieurs déclarations choquantes et discriminatoires. Il a affirmé que « la culture néerlandaise est mille fois meilleure que l’islam » et qu’il existe un lien « absolu » entre l’islam et la criminalité. Selon lui, les Pays-Bas sont sur le point d’être victimes du « tsunami de l’islamisation ». Il veut aussi interdire la construction de nouvelles mosquées. « Nous avons trop de mosquées, elles me rendent fou », a-t-il affirmé.
Wilders dresse les gens les uns contre les autres et veut créer des discriminations fondées sur la religion. Il souhaite interdire l’entrée des Pays-Bas à tous les non-Occidentaux et aux musulmans. Il ne se contente pas de critiquer l’intégrisme, il prône la lutte contre tous les musulmans et exprime son aversion contre tous les « étrangers non occidentaux ». Ses idées sont tout simplement des idées d’extrême droite (…).
Le soutien du Vlaams Belang
Le lendemain des élections, le dirigeant du Vlaams Belang, Franck Vanhecke, a félicité Geert Wilders pour sa victoire électorale. « Ses positions claires et courageuses ont été approuvées par les électeurs néerlandais », a déclaré l’extrémiste de droite flamand. (…) De nombreuses déclarations de Wilders sont tout aussi radicales que celles du parti ultraréactionnaire flamand. Le Vlaams Belang observe d’ailleurs avec envie comment Wilders réussit à tenir des propos d’extrême droite et racistes sans pour autant être poursuivi par la justice. En fait, le PVV espère gagner de l’espace politique afin de pouvoir ensuite soutenir des mesures encore plus répressives et de tenir des propos encore plus réactionnaires.
Il existe certaines différences entre les idées de Wilders et celles du Vlaams Belang. Le parti flamand provient d’une tradition fasciste, ce qui n’est pas le cas du PVV. Il faut cependant souligner que de nombreuses personnes de l’extrême droite traditionnelle néerlandaise ont soutenu Geert Wilders et l’ont aidé à collecter des signatures pour les élections législatives. (…) Et ce n’est pas un hasard si plusieurs forums d’extrême droite comme Holland-Hardcore et Stormfront Nederland se sont réjouis de la victoire de Wilders, même si de nombreux nazis néerlandais n’apprécient pas ses positions pro-israéliennes.
Un programme néolibéral
De nombreux électeurs des quartiers ouvriers les plus pauvres ont voté pour Wilders. Cette popularité est liée surtout à ses propos racistes et au fait qu’il désigne les musulmans et les étrangers comme des boucs émissaires. En réalité Wilders défend les conceptions économiques de la droite néolibérale, et il n’a que la misère à offrir aux travailleurs. Il est inquiétant que tant de Néerlandais votent pour Wilders, alors que les Pays-Bas subissent depuis 2002 un gouvernement qui a opéré des coupes rigoureuses dans le budget de l’Etat-providence et adopté des mesures plus restrictives contre les réfugiés et les immigrés. (...).
(Traduction-adaptation réalisée à l’aide de deux logiciels de traduction automatique.)
* Sur Théo Van Gogh on lira aussi plusieurs articles dans le numéro 11-12 de Ni patrie ni frontières dont celui-ci