Dès que Nicolas Sarkozy a annoncé, le 3 juillet, la construction en France d’un deuxième EPR (réacteur préssurisé européen), les mouvements antinucléaires ont réactivé leur campagne de protestation contre cette énergie.
Le réseau Sortir du nucléaire, qui s’oppose déjà à Flamanville 3, la tête de série du réacteur de troisième génération en construction dans la Manche, a appelé à une manifestation, le 12 juillet, à Paris. Les ONG écologistes accusent le président de la République de renier le Grenelle de l’environnement - même si le nucléaire en avait été exclu dès le début.
« Le nucléaire est plus que jamais une énergie indispensable », a jugé M. Sarkozy. Tout plaide, selon lui, en sa faveur : la lutte contre le réchauffement climatique, puisqu’un EPR émet peu de CO2 ; une sécurité d’approvisionnement renforcée par rapport au pétrole, l’uranium étant exploité dans des régions politiquement plus sûres que les pays pétroliers ; une électricité « 30 % à 50 % moins chère » que celle qui sort des autres centrales ; le savoir-faire des groupes français (EDF, Areva, Alstom, Suez...), bien armés à la veille de la renaissance du nucléaire.
Jean-Louis Borloo y a ajouté une autre raison. « Si demain les voitures sont presque toutes électriques, il va bien falloir produire de l’électricité, et on ne va pas le faire avec des centrales au charbon qui aggravent l’effet de serre », a analysé le ministre de l’écologie.
Les écologistes, le syndicat SUD et la Ligue communiste révolutionnaire ne trouvent aucun avantage à l’EPR. Il est trop coûteux (environ 3 milliards d’euros pièce) et en contradiction avec le Grenelle de l’environnement, qui a donné la priorité aux économies d’énergie et aux renouvelables. De plus, son combustible (MOX) est plus radioactif. Directeur des campagnes de Greenpeace France, Yannick Jadot ajoute que le gouvernement agit « en dehors de toute rationalité », puisque le système nucléaire est « en surcapacité ».
MISE EN SERVICE : 2017
EDF exporte environ 10 % de sa production. Mais certains jugent qu’en renforçant son outil de production il peut augmenter cette part. Pour d’autres, y compris des défenseurs du nucléaire, EDF ferait mieux d’améliorer en priorité le taux de disponibilité de ses 58 réacteurs (80 %), inférieur à celui de certains de ses concurrents européens. En outre, ses dirigeants reconnaissent eux-mêmes que la France a davantage besoin de centrales au gaz, plus efficaces pour répondre aux pics de consommation.
Le début de la construction de l’EPR, conçu par Areva et l’allemand Siemens, interviendrait en 2011, pour une mise en service en 2017. Des groupes d’électricité ont déjà montré de l’intérêt, comme EDF, Poweo et Suez, prêt à s’allier à des partenaires pour l’exploiter. La compétition s’annonce sévère entre les deux géants français, EDF et GDF Suez.