La mort des deux adolescents électrocutés à Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), Zyad et Bouna, a été l’étincelle de la révolte d’une jeunesse des cités laissée sans avenir. Les deux jeunes habitaient la cité du Chêne pointu. Dans cette cité, en septembre 2004, les pouvoirs publics organisaient la fermeture du dernier service public subsistant : le centre médico-psychologique (CMP), qui assurait, depuis 30 ans, les soins pédopsychiatriques pour les enfants et les adolescents de Clichy et Montfermeil.
En cause, le caprice d’un médecin-chef, qui décidait de quitter la cité pour des raisons de standing (les locaux étaient vétustes) et pour éclater l’équipe soignante trop autonome à son goût. La prise en charge des enfants étant éparpillée sur les CMP du Raincy, Villemomble et Gagny. Les personnels du centre, la population du Chêne pointu et les salariés de l’hôpital Ville-Évrard (dont dépendait le centre) ont bataillé plusieurs mois durant, avec l’intersyndicale SUD, CGT et CFDT, pour empêcher cette fermeture, « puisqu’elle entraînerait un arrêt du suivi soignant pour de nombreux enfants et adolescents. La précarité sociale des familles rendant très compliquée la poursuite de prises en charge soutenues ».
Mais le directeur et le conseil d’administration de l’hôpital (présidé par un conseiller général socialiste) tranchèrent en faveur du médecin-chef. Le maire de Clichy et le responsable départemental des affaires sanitaires et sociales, opposés initialement à la fermeture, finirent par s’y rallier. Le directeur de l’hôpital sortait alors de son chapeau la promesse de réouverture d’un nouveau CMP à proximité du Chêne pointu, dans des locaux flambant neufs, avant l’été 2005... Les travaux n’ont toujours pas commencé.
Le bilan de ce retrait du service public est sans appel. Sur les 130 enfants et adolescents suivis avant la fermeture, 60 manquaient à l’appel six mois plus tard ! Quant aux 80 enfants placés sur liste d’attente, ils se sont « évanouis » dans la nature. Qui sème la misère...